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BENOÎT XVI SUR L'AVENIR DE L'EUROPE
 

George Weigel pense qu'à Madrid, Benoît XVI s'adressera aussi à l'Europe. Et il relit pour l'occasion le discours adressé en juin dernier aux élites culturelles, religieuses, politiques et des affaires de la Croatie, au théâtre de Zagreb. Le message de Benoît XVI, dit-il, offre à l'Europe sa "dernière chance". (12/8/2011)




 

Le discours du Pape à Zagreb (voir aussi sur ce site: benoit-et-moi.fr/2011-II/)
Article en anglais sur le site First Things

Ma traduction:




 

Benedict XVI on Europe’s Future
10 août 2011
George Weigel
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Les JMJ 2011, qui se tiendront à Madrid du 16 au 21 août, seront un moment important dans la campagne du Pape Benoît XVI pour rappeler à l'Europe ses racines chrétiennes et appeler l'Europe à une compréhension plus noble de la démocratie. Comme le Saint-Père l'a démontré dans un discours à Zagreb, en Croatie, au début de Juin, les deux parties de cette campagne - la récupération des racines chrétiennes et l'approfondissement de l'idée de la démocratie du 21e siècle par l'Europe - vont de pair.

Dans ses remarques aux dirigeants religieux, politiques, culturels, et du monde des affaires de Croatie, au Théâtre national de Zagreb, le pape a affiné en six propositions "digestes" ce qu'il a déjà dit sur la religion et la société depuis son élection à la papauté en 2005:

1. Les convictions religieuses ne sont pas quelque chose d'extérieur à la société ; elles font partie du coeur même de la société: «la religion n’est pas une réalité à part de la société: au contraire elle en est une composante naturelle, qui rappelle constamment la dimension verticale, l’écoute de Dieu comme condition pour la recherche du bien commun, de la justice et de la réconciliation dans la vérité » .

2. L'élément humain dans la religion est imparfait et présente des failles; il n'y a pas de honte à l'admettre, car la raison peut aider à affiner la passion religieuse: «Les religions doivent toujours se purifier selon leur essence véritable pour correspondre à leur vraie mission. »

3. Les religions anciennes devraient accepter les réalisations politiques de la modernité tout en appelant la modernité à ouvrir ses portes et ses fenêtres à un monde de vérité transcendante et d'amour: «. . . les grandes conquêtes de l’époque moderne, c’est-à-dire la reconnaissance et la garantie de la liberté de conscience, des droits humains, de la liberté de la science et donc d’une société libre, sont à confirmer et à développer en maintenant cependant la rationalité et la liberté ouvertes à leur fondement transcendant, pour éviter que ces conquêtes s’auto-annulent, comme nous devons malheureusement le constater en de nombreux cas. La qualité de la vie sociale et civile, la qualité de la démocratie dépendent en bonne partie de ce point «critique» qu’est la conscience, de la façon dont on l’entend et de tout ce qui est investi pour sa formation.»

4. La "conscience" ne consiste pas à déterminer ce que je veux faire et ensuite le faire; la "conscience" est ma quête de vérités qui peuvent être connues pour vraies, et ensuite me lier à ces vérités qui me jugent, moi et la société (...): «Si la conscience, selon la pensée moderne prédominante, est réduite au domaine du subjectif, où sont reléguées la religion et la morale, la crise de l’Occident n’a pas de remède et l’Europe est destinée à la régression. Si au contraire la conscience est redécouverte comme lieu de l’écoute de la vérité et du bien, lieu de la responsabilité devant Dieu et devant les frères en humanité – qui est la force contre toute dictature – alors il y a de l’espérance pour l’avenir.»
5. L'Europe, détachée de ses racines chrétiennes, va se dessécher et mourir, car, au nom d'une laïcité stérile, elle se sera coupée de l'une des sources de sa vitalité culturelle: «Je suis reconnaissant [à ceux qui ont] rappelé les racines chrétiennes de nombreuses institutions culturelles et scientifiques de ce pays, comme du reste c’est le cas pour tout le continent européen. Rappeler ces origines est nécessaire, même pour la vérité historique, et il est important de savoir lire en profondeur ces racines, pour qu’elles puissent aussi animer l’aujourd’hui»

6. L'Eglise ne cherche pas un rôle direct dans la politique; l'Eglise forme les personnes en mesure de façonner la culture qui permet à la gouvernance démocratique de fonctionner
: «C’est dans la formation des consciences que l’Église offre à la société sa contribution la plus personnelle et la plus précieuse. Une contribution qui commence dans la famille et qui trouve un important renforcement dans la paroisse, où les enfants et les adolescents, et ensuite les jeunes apprennent à approfondir les Saintes Écritures, qui sont le «grand code» de la culture européenne».

Ces six points, bien qu'ils soient évidemment contestés, sont aussi considérés comme évidents par beaucoup, beaucoup d'Américains. Ce n'est pas le cas en Europe, où la doctrine sociale de Benoît XVI est considéré comme farouchement contre-culturelle - même si elle offre à l'Europe ce qui pourrait être sa dernière chance.
J'espère qu'il y en a qui l'écouteront.




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