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MGR MUNILLA, APRÈS LES JMJ
 

L'évêque de Saint Sébastien livre ses impressions, pleines de vérités simples, illustrées par la savoureuse anecdote de sa conversation avec un chauffeur de taxi madrilène. Traduction de Carlota (9/9/2011)




 
 

Dans la page opinion du journal de Saint Sébastien (original ici) Monseigneur Munilla, évêque de ce diocèse basque confie quelques unes de ses impressions sur les JMJ et nous parle de rencontres, notamment celle avec un chauffeur de taxi madrilène…, en prodiguant tout en finesse de beaux conseils pastoraux.

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En laissant reposer les JMJ
Par Mgr José Ignacio Munilla, évêque de Saint Sébastien

Déjà deux semaines ont passé depuis les JMJ de Madrid. Alors que l’événement se déroulait, il a généré 54 000 dépêches sur les télétypes de 108 pays, à cela on rajoute la grande quantité d’articles postérieurs. Quelques uns ont jugé, par une lecture rapide, que les initiatives de ce genre ne servent qu’à enthousiasmer des convaincus et à hérisser encore plus les adversaires. Cependant, je pense qu’un regard plus approfondi nous aide à voir les choses d’une façon beaucoup plus nuancée, jusqu’au point de reconnaître que quelque chose a bougé dans notre société, avec comme motif la célébration des JMJ.

C’est certain que quelques uns des médias se sont focalisés sur les réactions les plus viscérales; quelques-unes parmi celle-ci, certainement, nous ont paru plus en lien avec la fameuse « petite fille de l’exorciste » (ndt je suppose, allusion au film nord-américain qui a mis ce genre à la mode) se tordant au contact de l’eau bénite. Mais, tout en étant bien réelle l’existence de ces cercles anticléricaux qui agissent avec virulence, je pense que le fruit principal des JMJ n’est pas perceptible depuis des chroniques faites à grands traits. En effet j’ai eu l’attention attirée par certains articles de fond comme celui de Mario Vargas Llosa (Mario Vargas Llosa et les JMJ ), lequel reconnaît le signe transmis lors des JMJ, et il conclut que, en son temps, ce fut une erreur de penser que l’évolution culturelle vers la modernité serait incompatible avec la foi religieuse.

J’ai aussi été impressionné de voir comment un certain chroniqueur religieux, qui s’était caractérisé par le fait d’insulter d’une façon non dissimulée les JMJ (« Pastorale triomphaliste », « feux d’artifice », etc.) a reconnu publiquement son erreur, en découvrant les fruits produits (selon l’enquête de l’institut de sondage GAD3, 81% des participants reconnaissent avoir renforcé leur relation avec Dieu, et 55% affirment avoir avancé dans le discernement de leur vocation). Moi aussi je peux témoigner que plus d’un prêtre et d’un religieux qui avaient jugé d’une manière critique les JMJ et qui avaient opté pour ne pas s’impliquer dans la convocation des JMJ, se sont sentis positivement touchés par une jeunesse admirable. L’un d’eux disait : « J’ai vu de près ces jeunes et je dois reconnaître qui nous avons été injustes en les accusant de papolâtrie ».

Déjà avant de se rendre à Madrid, les pèlerins de tous les coins du monde qui ont vécu quelques jours parmi nous, ont été capables d’entraîner beaucoup de jeunes, et même leurs familles sur le chemin des JMJ. N’oublions pas que les mois et les semaines précédant les JMJ une mobilisation de jeunes Espagnols aussi importante que celle qui s’est produite n’était pas prévisible. Le nombre d’inscriptions de pèlerins des autres pays était très important, mais celui des Espagnols ne l’était pas à ce point.

Eh bien, une des explication de cette présence de près de deux millions de jeunes aux Quatre Vents (comme point de repère, les compagnies téléphoniques ont donné comme information que, à l’intérieur de l’enceinte, près de 1 560 000 de terminaux téléphoniques ont été en activité), et qui nous a tous surpris, nous devons y trouver une explication, entre autres facteurs, dans la grande animation que les pèlerins venus de toutes les parties du monde ont réalisée parmi les Espagnols, les jours précédant les JMJ. Leur joie et leur maturité nous ont conquis!

Une fois de plus, comme en tant d’autres moments de l’histoire de l’Église, nous avons vu combien la « catholicité » (l’universalité) de l’Église soigne nos crises locales. C’est nous qui un jour avons porté la foi au Nouveau Monde. Aujourd’hui arrive le moment de nous ouvrir humblement à tous les charismes qui peuvent nous rajeunir.

S vous me le permettez je vais mettre en avant une anecdote qui m’est arrivée lors de mon séjour à Madrid.
Cela m’a frappé que les chauffeurs de taxis avec lesquels j’ai eu l’occasion de discuter durant les JMJ aient souligné leur étonnement et leur joie (j’ai toujours pensé que la corporation des taxis est l’une de celles qui font preuve du plus de bon sens par le fait de connaître la réalité sociale au niveau de la rue). L’un d’entre eux me disait : « Je suis témoin de la dégénérescence progressive qui s’est produit ces dernières années, dans le sens que les jeunes vivent leur temps de loisir la nuit. Et je peux seulement dire c’est que cette jeunesse que nous voyons ces jours-ci me remplit d’espoir. J’aimerais que mes enfants reçoivent ce genre d’éducation morale ! » Je lui ai signalé que la clef des valeurs de cette jeunesse n’était pas tant dans la morale en elle-même que dans le fait d’avoir découvert la personne de Jésus Christ. Sans Jésus Christ et sans son Évangile, c’est impossible une jeunesse comme celle-là. Le taxi est resté sans parler et il m’a montré l’image du Christ de Medinaceli qu’il avait mise sur son tableau de bord.

Je ne voudrais pas conclure sans faire référence à la présence imposante de l’Orfeón Donostiarra (ndt chorale d’amateurs fondée à Saint Sébastien en 1897, devenue très célèbre, et qui se déplace même à l’étranger) aux JMJ. Nous n’oublierons pas cette tempête des Quatre Vents qui nous a laissés trempés lors de la célébration de la Veillée à laquelle fit suite un impressionnant silence dans lequel nous avons adoré Jésus Christ présent dans l’Eucharistie… Un doux et beau chant s’est élevé à ce moment : « Ave verum Corpus natum de Maria Virgine ! » (Ô, véritable Corps né de la Vierge Marie!) C’était l’Orphéon de Saint Sébastien qui chantait ou bien était-ce le choeur des anges dont les voix arrivaient jusqu’à nous?




Sortie en France de Habemus Papam | Photos de Madrid