dans ses discours et homélies des deux premiers jours (18/9/2010)

Photo issue du site de mon amie italienne Gloria, qui a rassemblé de véritables trésors! (Benedetto XVI forum)

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Devant la navrante nullité des grands medias d'information - dont il faudra bien reparler, à l'issue du voyage, tant la couverture a été aussi scandaleusement partiale que partielle (malgré le devoir d'informer, et le quasi monopole de formation de l'opinion dont les grandes chaînes de télélévision et stations de radio disposent) - la "blogosphère catholique, en France, en Italie, en Grande Bretagne, et sans doute ailleurs, fait un travail formidable de réinformation.
Et il faut rendre hommage au site du Saint-Siège, qui nous donne l'accès aux textes, dans les principales langues, dont le français, en temps réel.

J'ai imprimé les premiers textes du Saint-Père pour les lire plus facilement (http://www.vatican.va/holy_father/...regno-unito_fr.htm ).
En extraire des phrases, c'est à peine possible, et de toute façon, réducteur.
Mais si c'est pour trouver un fil directeur dans son discours, surtout s'il est tellement "évident", on peut tenter de le faire. Un fil rouge court en effet derrière chacune de ses interventions. ce sont ses thèmes de prédilection: dictature du relativisme, réaffirmation de nos racines chrétiennes , place du christianisme au sein du débat public, risque couru à éliminer Dieu de notre société, foi et raison.

Forcément, cela ne peut pas tenir en quelques lignes. Il faut prendre du temps pour lire, et pour comprendre. C'est sans doute ce que les medias appelleront les fautes de communication du Vatican!
Eux, ils préfèrent ÇA !!! (actualités Google, samedi 18/9, 15h30)

 


Discours devant la Reine: les racines chrétiennes de la Grande-Bretagne ... et de l'Europe. Prenez garde à un monde sans Dieu.
(Source)
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Le nom de Holyroodhouse, résidence officielle de Votre Majesté en Écosse, rappelle la ‘Sainte Croix’ et indique les profondes racines chrétiennes qui restent présentes dans toutes les strates de la vie britannique.
Le message chrétien est ainsi devenu partie intégrante de la langue, de la pensée et de la culture des populations de ces îles depuis plus de mille ans. Le respect de vos ancêtres pour la vérité et la justice, pour la miséricorde et la charité qui vous a été transmis vient d’une foi qui reste une force puissante pour le bien dans Votre royaume, au grand bénéfice des chrétiens comme des non-chrétiens.
Même dans notre propre vie, nous pouvons nous rappeler combien la Grande-Bretagne et ses dirigeants ont combattu la tyrannie nazie qui cherchait à éliminer Dieu de la société, et qui niait notre commune humanité avec beaucoup jugés indignes de vivre, en particulier les Juifs. (..) En réfléchissant sur les leçons dramatiques de l’extrémisme athée du XXème siècle, n’oublions jamais combien exclure Dieu, la religion et la vertu de la vie publique, conduit en fin de compte à une vision tronquée de l’homme et de la société, et ainsi à « une vision réductrice de la personne et de sa destinée »
Votre Gouvernement et votre peuple ont forgé des idées qui ont encore un impact bien au-delà des Îles britanniques. Cela leur confère le devoir particulier d’agir avec sagesse en vue du bien commun. De même, parce que leurs opinions atteignent une audience aussi large, les médias britanniques ont une responsabilité plus lourde que la plupart des autres médias, et une plus grande opportunité pour promouvoir la paix entre les nations, le développement intégral des pays et la propagation d’authentiques droits de l’homme. Puissent tous les Britanniques continuer d’être animés par ces valeurs d’honnêteté, de respect et d’impartialité qui leur ont mérité l’estime et l’admiration de beaucoup !
Aujourd’hui, le Royaume-Uni s’efforce d’être une société moderne et multiculturelle. Dans ce noble défi puisse-t-il garder toujours son respect pour les valeurs traditionnelles et les expressions de la culture que des formes plus agressives de sécularisme n’estiment ni ne tolèrent même plus ! Qu’il n’enfouisse pas les fondements chrétiens qui sous-tendent ses libertés.

 


Messe à Bellahouston Park - Glasgow: La dictature du relativisme; Appel aux jeunes: ne cédez pas aux tentations faciles
(Source)
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L’évangélisation de la culture est d’autant plus importante de nos jours, alors qu’une “dictature du relativisme” menace d’obscurcir l’immuable vérité sur la nature humaine, sa destinée et son bien suprême. Certains cherchent aujourd’hui à exclure la croyance religieuse du discours public, à la limiter à la sphère privée ou même à la dépeindre comme une menace pour l’égalité et pour la liberté. Pourtant, la religion est en fait une garantie de liberté et de respect authentiques, car elle nous conduit à considérer chaque personne comme un frère ou une sœur. Pour cette raison, je lance un appel particulier à vous les fidèles laïcs, en accord avec votre vocation et votre mission baptismales, à être non seulement des exemples de foi dans la vie publique, mais aussi à introduire et à promouvoir dans le débat public l’argument d’une sagesse et d’une vision de foi. La société d’aujourd’hui a besoin de voix claires qui prônent notre droit de vivre, non pas dans une jungle de libertés autodestructrices et arbitraires, mais dans une société qui travaille pour le vrai bien-être de ses citoyens et qui, face à leurs fragilités et leurs faiblesses, leur offre conseils et protection. N’ayez pas peur de prendre en main ce service de vos frères et sœurs pour l’avenir de votre nation bien-aimée.

Je désire enfin m’adresser à vous, chers jeunes catholiques d’Écosse. Je vous invite à mener une vie digne de notre Seigneur et de vous-mêmes. Chaque jour, vous êtres soumis à de nombreuses tentations – drogue, argent, sexe, pornographie, alcool – dont le monde prétend qu’elles vous donnent le bonheur. Mais ces choses détruisent et divisent. Il n’y a qu’une seule chose qui soit durable : l’amour de Jésus Christ pour chacun de vous personnellement. Cherchez-le, connaissez-le et aimez-le, et il vous rendra libres de l’esclavage d’une existence attrayante mais superficielle, souvent proposée par la sociéiété d’aujourd’hui. Laissez de côté ce qui ne vaut rien et apprenez votre propre dignité de fils de Dieu.

 


Aux enseignants catholiques, et aux élèves: L'esprit catholique doit imprégner tous les aspects de la vie scolaire. Former la personne dans son intégralité, et ne pas se limiter à l'aspect technique
(Source)
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Comme vous le savez, le travail d’un professeur ne consiste pas seulement à transmettre des informations ou à enseigner des compétences pour procurer un profit économique à la société ; l’éducation n’est pas et ne doit jamais être considérée selon une optique purement utilitaire. Il s’agit de former la personne humaine, en lui donnant le bagage nécessaire pour vivre pleinement sa vie – en bref –, il s’agit de transmettre la sagesse. Et la vraie sagesse est inséparable de la connaissance du Créateur, car « nous sommes en effet dans sa main, et nous et nos paroles, et toute intelligence et tout savoir pratique »
Cette dimension transcendante des études et de l’enseignement a été clairement saisie par les moines qui contribuèrent beaucoup à l’évangélisation de ces îles. Je pense aux bénédictins qui ont accompagné saint Augustin dans sa mission en Angleterre, aux disciples de saint Colomba qui ont diffusé la foi en Ecosse et dans le nord de l’Angleterre, à saint David et ses compagnons au Pays de Galles. Puisque la recherche de Dieu, qui est au cœur de la vocation monastique, requiert un engagement actif selon les moyens par lesquels il se fait connaître lui-même : sa création et sa parole révélée, il était tout naturel que le monastère ait une bibliothèque et une école (cf. Discours au monde de la culture, Collège des Bernardins, Paris, 12 septembre 2008). En se consacrant à l’étude comme chemin pour rencontrer le Verbe incarné de Dieu, les moines ont contribué à poser les fondements de notre culture et de notre civilisation occidentale.

Comme les rôles respectifs de l’Église et de l’État dans le domaine de l’éducation continuent d’évoluer, n’oubliez jamais que les religieux ont une contribution unique à donner à cet apostolat, par-dessus tout à cause de leurs vies consacrées à Dieu et du témoignage de fidélité et d’amour qu’ils rendent au Christ, le Maître suprême.

La présence de religieux dans les écoles catholiques est vraiment un puissant rappel de l’esprit catholique, souvent remis en cause, qui doit imprégner tous les aspects de la vie scolaire. Cela s’étend bien au-delà d’un enseignement dont le contenu devrait toujours être conforme à la doctrine de l’Église, exigence qui va de soi. Cela veut dire que la vie de foi doit être la force motrice qui sous-tend toute activité dans l’école, pour que la mission de l’Église puisse être accomplie avec efficacité, et que les jeunes puissent découvrir la joie d’appartenir à « l’être pour tous » du Christ (Spe Salvi, 28).

 


Aux jeunes: à qui aimeriez-vous ressembler? Ne vous laissez pas abuser par la culture de la célébrité. Visez la sainteté. Une bonne école vise à la formation complète de la personne.
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Il n’arrive pas souvent qu’un Pape, ou même une autre personne, ait la possibilité de parler à des étudiants de toutes les écoles catholiques d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Écosse à la fois. Et puisque j’ai cette chance en ce moment, j’aimerais beaucoup vous dire une chose. J’espère que parmi ceux d’entre vous qui m’écoutent aujourd’hui, se trouvent des futurs saints du vingt-et-unième siècle. Ce que Dieu veut plus que tout pour chacun de vous c’est que vous deveniez des saints. Il vous aime beaucoup plus que vous ne pourrez jamais l’imaginer, et il veut ce qu’il y a de meilleur pour vous. Et de loin, la meilleure chose pour vous c’est de grandir en sainteté.
Il se peut que certains d’entre vous n’aient jamais pensé à cela auparavant. Il se peut que certains d’entre vous pensent qu’être un saint ce n’est pas pour eux. Permettez-moi vous expliquer ce que je veux dire. Quand nous sommes jeunes, nous pensons facilement aux personnes que nous respectons, aux personnes que nous admirons, aux personnes à qui nous voulons ressembler. Ce peut être quelqu’un que nous rencontrons dans notre vie de tous les jours et que nous tenons en grande estime. Ou cela pourrait être quelqu’un de connu. Nous vivons dans une culture de la célébrité, et les jeunes sont souvent encouragés à se modeler sur des personnalités du monde du sport ou du spectacle. La question que je vous pose est celle-ci : quelles sont les qualités que vous percevez dans d’autres personnes et que vous souhaiteriez beaucoup avoir vous-mêmes ? Quel type de personne aimeriez-vous être réellement ?
Quand je vous invite à devenir des saints, je vous demande de ne pas vous contenter de la seconde place. Je vous demande de ne pas poursuivre un but limité en ignorant tous les autres. L’argent permet d’être généreux et de faire du bien dans le monde, mais à lui seul, il ne suffit pas à nous rendre heureux. La haute qualification dans l’activité professionnelle est une bonne chose, mais elle ne nous satisfait pas si nous n’avons pas en vue quelque chose de bien plus grand. Elle peut nous rendre célèbre, mais elle ne nous rendra pas heureux. Le bonheur est quelque chose que nous voulons tous, mais un des grands drames de ce monde est que tant de personnes ne le trouvent jamais, parce qu’elles le cherchent là où il n’est pas. La clef du bonheur est très simple – le vrai bonheur se trouve en Dieu.
Dans vos écoles catholiques, il y a toujours un cadre plus grand qui dépasse les matières que vous étudiez, les différentes compétences que vous apprenez. (... rappelez-vous toujours que chaque matière que vous étudiez fait partie d’un plus grand dessein. Ne vous enfermez jamais dans des limites étroites. Le monde a besoin de bons chercheurs, mais une perspective scientifique devient dangereusement étroite si elle ignore la dimension religieuse et éthique de la vie, tout comme la religion devient étriquée si elle rejette la légitime contribution de la science pour notre compréhension du monde. Nous avons besoin de bons historiens, philosophes, économistes, mais si la compréhension de la vie humaine à travers leur domaine particulier est trop étroitement polarisé, ils peuvent nous amener à nous égarer gravement.

Une bonne école pourvoit à une éducation complète de la personne tout entière. Et une bonne école catholique, en plus de cela, devrait aider tous ses élèves à devenir des saints. Je sais qu’il y a de nombreux étudiants non-catholiques dans les écoles catholiques en Grande-Bretagne, et je souhaite les inclure tous dans mes paroles aujourd’hui.

 

Aux représentants cléricaux et laïcs d'autres religions :
Respect mutuel et réciprocité. Union sacrée des religions, pour la défense de la création, et le respect de la vie humaine dans toutes ses étapes
(Source)
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Depuis le Concile Vatican II, l’Église catholique a souligné de façon particulière l’importance du dialogue et de la coopération avec les membres des autres religions. Afin d’être fécond, ce dialogue exige une réciprocité de la part de tous les partenaires du dialogue et des membres des autres religions. Je pense en particulier à des situations existant dans certaines parties du monde où la coopération et le dialogue entre les religions exigent le respect mutuel, la liberté de pratiquer sa propre religion et de prendre part à des actes de culte publics, ainsi que la liberté de suivre sa propre conscience sans subir l’ostracisme ou la persécution, même si l’on s’est converti d’une religion à une autre. Une fois ce respect et cette ouverture établis, les personnes de toutes les religions travailleront efficacement ensemble pour la paix et la compréhension mutuelle, et porteront ainsi un témoignage convainquant face au monde.

Ce type de dialogue a besoin d’être instauré à différents niveaux, et ne doit pas se limiter à des discussions formelles. Le dialogue de la vie nécessite que l’on vive simplement les uns à côté des autres et que l’on apprenne ainsi les uns des autres à grandir dans la connaissance et le respect mutuels. Le dialogue de l’action nous rapproche dans des formes concrètes de collaboration, lorsque nos intuitions religieuses inspirent nos efforts en faveur du développement humain intégral, de la paix, de la justice et d’une gestion responsable de la création. Un tel dialogue peut impliquer d’explorer ensemble les moyens de défendre la vie humaine à toutes ses étapes et d’assurer la non-exclusion de la dimension religieuse des individus et communautés dans la vie de la société.

 


Aux anglicans: L'oecuménisme ne peut pas se faire au détriment de la vérité chrétienne.
(Source)

(...) nous chrétiens, nous ne devons jamais hésiter à proclamer notre foi dans l’unique salut qui nous vient du Christ, et à rechercher ensemble à avoir une perception plus profonde des moyens qu’il a mis à notre disposition pour accéder à ce salut. Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2,4), et cette vérité n’est pas autre chose que Jésus Christ, le Fils éternel du Père, qui a tout réconcilié en lui par la puissance de sa Croix. Pour être fidèles à la volonté du Seigneur, telle qu’elle est exprimée dans ce passage de la première Lettre de saint Paul à Timothée, nous reconnaissons que l’Église est appelée à être compréhensive, jamais toutefois au détriment de la vérité chrétienne. D’où le dilemme auquel sont confrontés tous ceux qui sont engagés de manière authentique sur les chemins de l’œcuménisme.

 

A la société civile: plaidoyer en faveur du rôle de l'Eglise dans la vie publique
(Source)
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On ne peut pas vraiment "extraire" un passage, tant l'ensemble du texte est magistral.
Mais si on le comprend pour un plaidoyer en faveur du rôle de l'Eglise dans la vie publique de nos sociétés sécularisées, on peut retenir ce paragraphe:

La religion (..) n’est pas un problème que les législateurs doivent résoudre, mais elle est une contribution vitale au dialogue national. Dans cette optique, je ne puis que manifester ma préoccupation devant la croissante marginalisation de la religion, particulièrement du christianisme, qui s’installe dans certains domaines, même dans des nations qui mettent si fortement l’accent sur la tolérance. Certains militent pour que la voix de la religion soit étouffée, ou tout au moins reléguée à la seule sphère privée. D’autres soutiennent que la célébration publique de certaines fêtes, comme Noël, devrait être découragée, en arguant de manière peu défendable que cela pourrait offenser de quelque manière ceux qui professent une autre religion ou qui n’en ont pas. Et d’autres encore soutiennent – paradoxalement en vue d’éliminer les discriminations – que les chrétiens qui ont des fonctions publiques devraient être obligés en certains cas d’agir contre leur conscience. Ce sont là des signes inquiétants de l’incapacité d’apprécier non seulement les droits des croyants à la liberté de conscience et de religion, mais aussi le rôle légitime de la religion dans la vie publique. Je voudrais donc vous inviter tous, dans vos domaines d’influence respectifs, à chercher les moyens de promouvoir et d’encourager le dialogue entre foi et raison à tous les niveaux de la vie nationale.