Je suis assez enthousiasmée - une fois n'est pas coutume - par le commentaire de Frédéric Mounnier, de la Croix, sur son blog personnel... (20/9/2010)


Il était l'envoyé spécial de La Croix, en Grande-Bretagne, à la suite du Pape, et il me semble avoir peu écrit, durant ces 4 jours. C'était sans doute pour mieux réfléchir, et sa réflexion est très belle.

Vittorio Messori a déjà émis à plusieurs reprises l'idée que Benoît XVI n'est pas un pape moderne, mais post-moderne (ici). Frédéric Mounnier, lui, pose seulement la question, mais il me semble avoir déjà la réponse.

Texte ici: http://rome-vatican.blogs.la-croix.com/...


Dimanche 19 septembre 2010

Hyde Park : pourquoi sont-ils venus ?

Une question lancinante me traverse à chaque grand événement pontifical : pourquoi sont-ils venus, si nombreux, si divers ? Ces foules sont intrigantes.

A l’issue de ce voyage au Royaume-Uni, je m’interroge toujours. Comment Benoît XVI, cet homme si modeste, si timide, à l’élocution si « recto tono », qui ne dit rien de conforme à la pensée ambiante, peut-il réunir tant de foules, si calmes et si tranquilles ? Dans un monde où prédomine le temps court, il ne craint jamais de prendre le temps long nécessaire à la pensée, à l’écriture, à l’enseignement. Alors que se multiplient les artifices de communication fondés sur des mots basiques et courts, il développe une pensée enracinée dans l’histoire, déployant un vaste registre lexical. Alors que prévaut la primauté du sentiment, de l’émotion, il appelle sans cesse à la raison, à l’esprit critique, au recul nécessaire à la pensée. Alors que la culture de l’écrit se dissout lentement, il attend simplement d’être lu. Alors que la transmission de l’Histoire tend à s’évaporer, il rappelle sans cesse les pierres miliaires qui ont balisé notre chemin.

Benoît XVI est-il, au fond, un homme d’hier, comme en sont persuadés ses nombreux détracteurs, ou un homme de l’après-demain, lorsque auront échouées toutes les recettes de communications, les buzz d’enfer, le « storytelling » simplement destinés à orienter des flux de consommation ?

Encore une fois au Royaume-Uni, le bruit de fond médiatique s’est inversé en quelques heures. Peut-être parce que le pape s’est délibérément situé à côté et non face aux critiques. Peut-être parce qu’il a décidé de ne porter « que » le Christ. Dans l’avion, il l’a bien dit aux journalistes : « Une Eglise qui tenterait de se rendre attractive ne serait pas fidèle à sa mission, qui est d’être transparente en Jésus-Christ ». Et il a fixé cet objectif précis aux laïcs.

En tous cas, les foules sont là, ni manipulées ni conditionnées. Juste présentes. Qu’attendent-elles ? Une vague espérance que le bon, le bien, le vrai ont encore un sens ? Que la vie a un sens ?

Les réponses habituelles ne me convainquent pas. Le pape serait le pape et donc les foules viendraient par une sorte de tropisme ? Insuffisant. L’opposition des catholiques au monde moderne leur imposerait de se rassembler pour faire front ? Ce n’est pas conforme à la réalité, à la tonalité de ces rassemblements.

Qu’en penser ?