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D'OSLO À MADRID
 

Dans le contexte historique de l'Occident, d'un monde déboussolé "qui craque", et dont le massacre d'Oslo est un symptôme, les JMJ prêts à s'ouvrir à Madrid sont "une grande occasion pour l'Eglise". Et Benoît XVI est l'homme qu'il faut pour nous aider à relever le défi de recommencer, "comme les moines de cette Europe désolée d’après la chute de l’Empire Romain". Réflexion de JL Restàn, traduite par Carlota (29/7/2011)

Article original ici: http://www.paginasdigital.es/..




 

Benoît XVI à Londres

 

De première nécessité
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Par José Luis Restán

La présentatrice de la télévision en avait plein la bouche. Jusqu’à trois reprises, elle l’a répété. Chrétien et conservateur. Petite découverte du profil Facebook du monstre d’Oslo (*). Ça y est ! N’est ce pas ce que les nouveaux sages de l’époque vont répétant, que toute religion est source de conflit? Et si la religion qui est mise en cause est la religion chrétienne, tant mieux.

Il n’a rien été dit des autres notes savoureuses de l’internaute auteur de l’atrocité : son appartenance à la maçonnerie (un certain média public a coupé la photo où il apparaissait vêtu du tablier), ses insultes envers le Pape, son appui à l’avortement ou sa mixture mentale dans laquelle se mélangent templiers, guerriers médiévaux et divinités pré - chrétiennes.
Ce qui est certain c’est que nos mondes post-modernes et technologiques, notre système de bien-être sécularisé, ont leurs marécages profonds précisément là où un nihilisme tranquille et conformiste semble gouverner. Il n’y a rien, absolument rien qui ait à voir avec la vie chrétienne, dans le délire de ce personnage devenu fou qui s’abreuvait à un monde d’ombres et de haines confuses, imaginaires nazis, haine de l’étranger, technologie de pointe et archaïsmes vikings.

Mais ni trace de l’Évangile, ni de la grande tradition chrétienne scandinave (aujourd’hui oubliée par l’immense majorité de cette société), ni la religiosité populaire avec son humanité simple qui accompagne de la naissance à la mort, et qui sait toujours reconnaître dans l’autre un frère, même différent.

Non. En Anders Brejvik, il n’y a pas l’ombre de la tradition chrétienne qui a sculpté le visage de l’Europe durant des siècles de semailles patientes. Il est bien plus un fruit obscur et amer de la disparition croissante de ce patrimoine, rupture de liens, vide de sens, ajoutés à un vertige technologie, sensation d’un pouvoir absolu, sans limites. Parce que l’homme peut tout faire sans rendre de comptes à qui que ce soit, comme en avait déjà eu l’intuition le génial Dostoievski.

Les sauvages assassinats d’Oslo et ce qu’ils ont draîné de sentiments, perplexités et analyses, nous arrivent comme une vague brutale à peine trois semaines avant le début des JMJ à Madrid, et nous ne pouvons détourner notre regard. Parce qu’un monde qui gémit avec des douleurs de parturiente, demande aux chrétiens de ce moment un témoignage qui ait une incidence historique, et non une simple fête auto-célébrée. Il est important d’arriver à la rencontre avec le Pape avec cette conscience vive d’un monde qui craque, d’un moment historique plein d’incertitudes, dans lequel nous devons savoir lire le cri de l’angoisse, mais aussi le cri qui demande une signification, parce que ce n’est seulement qu’à partir de là que peut se dresser l’arc magnifique d’une espérance fiable.

L’Occident commence à ne pas savoir où il en est: son bien-être est en grave danger, ses libertés ont des ennemis externes et internes, son génie s’éteint comme une lampe en manque d’huile. Le géant chinois émerge avec tout son pouvoir économique et militaire tandis qu’il persécute sa dissidence interne et enserre les libertés et les droits fondamentaux. Le monde islamique se débat entre une reformulation de sa culture capable de dialogue avec la modernité et l’enkystement dans un fondamentalisme irrationnel et violent. Ce sont les coordonnées historiques dans lesquelles se meuvent les centaines de milliers de jeunes qui arriveront à Madrid tout au long de ce mois d’août.

On ne peut pas mythifier ni congeler un évènement comme les JMJ qui s’inscrivent dans un itinéraire d’évolution personnelle qui requiert du temps et un accompagnement. Mais dans ce contexte dramatique il y a une grande occasion, pour l’Église et pour le monde. La foi que déjà vivent ou cherchent les jeunes doit être source de raison, de connaissance sur la réalité personnelle et sociale qu’ils vivent.

La foi chrétienne est le fondement d’une espérance qui construit dans la patience et à travers la liberté, à l’inverse des utopies idéologiques. Mais il faut qu’elle ne se réduise ni au moralisme ni à la consolation spirituelle.
C’est un défi, et il n’y personne de meilleur pour nous guider à travers ses implications que le Pape Benoît XVI, qui répondait ainsi à Peter Seewald : « On voit que l’homme aspire à une joie infinie, il voudrait le plaisir jusqu’à l’extrême, il voudrait l’infini ; mais où il n’y a pas Dieu, il ne lui sera pas accordé, il ne pourra pas le rencontrer. Alors l’homme doit créer par lui-même le faux, le faux infini ». Et le Pape ajoute que « Dieu est la première nécessité pour que il soit possible de résister aux tribulations de ce temps…pour mobiliser toutes les forces de l’âme et du bien, de façon à ce que nous puissions faire sauter le cercle du mal et l’arrêter ».

Oui, mais comme lui-même nous l’a enseigné, pas n’importe quel dieu. Le Dieu de Jésus-Christ qui est Logos et Charité, raison créatrice et amour sans limites. Le Dieu qui se laisse chercher à tâtons mais qui demeure sur la terre des hommes à travers le corps fragile et bousculé de son Église. Que le Pape nous enseigne à connaître et aimer ce Dieu, à concrétiser à partir de Lui notre identité et nos engagements, à savoir en donner communication aux hommes et femmes de cette époque comme la réponse définitive à leur recherche inquiète et tant de fois trompée. Que Benoît XVI nous aide à ne pas avoir peur, à ne pas nous enfermer sur nous-mêmes, à jouer notre humanité qui a changé sur l’échiquier de l’Histoire. Que de sa main nous acceptions le défi de recommencer, comme les moines de cette Europe désolée d’après la chute de l’Empire Romain.
C’est à tout cela que les JMJ de Madrid 2011 doivent servir

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NDT
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(*) Sur certains sites l’on voit la copie écran du profit facebook d’Anders Breivik. Le profil en norvégien ne comprenait pas les informations « chrétien et conservateur » alors que le facebook en anglais les mentionnait. Le « encore présumé coupable » de cette abominable tuerie, avait dit-on été élevé d’une manière agnostique. Il s’était fait baptisé dans l’église protestante luthérienne à 15 ans. Il faisait partie de la loge maçonnique norvégienne jusqu’au 24 juillet 2011 puisque cette dernière l’a exclu de ses rangs à cette date. Il semble même, si l’on en juge d’après sa photo en grande tenue qui circule sur la toile, qu’il n’avait pas reçu que la première initiation et pouvait faire partie de cette loge depuis une dizaine d’années. Il semble également que l’on ne puise pas être « maçon norvégien » si l’on ne s’est pas déclaré de la religion d’état norvégienne et donc que l’on appartient à l’Église luthérienne.
Il n’est peut-être pas inutile de relire la position de l’Église Catholique avec notamment encyclique de Léon XIII en 1884 ici et des textes plus récents .
Par ailleurs Valeurs actuelles vient de consacrer un dossier au sujet: [1] et [2].




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