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BENOÎT XVI "SUPERSTAR"...
 

dans la presse! Je suis plus que réservée sur certains commentaires qui découvrent, de façon très ponctuelle, et surtout bien tardivement, que Benoît XVI peut exercer de la fascination. (22/8/2011)




 
 

Il y a cinq ou six ans, quelques-uns des titres (pour les textes, c'est autre chose) lus ce matin dans la presse française m'auraient fait bondir de joie. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, ils viennent trop tard. Et de toutes façons, gageons que dès le mois prochain, à Berlin, on nous refera le coup du pape peu "charismatique" et timide qui s'est enfin décidé à fendre l'armure.
A cet égard, l'article de l'envoyé spécial du Figaro, sur son blog (après celui de Frédéric Mounier, cité hier) est emblématique. Il y a des choses très finement vues (il ne restait finalement que lui. Sa personne profonde, sans apparat, ni apparence. Il était trempé, sa calotte envolée. Subsistaient son âge avancé, ses cheveux blancs, son humilité surtout. Son silence aussi), mais d'autres qui révèlent le caractère blasé de ces journalistes des grands titres,qui échangent mutuellement leur scepticisme, et qui sont incapables, la plupart du temps, de voir avec les yeux du coeur. Disons que l'épisode de la tempête, à cet égard, a pu leur ouvrir ces yeux-là.
Pourquoi ne pas admettre que le secret de la sérénité du Pape, c'est tout simplement "l'amitié", la relation intime et profonde, avec Jésus (je repense au témoignage extraordinaire de Luca Doninelli qu'il est temps de relire Moi avec le Pape). Pourquoi ne pas admettre aussi que c'est une personnalité hors-normes, sublime, à laquelle il n'est pas difficile d'être sensible, pour peu qu'on l'observe et qu'on l'écoute sans préjugés.
Et pourquoi refuser de croire que les jeunes - pas tous, évidemment - sont capables de percevoir la beauté des textes que "Benoît XVI leur lit d'une voix monocorde, ses grosses lunettes sur son nez": il est très facile d'objecter que le Saint-Père s'exprimait dans une langue qui n'est pas sa langue maternelle, une langue qu'il comprend et parle très bien, mais qu'il maîtrise moins bien que le français ou l'italien. Mais surtout, on sait que Benoît XVI a été un professeur extraordinaire, des étudiants du monde entier se pressaient pour assister à ses cours et se battaient pour en faire leur directeur de thèse.
Alors, cet homme-là ne saurait pas parler "aux jeunes"? Allons donc!

Enfin, en ce qui concerne le rôle des JMJ, le journaliste du Figaro a assisté à la conférence de presse dans l'avion à l'aller. Il sait donc mieux que moi ce que le Saint-Père y a dit, citant la parabole du semeur... (Dans l'avion vers Madrid )
Heureusement, le Swiss Rom@ain était un témoin direct de la même soirée, il a lu lui aussi l'article du blog du Figaro, et il donne des explications ici (en même temps qu'un très beau commentaire): Cuatro Vientos: l'envers du décor.
Concluant ainsi:
A la fin de la veillée le Pape a souhaité descendre pour saluer tous ces jeunes courageux. Grâce aux petits hommes verts (les volontaires) qui ont travaillé durant toute la veillée, avec une force surhumaine ou comme des extraterrestres, afin de libérer les routes d'accès, la Papamobile a pu se fendre finalement un passage dans la foule.
Arrivé à la nonciature le Pape, tel un père de famille très attentif, a toujours demandé des nouvelles des jeunes, leur état de fatigue, s'ils pourraient dormir et s'ils n'étaient pas trop mouillés. Il en fit d'ailleurs de même au lever tôt le matin.

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Bref, pour s'informer sur les JMJ, et plus généralement sur la Papauté (sans parler des autres sujets), mieux vaut se fier à un nombre réduit de blogs qu'on connaît bien, et qui se mettent en quatre, plutôt qu'aux grands medias, qui ne jouent décidément pas toujours loyalement leur rôle de médiateur de l'information.




Quelle est l'arme fatale de Benoît XVI ?

Par Jean-Marie Guénois
21 août 2011
Source

Où Benoît XVI cache-t-il son arme fatale ? Comment ce pape a-médiatique (ndlr: Dieu merci!!) de 84 ans (!!!) s'y prend-t-il pour séduire l'actuelle génération des 18-30 ans comme il vient de le faire à Madrid au terme des ces JMJ où il a été acclamé comme jamais par près de deux millions de jeunes venus de 193 pays ?
Ce ne sont pas ses discours, souvent très clairs, mais lus sur un ton monocorde. Ce n'est pas son sourire, celui de Jean-Paul II attirait davantage (ndlr: cela dépend qui...). Sans doute la réponse est plus à chercher du côté de son attitude. Et pourquoi pas, sans référence déplacée à Pie XII, à son silence... (ndlr: curieux jeu de mot, et même franchement déplacé... je pense que la référence est aux "silences" de Pie XII sur la Shoah!)
Oui, à son silence ! Et l'incident de samedi soir, la tempête qui a gâché ce qui devait être le grand soir des JMJ, en donne un indice. Non seulement détrempé mais aussi rendu muet car la sono a cessé pendant de longues minutes, Benoît XVI s'est trouvé dans la situation d'un face à face, avec une foule immense, sans autre moyen, de communiquer que sa présence silencieuse et sereine. (ndlr: cela, c'est beau!)
Le plus amusant est que cet été, ce pasteur avait à plusieurs reprises, dressé l'éloge du « silence intérieur ». Il y était revenu juste avant de quitter Rome, mercredi dernier, alors que les rues de Madrid résonnaient de la joie très bruyante des jmjistes.
Joli paradoxe. Peut-être y a-t-il une relation entre le silence intérieur de cet homme qui parle finalement assez peu (ndlr: peu d'homme publics parlent autant que lui, qui s'adresse deux fois par semaine directement aux fidèles, qui écrit des livres, et qui a même concédé une longue interviewe à un journaliste... évidemment, il ne fait pas la une des magazines people!) et le bruit intérieur de cette génération qui donne l'impression d'être saturée ? A l'image d'une boite e-mail trop pleine qui vous envoie des messages de limites de capacité mais qui reçoit, chaque heure qui passe, des dizaines et des dizaines de messages.
Quand ils peuvent « débrancher » comme ils viennent de le faire à Madrid - encore que, :il y avait les téléphones portables mais aussi les limites de forfaits ! - ces jeunes sont peut-être attirés par le paradoxe offert par ce vieux sage, hors du temps, hors de mode, étranger à toute séduction (ndlr: cela dépend du sens qu'on donne à ce mot!).
Ce contraste entre une génération sur-vitaminée d'informations, de musiques, d'images et cet homme du siècle dernier, (ndlr: si l'on parle de nouveaux medias, Benoît XVI est certes "du siècle dernier", mais il est intemporel, et par sa pensée, plus moderne que bien des "jeunes" leaders) pris dans la tempête, engoncé dans de lourds habits liturgiques, n'ayant que son sourire désarmant à offrir mais aussi une sérénité à toute épreuve, a été, me semble-t-il, la véritable étincelle qui a allumée le gaz des JMJ.
J'avoue, en effet, avoir été désarçonné, par l'accueil presque froid de la foule quand le Pape est arrivé sur la zone samedi soir. Un quart d'heure avant c'était l'euphorie et puis, plus rien ou presque (ndlr: ne pourrait-on interpréter ce silence progressif comme une préparation intérieure, lorsqu'on approche d'un évènement qui vous dépasse?)... C'est tout juste si les jeunes savaient que le Pape était là. La soirée partait mal. (ndlr: je suivais le direct sur Telepace, et ce n'est pas l'impression que j'ai eue... Le témoignage personnel que je peux donner, c'est celui de la papamobile entrant sur l'Esplanade des Invalides à Paris, où il n'y avait QUE 250 mille personnes...ce fut un rugissement inimaginable)
Nous avons appris aujourd'hui que les organisateurs avaient décidé, au dernier moment, de supprimer le tour de pistes prévu avec la papamobile pour que les jeunes puissent le voir. Et ce, pour des raisons de sécurité car les allées prévues pour son passage n'étaient plus libres pour la papamobile tant la foule était abondante.
De fait, ce début de cérémonie était trop calme, presque ennuyant. Je me disais que le Pape exagérait : à vouloir transformer la grande soirée des JMJ en soirée de prières silencieuse, on tuait les JMJ... (ndlr: c'est justement le travail de "purification" auquel Benoît XVI s'emploie)
Et puis, grâce à Dieu, aurait-on envie de dire, le second contre-temps de la soirée s'est produit avec l'orage, la tempête, le déluge d'eau sur le Pape, la coupure de son, l'arrivée des pompiers, bref, l'apocalypse !
Avec le recul d'une petite journée - nous sommes actuellement dans le bus des journalistes de l'avion pontifical, en route vers l'aéroport de Madrid pour repartir avec le Pape à Rome - je me dis que cet échec apparent de la grande soirée de JMJ a été la clé de son succès.
Elle a en effet dépouillé tout le système et son organisation super huilée. Jusqu'au Pape lui-même, cet intellectuel qui évite les improvisations et qui parle toujours avec un texte sous les yeux. Qu'il lit, tête baissée, avec ses grosses lunettes. (!!)
Se trouvant dépouillé, il ne restait finalement que lui. Sa personne profonde, sans apparat, ni apparence. Il était trempé, sa calotte envolée. Subsistaient son âge avancé, ses cheveux blancs, son humilité surtout. Son silence aussi.
Mais ce soir là, le silence a vraiment parlé et il n'a pas parlé pour ne rien dire.




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