La théorie du "gender", et l'indignation à géométrie variable des syndicats d'enseignants (2/9/2011)

Homme et femme il les créa: C'est le sujet d'une série de catéchèses tenues par Jean-Paul II entre 1979 et 1984 sur le "mystère de l'homme et de la femme, leur vie affective et sexuelle, leur amour qui est le reflet de l'amour de Dieu pour l'humanité et du Christ pour l'Eglise".
C'est aussi le titre d'un livre collectif, actes des travaux de l'AES (Académie d'éducation et d'études sociales) pour l'année 2006, publiés aux éditions François-Xavier de Guibert. Parmi les contributeurs, on relevait des noms aussi extrémistes (!!) que ceux de Tony Anatrella, Rémy Brague, et, dans l'oeil du cyclone... Christian Vanneste.
Un chapitre (Anne-Marie Libert) y est consacré à la théorie dite du "gender" (voir ici)
La récente polémique autour de l'introduction de cette théorie dans les manuels scolaires de Première (curieusement, pas de section scientifique!) a été amplement abordée sur de nombreux sites de tous bords; je veux juste ajouter un détail.

Voici ce que je lis sur le site "20minutes.fr":

POLÉMIQUE
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L'Unsa-Education, deuxième fédération syndicale du monde éducatif, a demandé ce mercredi que le ministre Luc Chatel intervienne dans la polémique sur les manuels de sciences de la vie et de la terre (SVT), notamment pour faire respecter les libertés «éditoriale et pédagogique».

Le ministre de l'Education nationale «doit faire cesser la polémique», écrit la fédération dans son communiqué. Elle «s'indigne de (la) démarche dogmatique» de «80 parlementaires UMP» qui «viennent de demander la censure d'un manuel de sciences de première en reprenant la pseudo-argumentation sur la théorie du genre». Cette démarche «prétend imposer une conception aux antipodes de ce que reconnaît le droit français en termes de respect - et non de simple tolérance - de l'orientation sexuelle de chaque individu», selon l'Unsa-Education.

Elle «demande au ministre de l'Éducation nationale d'intervenir officiellement et fermement pour que soient respectés les principes de liberté éditoriale et pédagogique qui s'exercent dans le cadre des programmes ministériels». L'Unsa-Education conclut son communiqué en estimant que les 80 députés UMP n'ont «manifestement pas lu» le manuel de l'éditeur Hachette qu'ils critiquent le plus, et appelle à le consulter, via un spécimen accessible en ligne.

Effectivement, on peut lire le manuel en ligne ici: http://pvevent1.immanens.com/...

Cela vaut le coup de jeter un coup d'oeil!
Personnellement, les illustrations "cliniques" me lèvent le coeur, et ce n'est pas uniquement sur l'enseignement de la théorie du gender que je trouverais à redire (pour rester polie!)
Passons...
Mais surtout, les syndicats ont une conception à géométrie variable de la liberté éditoriale!
Voici un article du site Rue89, datant de 2008.
http://www.rue89.com/2008/03/19/creationnisme-et-homophobie-sinvitent-au-lycee
A l'époque, les CDI (en novlangue, "centres de documentation et d'information", autrefois on disait bêtement "bibliothèques") de plusieurs établissements scolaires avaient reçu le livre "Homme et femmes il les créa".

"Je l'ai reçu la veille des vacances de février" , explique J**, documentaliste, et délégué SNES. " C'est un procédé inhabituel. Ordinairement, ce sont les documentalistes qui commandent les livres. Mais quelques fois, les responsables d'établissement recoivent certains ouvrages gratuitement, par la poste.
Avec les vacances scolaires, le livre est d'abord passé inapercu dans le milieu enseignant. Mais dès la rentrée, plusieurs documentalistes ont averti leurs pairs à travers des listes de diffusion. Une collègue lilloise a appelé à la vigilance avec ce bouquin homophobe. Très vite des centaines de confrères ont réagi sur le net, ils étaient choqués. C'est une manière viscieuse de faire rentrer ce type d'ouvrage dans un établissement scolaire publique et laïque, c'est malhonnête".

On notera donc qu'à cette époque, le livre n'était absolument pas arrivé directement aux élèves, mais par le filtre des documentalistes. Et, je le soupçonne, en très petit nombre, vu les moyens modestes de l'éditeur (qui est aussi l'éditeur des grands spécialistes de Louis XVI, Paul et Pierrette Girault de Coursac).
Rien de choquant, donc.
Pourtant, le livre n'avait eu aucun droit de se réclamer de la "liberté éditoriale". L'"indignation" était unanime.
Bref, une fois de plus, la plus totale mauvaise foi, et le "deux poids, deux mesures" érigé en système, soutenu par la dérision, la menace, la délation, et l'intimidation..