Vous êtes ici: Articles  

SALLE DE PRESSE = NID DE FRELONS?
 

Quelques réflexions personnelles sur le traitement journalistique de la papauté - pas du pire côté, loin de là! (23/9/2011)




 

Salle de presse = nid de frelons?
C'est l'idée qui me vient à l'esprit (à vrai dire, ce n'est pas la première fois!), en lisant ce billet de Jean-Marie Guénois, du Figaro, l'un des 2 ou 3 journalistes français faisant partie de la "suite papale" (voir ici; exit Le Monde, et France 2, il n'y avait rien de croustillant à la clé dans ce voyage, pas comme vers l'Afrique, ou la Terre Sainte).
Je ne critique absolument pas ce qu'il écrit, sur son blog personnel (Religio Blog), qui témoigne d'une franchise de ton bienvenue, et d'une admiration incontestable pour Benoît XVI (après tout, il a le droit de dire ce qu'il veut, comme moi... enfin, pas tout à fait comme moi, car il représente bien plus que moi)... malheureusement souvent tempérée par des réserves, comme s'il avait peur d'être accusé de papolâtrie.

Mais le paysage journalistique catholique français est désormais un désert aride. Serait-ce vraiment trop, d'espérer que l'un de ses représentants (espèce rare, et même quasiment en voie de disparition) soit totalement "pour" le Pape? Ne le mérite-t-il pas? Les voix "contre" ne sont-elles pas suffisamment nombreuses, dans les medias? Enfin, serait-ce trop demander qu'un journal ayant quand même une base de lectorat catholique (si cela existe encore...) embauche pour son service "ReligionS" quelqu'un qui soutienne le Pape sans réserve (après tout, nul n'est irremplaçable)? A défaut, et en ayant un tout petit peu mauvais esprit, il pourrait venir un doute fâcheux sur l'indépendance de la presse, en France.

Sur le même thème, Philippine de Saint-Pierre (qui fait elle aussi partie de la "suite papale") a refusé hier, sur KTO, de s'exprimer sur l'"état de santé du Pape de 84 ans" (!!) mais elle a dû admettre que ses confrères avaient fait des observations sur une conjonctivite qu'il aurait à l'oeil gauche!




Extrait de "Religio blog"

- Un esprit de conciliation : ... l'état d'esprit du Pape tel qu'il l'a confié lors de la conférence de presse donnée dans l'avion est d'éviter une confrontation brutale. Il a affirmé « naturelle » et « normale » la contestation. Il a exprimé sa « compréhension » pour les catholiques qui quittent l'Eglise, dégoutés par les affaires de pédophilies (ndlr: mais il a dit bien autre chose, et cette façon d'en parler est réductrice, voir ici: En avion vers Berlin ). Il a souligné son ouverture aux protestants « malgré les problèmes institutionnels » ...

- Reste à savoir si cette stratégie sera payante (ndlr: on peut se demander si le pape peut avoir une stratégie, et si le mot "payant" est aproprié...). Il est trop tôt pour le dire mais intéressant d'entendre les débats qui agitent la grande salle de presse de Berlin où beaucoup de journalistes s'étonnent que le Pape n'ait pas abordé les problèmes du moment, économiques en particulier, mais aussi géopolitiques et qu'il soit resté au niveau des principes, jugés stratosphériques.
Il est vrai que son discours au Reichstag n'est pas accessible au premier venu mais quelle machine intellectuelle, reconnaissons le ! D'ailleurs les personnalités politiques présentes se sont levées pour applaudir le Pape. Beaucoup de mes confrères pensent cependant que ce n'est pas la bonne méthode pour éteindre le feu qui couve actuellement en Allemagne et le désamour qui frappe l'Eglise.

- Il me semble qu'au lieu d'aborder de front toutes les questions brûlantes - il faudrait aussi parler des problèmes ecclésiaux actuellement débattus (mariage des prêtres, ordination des femmes, accueil des divorcés remariés) (ndlr: mais n'est-ce pas ce que fait le Pape, par le haut? Et s'agit-il vraiment d'un sujet de débat?). ...




Protestations d'amitié ambigües des juifs

Un autre point, à saluer, celui-là:

Le discours prononcé par le Saint-Père devant la communauté juive berlinoise est reproduit sur le site du saint-Siège.
Il serait intéressant de lire aussi celui que lui a adressé le président du conseil central des juifs d'Allemagne, Dieter Graumann.
Grâce à Jean-Marie Guénois, nous apprenons que ce dernier a "critiqué la béatification envisagée de Pie XII, le rapprochement avec la Fraternité Saint Pie X"... au nom de la franchise que suppose l'amitié!!.
Ce n'est pas la première fois: déjà, en mai dernier, le Saint-Père avait reçu en audience une délégation du B'nai Brith (cf. http://benoit-et-moi.fr/2011-II/) , et les responsables s'étaient permis les mêmes remarques déplacées.

Est-il aussi permis de trouver agaçante et peu amicale cette immiscion dans les affaires internes de l'Eglise de la part des juifs? Parions que si la "franchise" invoquée ici était partagée, elle ne serait pas forcément très appréciée par eux.




Berlin, ville ouverte | Allemagne: Bon voyage, Très cher Saint-Père