A relire aujourd'hui: reprise d'un article datant d'avril dernier, juste après le voyage à Malte, et d'une totale actualité au retour de Londres. (24/9/2010)

http://benoit-et-moi.fr/2010-I/...

L'énigme Benoît
Chacun de ses voyages à l'étranger renverse les prévisions les plus sombres,et cela s'est confirmé avec le voyage à Malte, selon Sandro Magister. Mais ces prévisions, qui les fait? (23/4/2010)

Texte ici: http://espresso.repubblica.it/... .

Ma traduction


L'énigme Benoît
22 avril 2010
Sandro Magister
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Il a accosté à Malte avec la barque de l'Église en pleine tempête. Et il s'est trouvé sauvé par une foule débordante et festive. L'énigme de la papauté de Benoît XVI, c'est aussi cela. Ses 14 voyages à l'étranger ont à chaque fois renversé les sombres prédictions de la veille. C'est ce qui s'est passé, même dans les endroits les plus difficiles. Aux États-Unis et en France en 2008, en Israël et en Jordanie l'année suivante [ndt: je n'oublie pas la Turquie (*)]
Déjeunant avec les Cardinaux le 19 avril, cinquième anniversaire de son élection comme successeur de Pierre, le Pape, citant saint Augustin a dit: "Je me sens un pèlerin entre les persécutions du monde et les consolations de Dieu".

L'énigme du Pape Benoît XVI est qu'il est attaqué partout où les faits lui donnent raison. Durant les années où tout le monde dans et hors de l'Église, étaient aveugles au scandale de la pédophilie, Joseph Ratzinger a été le seul dirigeant de haut rang de l'Eglise à voir loin, à saisir la gravité du scandale et à imposer des contre-mesures efficaces. Et aujourd'hui, quand beaucoup lui jettent des pierres, c'est encore lui qui prêche à l'Eglise que tout remettre à la justice terrestre n'est pas suffisant, parce que le propre de l'Eglise est l'ordre de la grâce qui va au-delà de la loi, et qui signifie "faire pénitence, reconnaître ce qui est mal, s'ouvrir au pardon, se laisser transformer".
On n'a souvenir d'aucun pape de l'époque moderne qui ait mis une Église nationale tout entière en état de pénitence publique pour ses péchés, comme le pape Benoît XVI l'a fait pour l'Eglise d'Irlande.

Le doux Pape Benoît passera à l'histoire pour des paroles et des actes d'une grande audace.
Avec le discours de Ratisbonne, il a dévoilé où coulait la racine ultime de la violence religieuse, dans une idée de Dieu mutilée de la rationalité. Et c'est grâce à cette leçon qu'aujourd'hui chez les musulmans les voix se renforcent, qui appellent l'islam à la révolution des Lumières, la même qu'a connue le catholicisme des siècles derniers. On est loin d'un Pape obscurantiste et rétrograde. Benoît XVI est un «illuminista» (homme des Lumières) à un moment où la vérité a peu d'admirateurs et où le doute est le maître. À l'homme moderne, il demande d'ouvrir les espaces de la raison, et pas de se contenter de l'enfermer dans les données mesurées par la science. C'est lui qui a eu l'idée d'ouvrir une "cour des gentils", où chacun peut se réunir sous l'ombre de Dieu, même ceux qui ne le connaissent pas. C'est lui qui propose aux hommes de notre temps de "vivre comme si Dieu existait" parce que, dans ce pari, comme disait Pascal, il n'y a tout à gagner et rien à perdre.

Il y a un mois, lors d'une audience du mercredi aux pèlerins, Benoît XVI a comparé ce moment de l'Église a celui qu'elle a connu après Saint-François. À ce moment aussi, il y avait dans le christianisme des courants qui appelait à un «âge de l'Esprit» (cf Joachim de Flore et Saint-Bonaventure: Piloter l'Eglise dans la tempête ), une nouvelle église, sans hiérarchie ni dogme. Aujourd'hui, quelque chose de semblable se produit quand, sur la vague d'accusations qui cherchent à tout renverser, on invoque un Vatican III qui serait "un nouveau commencement et une rupture". Et puis, à force de rétrécir, le programme du Concile imaginaire se réduit à la suppression du célibat pour le clergé, au sacerdoce pour les femmes, à la libéralisation de la morale sexuelle et à plus de démocratie dans la gouvernance de l'Église. Ces mêmes choses, qui, mises en œuvre dans certaines églises protestantes, n'ont produit aucune régénération. Et même, comme on le voit dans la Communion anglicane, ont plutôt généré un fort courant de migration vers l'Eglise de Rome comme au seul refuge sûr.

À l'utopie spiritualiste qui se termine en anarchie, le Pape Benoît oppose un art de gouverner la barque de Pierre qui est "la pensée éclairée par la prière". Dans un monde pauvre de foi, il parle de Dieu et de Jésus. Parce qu'il n'avait rien annoncé, d'autre lorsqu'il fut élu pape: "Faire resplendir devant les hommes et les femmes d'aujourd'hui la lumière du Christ, non pas ma lumière mais celle du Christ". (22 avril 2010)
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(*) Note
A propos des "sombres prédictions de la veille"
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Avant son voyage en Turquie, en novembre 2006, le Saint-Père avait même été menacé de mort par thriller interposé, et les agences de presse diffusaient complaisamment des semaines avant le voyage des images de foules fanatisées brûlant son effigie!
Je relis ce que j'écrivais (http://beatriceweb.eu/Blog06/... ) à ce sujet à l'époque: ce sont quelques medias qui, avec une intention bien précise, jettent systématiquement de l'huile sur le feu, PAR ANTICIPATION (preuve que cela n'a rien à voir avec la communication).
Nous sommes en train de vivre exactement la même chose avec la visite du Pape en Grande Bretagne en septembre prochain. Cinq mois à l'avance, on annonce que le Saint-Père risque rien de moins qu'être arrêté, pour être transféré devant un tribunal international, et jugé pour... crimes contre l'humanité!!
Plus c'est gros, plus ça passe! Mais ceux qui suivent le Saint-Père depuis 5 ans ne peuvent plus être dupes de ces vaines rodomontades.

Voir aussi ce diaporama éloquent: http://www.flickr.com/photos/...