Un autre livre sur les "attaques", signé d'un des vaticanistes de la RAI, Aldo Maria Valli (10/9/2010)

Le Pape, en ce moment, est en train de devenir, au moins en Italie, un phénomène éditorial.
Après l'important livre du tandem Tornielli-Rodari "Attacco a Ratzinger", c'est le tour d'un essai d'Aldo Maria Valli, vaticaniste de la RAI (les gens qui peuvent capter cette chaîne peuvent le voir régulièrement commenter les grands évènements, avec justesse et professionalisme) La verità del papa. Perché lo attaccano, perché va ascoltato (la vérité du Pape. Pourquoi ils l'attaquent, pourquoi il faut l'écouter).
J'aime bien Aldo Maria Valli depuis que j'ai lu sous sa plume un article où il avouait qu'au début, catholique de tendance libérale (encore que... lire ici; Gravoria delicta) il n'avait pas de sympathie pariculière pour "Ratzinger" - lors du conclave, il "supportait" le cardinal du Honduras, Oscar Andres Rodriguez Maradiaga, et l'élection de Benoît XVI, avait été une déception. Et puis, petit à petit, il avait appris à l'apprécier, et à reconnaître ses grandes qualités. Peu suspect d'être un papolâtre, donc, mais bon exemple de ce que l'absence de préjugés peut être un enrichissement, et son témoignage n'en est que plus précieux.
D'après cette recension, parue sur le site quotidien d'information Europa, et sur laquelle j'émet certaines réserves (encore que l'allusion aux "barbares" me rassure un peu), Valli semble écarter le caractère prééminent d'attaques internes à l'Eglise et se rapprocher de l'hypothèse d'un "complot" extérieur, même si le mot ne peut pas être utilisé.

Article ici: http://www.europaquotidiano.it/...
Ma traduction.

Le Pape au temps des barbares
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Le noviciat le Pape Benoît XVI semble durer éternellement , et le livre d'Aldo Maria Valli tente de faire le point sur le chemin parcouru à ce jour: La vérité du Pape. Pourquoi ils l'attaquent, pourquoi il faut l'écouter. Valli part de l'affaire de pédophilie , pour ensuite revenir en arrière à travers les crises les plus graves de son pontificat : du discours sur l'islam à Ratisbonne en Septembre 2006 jusqu'aux attaques de la presse internationale au printemps 2010 au sujet de sa responsabilité présumée dans le traitement des dossiers de certains cas de prêtres pédophiles . Face aux attaques subies par le Pape, Valli souligne la pars costruens (ndt côté positif d'une argumentation, par opposition à la pars destruens; en.wikipedia.org/.. ) du Pontificat , qui a fait de l'analyse théologique scrupuleuse (discours du 22 Décembre 2005 relatif à l'interprétation de Vatican II) , mais aussi du langage pastoral (audiences consacrées aux catéchèses des Pères de l'Église , encycliques sur espérance et charité, voyages dans des terres difficiles, comme les visites aux États-Unis , en Australie et à Malte ...?) sa marque .
L'image générale qui émerge de l'analyse de Valli (consciemment et ouvertement non neutre ) est celle d'un Pape sous attaque, non pas tant de l'intérieur que de l'extérieur : pas un complot , mais des forces culturelles et politiques réfractaires au message chrétien porté par le Pape .
Valli élude savamment quand il aborde la question de l'héritage de Jean-Paul II et de la sous-estimation par l'entourage du nouveau Pape des crises au devant desquelles allait un système comme l'Église catholique , après 27 ans de gouvernement inadéquat du pontificat Wojtyla: c'est pourtant l'un des points de première importance pour la compréhension de l'Eglise de Benoît XVI .
Valli parle ouvertement d'un Ratzinger "dans la ligne de mire" , d'une "agression" contre le Pape utilisé comme un bouc émissaire; mais une autre des questions soulevées par le livre (avant le prochain conclave) est de savoir quel degré d'impopularité personnelle (celle du théologien Ratzinger ou d'un prochain candidat ) peut être tolérée d'une institution, la papauté romaine , qui est déjà en soi institutionnellement impopulaire, si elle veut naviguer, comme elle le doit , parmi des courants culturels adverses et contre le compromis avec l'esprit du temps . La réputation du théologien Joseph Ratzinger était évidente à l'intérieur et l'extérieur de l'église , dès les années soixante-dix; il ne serait jamais devenu évêque, ni Pape, s'il avait été élu évêque par le clergé et le peuple comme cela se pratiquait dans le premier millénaire . Chaque âge a ses barbares , mais ceux d'aujourd'hui ont le droit de vote dans l'Agora globale dont fait aussi partie l'Eglise.