Celui de Robert Barr, de l'agence Associated Press, relayé par P. de Plunkett: Les catholiques anglais, entêtés, ont traversé trois siècles d'hostilité. (12/9/2010)

On aimerait voir plus souvent autant de recherche, et même d'érudition, de la part des medias.
Le fait mérite vraiment d'être salué.



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Le pape Benoît XVI se rend la semaine prochaine en Angleterre où, de la Réforme au XIXe siècle, les catholiques ont été mis au ban de la société. Malgré les persécutions, des familles, nobles ou ordinaires, ont refusé de renier leur foi.

C'est le cas par exemple des Stonor, dont le manoir - à 65km à l'ouest de Londres - abrite l'une des rares chapelles qui a traversé toutes les vicissitudes qui ont suivi la rupture entre le roi Henry VIII et Rome. "Nous sommes juste têtus", plaisante Ralph Thomas Campion Stonor, septième Lord Camoys, un titre de noblesse donné à son aïeul qui s'était illustré à la bataille d'Agincourt en 1415.
La famille a donné refuge au prêtre jésuite Edmond Campion, un martyr du règne d'Elizabeth I canonisé en 1970. Après son arrestation en 1581, la presse d'imprimerie du prêtre a été découverte dans le manoir, conduisant à l'arrestation de Dame Cecily Stonor et de son fils John. La noble femme a refusé d'abjurer sa foi catholique, expliquant qu'elle ne trouvait "dans ses enseignements que grande vertu et sainteté". "Et donc, par la grâce de Dieu, je vivrai et mourrai dans cette foi", déclarait-elle.
Les Stonor, qui possédaient 24 hectares et 22 manoirs au XIVe siècle, ont vu leur richesse diminuer au fil des confiscations de terres et des lourdes amendes qui leur étaient imposées. Cependant, ils pouvaient continuer à vivre confortablement. Ils étaient considérés comme des réfractaires respectables -réfractaires car ils n'assistaient pas à la messe anglicane, et respectables parce qu'ils ne complotaient pas contre la monarchie.
Même pendant le règne d'Elizabeth I, il était possible d'être ouvertement catholique et de jouir de faveurs royales. L'un des exemples les plus notables est celui du musicien William Byrd, qui composait pour la chapelle royale mais aussi pour la messe catholique.
Tous les règnes, de celui d'Elizabeth I à George II, ont connu leur lot de lois anticatholiques. Parmi les divers textes qui ont suivi la Réforme, l'un interdisait aux catholiques d'entrer à Londres, un autre de s'éloigner de plus de 10 miles (16km) de leur domicile, un autre encore de posséder des chevaux d'une valeur dépassant les 10 livres sterling.
Certaines initiatives papales n'ont pas arrangé les choses. Pie V a excommunié Elizabeth I, appelant dans une bulle de 1570 à la déposer. Sixte V a soutenu l'Invicible Armada, promettant une aide financière à l'invasion qui devait s'ensuivre -et qui ne s'est jamais produite puisque la marine anglaise a vaincu la flotte espagnole en 1588.

Certains catholiques ont payé de leur vie leur soutien au clergé de Rome. En 1586, Marguerite Clitherow, la femme d'un boucher de York, a été écrasée à mort pour avoir caché des prêtres chez elle. Elle a été canonisée par Paul VI, également en 1970.

Au fil des ans, leurs droits civiques ont été rendus aux catholiques. En 1791, ils ont été de nouveau autorisés à célébrer la messe. En 1832, ils ont pu obtenu le droit de vote. Dans les années 1870, ils ont pu intégrer les prestigieuses universités d'Oxford et de Cambridge.

L'Eglise catholique d'Angleterre a grandi rapidement avec l'arrivée de nombreux immigrés irlandais. Plus récemment, elle est devenue encore plus diverse. L'archevêque Vincent Nichols affirme connaître des paroisses où les fidèles parlent plus de 100 langues.
De temps à autres cependant, les anciennes crispations refont surface. Ainsi, Tony Blair a attendu de ne plus être Premier ministre pour se convertir au catholicisme.
Lors de sa tournée en Grande-Bretagne, du 16 au 19 septembre, le pape Benoît XVI visitera Westminster Hall, où le catholique Thomas More a été jugé et condamné pour trahison en 1535. Ayant refusé l'autorité religieuse que le roi Henry VIII s'était octroyée, il est devenu l'un des premiers martyrs de l'Eglise catholique d'Angleterre.

Benoît XVI béatifiera le dimanche 19 septembre le cardinal John Henry Newman (1801-1890), un prêtre anglican converti au catholicisme, et théologien dont l'influence a été importante.