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23 SEPTEMBRE: UNE JOURNÉE DE DISCOURS
 

Comment résumer les propos du Saint-Père en Allemagne? Avec les synthèses du bulletin VIS. S'adressant aux protestants à Erfurt, il règle son compte à la mode du victimisme. Il les appelle également à la vigilence commune contre les nouveaux mouvements évangéliques, ce qu'il appelle "la nouvelle géographie du christianisme". (mise à jour le 24/9)




 



Ces fautes sont-elles vraiment si petites?

J'ai particulièrement été touchée par les propos très à contre-courant, incommodes, qu'il a tenus lors de la rencontre avec les représentants du Conseil de l'Eglise évangélique dans la Salle du Chapitre de l'ex-couvent augustinien de Erfurt: il a réglé sévèrement son compte à un certain victimisme à la mode, même quand les victimes sont des "petits". Lui ose dire que la faute est partagée, et c'est aussi le cas de la drogue (source):

Aujourd'hui, on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous pensent que Dieu doit être généreux, et, qu'à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos fautes.
Mais ces fautes sont-elles vraiment si petites? Le monde n'est-il pas dévasté à cause de la corruption des grands, mais aussi à cause de celle des petits, qui pensent seulement à leurs propres intérêts? N'est-il pas dévasté par le pouvoir des drogues, qui vit du désir de vie et d'argent d'une part, et de l'autre, par l'addiction à la jouissance des personnes qui lui sont adonnées? ...
Non, le mal n'est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie...
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Une conception erronée de l'oecuménisme

Dans le message video qu'il avait enregistré avant son départ, le Saint-Père avait bien pris soin de dire qu'il ne fallait pas attendre de gestes spectaculaires, dans le domaine de l'oecuménisme.

Nous n'attendons aucun événement sensationnel: En effet, la vraie grandeur de l'événement consiste précisément en ceci, qu'en ce lieu, ensemble nous puissions réfléchir, écouter la Parole de Dieu et prier, et ainsi nous serons intimement proches et un véritable œcuménisme se manifestera.

Il l'a répété en termes assez vifs (il me semble) lors de la cérémonie oecuménique au couvent d'Erfurt:

A la veille de ma visite, on a parlé plusieurs fois d'un don œcuménique de l'hôte, que l'on attendait de cette visite. Il n'est pas nécessaire que je spécifie les dons mentionnés dans ce contexte. A ce sujet, je voudrais dire que ceci constitue une mauvaise compréhension politique de la foi et de l'œcuménisme. Avant la visite d'un chef d'état à un pays ami, des contacts préparent la signature d'un ou de plusieurs accords. Dans l'évaluation des avantages et des désavantages, les deux parties sont parvenues à un compromis avantageux... Mais la foi des chrétiens ne se base pas sur une évaluation de nos avantages et désavantages.




Au stade Olympique de Berlin (22/9)

Dans son homélie, le Saint-Père a évoqué la parabole de la vigne et des sarments de l'Evangile du jour: Lorsque Jésus dit Je suis la vraie vigne, cela "signifie Je suis vous et vous êtes moi, une identification inouïe du Seigneur avec nous, avec son Eglise... Il continue à vivre dans son Eglise en ce monde. Il est avec nous, et nous sommes avec lui". Dans la parabole, le Christ dit: le Père est le vigneron qui coupe les sarments secs et émonde ceux qui portent du fruit pour qu'ils portent davantage de fruit. Cette image signifie que Dieu "veut nous donner une vie nouvelle et pleine de force. Le Christ est venu appeler les pécheurs. Ce sont eux qui ont besoin du médecin... Ainsi, comme le dit le Concile Vatican II, l'Eglise est le 'sacrement universel du salut' qui existe pour les pécheurs, pour leur ouvrir la voie de la conversion, de la guérison et de la vie. C'est la vraie et grande mission de l'Eglise, que le Christ lui a conférée".

Cependant, a poursuivi le Pape, "certains regardent l'Eglise en s'arrêtant sur son aspect extérieur. L'Eglise apparaît alors seulement comme l'une des nombreuses organisations qui se trouvent dans une société démocratique, selon les normes et les lois de laquelle le concept d'Eglise qui est difficilement compréhensible en lui-même, doit ensuite être jugée et traitée. Si on ajoute encore à cela l'expérience douloureuse que dans l'Eglise, il y a des bons et des mauvais poissons, le bon grain et l'ivraie, et si le regard reste fixé sur les choses négatives, alors ne s'entrouvre plus le mystère grand et profond de l'Eglise... Par conséquent, ne sourd plus aucune joie pour le fait d'appartenir à cette vigne qui est l'Eglise. Insatisfaction et mécontentement se diffusent, si on ne voit pas se réaliser les propres idées superficielles et erronées sur l'Église et les propres rêves d'Eglise!".

Toutefois, le Pape a expliqué que Jésus nous invite à demeurer en lui "de même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s'il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi... Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche; on les ramasse et on les jette au feu et ils brûlent... Le choix demandé ici nous fait comprendre, de façon insistante, la signification existentielle de notre décision de vie. En même temps, l'image de la vigne est un signe d'espérance et de confiance. En s'incarnant, le Christ lui-même est venu dans ce monde pour être notre fondement. Dans chaque nécessité... Dieu sait transformer en amour aussi les choses pesantes et opprimantes dans notre vie.
Il est important que nous 'demeurions' dans la vigne, dans le Christ". Il est important qu'"à notre époque d'activisme et d'arbitraire où aussi tant de personnes perdent orientation et appui; où la fidélité de l'amour dans le mariage et l'amitié est devenue si fragile et de brève durée...le Seigneur ressuscité nous offre un refuge, un lieu de lumière, d'espérance et de confiance, de paix et de sécurité...il y a avenir, vie et joie dans le Christ".

Le Saint-Père a ensuite souligné que demeurer dans le Christ signifie "demeurer aussi dans l'Eglise. La communauté entière des croyants est solidement unie dans le Christ, la vigne... Dans cette communauté Il nous soutient et, en même temps, tous les membres se soutiennent mutuellement... Nous ne croyons pas seuls, mais nous croyons avec toute l'Eglise. En en tant qu'annonciatrice de la Parole de Dieu, l'Eglise et dispensatrice des sacrements nous unit au Christ, la vraie vigne... L'Eglise est le don le plus beau de Dieu... Avec l'Eglise et dans l'Eglise, nous pouvons annoncer à tous les hommes que le Christ est la source de la vie, qu'Il est présent, qu'Il est la grande réalité après laquelle nous soupirons... Celui qui croit au Christ a un avenir. Parce que Dieu veut ce qui est fécond et vivant, la vie en abondance". Pour terminer, il a exprimé le souhait que les fidèles découvrent "toujours plus profondément la joie d'être unis au Christ dans l'Eglise, de pouvoir trouver dans vos besoins réconfort et rédemption et de devenir toujours davantage le vin délicieux de la joie et de l'amour du Christ pour ce monde".




RENCONTRE AVEC LES MUSULMANS

Ce matin à 9 h, à la nonciature, Benoît XVI a reçu les représentants des diverses communautés musulmanes présentes en Allemagne (texte complet ici). Les musulmans sont 4, 5 millions à 70% d'origine turque, le reste provenant des Balkans, des pays arabes et d'Iran. Ils sont à 75% sunnites et la plus ancienne mosquée se trouve à Berlin, ville abritant la communauté la plus nombreuse. Dans son discours, le Pape a d'abord rappelé que depuis "l'établissement dans les années 70 de nombreuses familles musulmanes, l'Islam est devenu un trait distinctif du pays", puis a souligné combien la connaissance et la compréhension réciproques sont essentielles "non seulement pour une cohabitation pacifique, mais aussi pour l'apport que chacun est en mesure d'apporter au bien commun de la société".
Beaucoup de musulmans, a-t-il poursuivi, "attribuent une grande importance à la dimension religieuse. Cela est interprété, parfois, comme une provocation dans une société qui tend à marginaliser cet aspect ou à l'admettre tout au plus dans la sphère des choix individuels de chacun.
L'Église catholique s'engage fermement pour que soit donnée la juste reconnaissance à la dimension publique de l'appartenance religieuse.
Il s'agit d'une exigence qui ne devient pas insignifiante dans le contexte d'une société majoritairement pluraliste. Il faut faire attention, cependant, à ce que le respect envers l'autre soit toujours maintenu. Le respect réciproque grandit seulement sur la base de l'entente sur quelques valeurs inaliénables, propres à la nature humaine, surtout l'inviolable dignité de toute personne...

En Allemagne - comme en de nombreux autres pays, pas seulement occidentaux - ce cadre de référence commun est représenté par la Constitution, dont le contenu juridique est contraignant pour chaque citoyen, qu'il appartienne ou non à une confession religieuse. Naturellement le débat sur la meilleure formulation de principes comme la liberté de culte public, est vaste et toujours ouvert, toutefois le fait que la Loi Fondamentale les exprime d'une façon encore valable aujourd'hui, à plus de 60 ans de distance, est significatif".
Un tel texte, s'est-il demandé, élaboré à une époque historique radicalement différente, dans une situation culturelle presque uniformément chrétienne, est-il adapté à l'Allemagne d'aujourd'hui vit dans le contexte de la mondialisation et du pluralisme religieux. La raison de ceci, a poursuivi Benoît XVI, "se trouve dans le fait que les constituants eurent pleinement conscience, en ce moment important, de devoir chercher un terrain solide, sur lequel tous les citoyens pouvaient se reconnaître. En cela, ils ne faisaient pas abstraction de leur propre appartenance religieuse... Toutefois ils savaient devoir se confronter avec des hommes ayant une base confessionnelle différente voire non religieuse, et le terrain commun fut trouvé dans la reconnaissance de droits inaliénables, propres à la nature humaine... De cette façon une société substantiellement homogène a posé le fondement que nous reconnaissons valable pour une société pluraliste. Ce fondement indique aussi des limites évidentes à ce pluralisme, car il n'est pas pensable qu'une société puisse se maintenir à long terme sans un consensus sur les valeurs éthiques fondamentales. Sur la base de tout ce que je viens de dire, j'estime qu'une collaboration féconde entre chrétiens et musulmans est possible... En tant que personnes religieuses, et à partir de nos convictions respectives, nous pouvons offrir un témoignage important dans de nombreux secteurs de la vie sociale. Je pense, par exemple, à la sauvegarde de la famille fondée sur le mariage, au respect de la vie à toutes ses phases ou à la promotion de la justice sociale".




A Erfurt, avec les protestants

Après sa visite à la cathédrale de Erfurt, Benoît XVI s'est rendu à l'ancien couvent des augustins, pour y rencontrer le Conseil de l'Eglise évangélique d'Allemagne, qui regroupe 22 Eglises luthériennes et compte plus de 24 millions de fidèles (30% de la population allemande). Il a été accueilli par le Pasteur Nikolaus Schneider, Président de l'Eglise évangélique d'Allemagne, et par Mme Ilse Junkermann, Evêque de l'Eglise évangélique de Thuringe (Allemagne Centrale), qui l'ont conduit à la salle capitulaire, restée intacte depuis le temps où Luther était moine.
Discours entier ici.

Exprimant son émotion d'Evêque de Rome à se trouver là où Martin Luther a étudié et a été ordonné prêtre en 1507, Benoît XVI a rappelé que "la question de Dieu fut la passion profonde et le ressort de sa vie et de tout son itinéraire. Elle "se trouvait derrière chacune de ses recherches théologiques et de son combat intérieur...
Qui, en effet, se préoccupe aujourd'hui de cela, même parmi les chrétiens?... La plus grande partie des gens, chrétiens compris, tient aujourd'hui pour acquis que Dieu, en dernière analyse, ne s'occupe plus de nos péchés et de nos vertus...

Aujourd'hui, on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous pensent que Dieu doit être généreux, et, qu'à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos fautes. Mais ces fautes sont-elles vraiment si petites? Le monde n'est-il pas dévasté à cause de la corruption des grands, mais aussi à cause de celle des petits, qui pensent seulement à leurs propres intérêts? N'est-il pas dévasté par le pouvoir des drogues, qui vit du désir de vie et d'argent d'une part, et de l'autre, par l'addiction à la jouissance des personnes qui lui sont adonnées? N'est-il pas menacé par la disposition croissante à la violence qui se revêt souvent de la religiosité? La faim et la pauvreté pourraient-elles dévaster autant de parties entières du monde si, en nous, l'amour de Dieu et, à partir de lui, l'amour pour le prochain, pour les créatures de Dieu, les hommes, étaient plus vivants?... Non, le mal n'est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie....
Quelle est la position de Dieu à mon égard, et comment je me situe moi face à lui? Cette question brûlante de Martin Luther doit redevenir, certainement sous une forme nouvelle, notre question".

Dieu, le Dieu unique, le Créateur du ciel et de la terre, a poursuivi le Saint-Père, "est quelque chose d'autre qu'une hypothèse philosophique sur les origines du cosmos. Il a un visage et il nous a parlé. En Jésus il est devenu l'un de nous... Mais qu'a à voir tout cela avec la situation œcuménique? Tout cela n'est peut-être seulement qu'une tentative d'éluder, avec tant de paroles, les problèmes urgents dans lesquels nous attendons des progrès pratiques, des résultats concrets ?
A ce sujet, je réponds : la chose la plus nécessaire pour l'œcuménisme est par-dessus tout que, sous la pression de la sécularisation, nous ne perdions pas presque par inadvertance les grandes choses que nous avons en commun, qui en elles-mêmes nous rendent chrétiens et qui sont restées comme don et devoir. C'était l'erreur de l'âge confessionnel (traduction?) d'avoir vu en majeure partie seulement ce qui sépare, et de ne pas avoir perçu de façon existentielle ce que nous avons en commun dans les grandes directives de l'Ecriture et dans les professions de foi du christianisme antique. Le grand progrès œcuménique des dernières décennies est que nous nous soyons rendu compte de cette communion et que nous pouvons la reconnaître comme notre fondement impérissable".

"Ces derniers temps, la géographie du christianisme a profondément changé et est en train de continuer à changer. Devant une forme nouvelle de christianisme, qui se diffuse avec un immense dynamisme missionnaire, parfois préoccupant dans ses formes, les Églises confessionnelles historiques restent souvent perplexes. C'est un christianisme de faible densité institutionnelle, avec peu de bagage rationnel et encore moins de bagage dogmatique et aussi avec peu de stabilité. Ce phénomène mondial nous place tous devant la question de savoir ce qu'est cette nouvelle forme de christianisme... Qu'est-ce qui demeure valable, peut ou doit être changé, par rapport à la question de notre choix fondamental dans la foi...

Le second défi pour la chrétienté tout entière est la sécularisation du monde, dans lequel nous devons vivre et témoigner aujourd'hui notre foi. L'absence de Dieu dans notre société se fait plus pesante, l'histoire de la Révélation...semble reléguée dans un passé qui s'éloigne". Voilà pourquoi "la foi doit être repensée et surtout vécue d'une manière nouvelle... Si l'édulcoration de la foi ne peut pas nous venir en aide, la tâche centrale est de la vivre entièrement au quotidien. Et c'est une tâche œcuménique centrale. En cela nous devrions nous entraider à croire de façon plus profonde et plus vivante. Ce ne seront pas les tactiques qui nous sauveront, qui sauveront le christianisme, mais une foi repensée et vécue d'une façon nouvelle, par laquelle le Christ, et avec lui le Dieu vivant, entre dans notre monde... Vécue au plus profond de nous, dans un monde sécularisé, la foi demeure la force œcuménique la plus forte qui nous réunit, nous guidant vers l'unité dans l'unique Seigneur".




UN TEMOIGNAGE CHRETIEN COMMUN (Erfurt)

A midi en l'église de l'ancien couvent des augustins d'Erfurt, en présence de 300 personnes, le Saint-Père a pris part à la cérémonie oecuménique, au cours de laquelle l'Evêque évangélique local, le Docteur Friedrich Weber a lu le psaume 146, dans la traduction de Martin Luther. Après le salut introductif de la Présidente du Synode de l'Eglise évangélique d'Allemagne, Mme Katrin G.Eckardt, Benoît XVI a récité la prière pour l'unité des chrétiens. Puis le Cardinal Kurt Koch a lu la prière sacerdotale du Christ tirée de l'Evangile de Jean, avant que le Pape ne prononce l'homélie, dont voici les passages saillants:

"Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi". Ainsi parla Jésus à son Père... Dans cette prière de Jésus réside le lien profond de notre unité. Nous deviendrons un si nous nous laissons attirer dans cette prière... Mais la prière de Jésus a-t-elle été entendue? L'histoire du christianisme est, pour ainsi dire, le côté visible du drame dans lequel le Christ lutte et souffre avec nous les hommes. Ainsi doit-il supporter notre opposition à l'unité, mais aussi notre désir d'unité avec lui et avec la Trinité.... Voici pourquoi, dans une rencontre œcuménique, nous ne devrions pas seulement déplorer les divisions et les séparations, mais bien remercier Dieu pour tous les éléments d'unité qu'il a conservés pour nous et qu'il nous donne toujours de nouveau. Et cette gratitude doit en même temps être disponibilité à ne pas perdre, dans une époque de tentation et de périls, l'unité ainsi donnée. L'unité fondamentale consiste dans le fait que nous croyons en Dieu, le Père tout-puissant, le Créateur du ciel et de la terre... L'unité suprême n'est pas solitude d'une monade mais unité par l'amour. Nous croyons dans le Dieu concret, dans le fait qu'il nous a parlé et s'est fait l'un de nous. Témoigner de ce Dieu vivant est notre tâche commune".

"La soif d'infini est indéracinable dans le coeur de l'homme qui, créé pour être en relation avec Dieu, a besoin de lui. Notre premier service œcuménique doit être de témoigner ensemble de la présence du Dieu vivant, et de donner au monde la réponse dont il a besoin. Naturellement, de ce témoignage fondamental rendu à Dieu, fait ensuite partie, de façon absolument centrale, le témoignage rendu à Jésus-Christ, vrai homme et vrai Dieu, qui a vécu avec nous, a souffert pour nous, est mort pour nous et, dans sa résurrection, a ouvert tout grand la porte de la mort. Chers amis, fortifions-nous dans cette foi! Aidons-nous mutuellement à la vivre! Ceci est une grande tâche œcuménique qui nous introduit au cœur de la prière de Jésus. Le sérieux de la foi en Dieu se manifeste dans le fait de vivre sa parole. Il se manifeste très concrètement de nos jours dans l'engagement en faveur de l'être humain, cette créature qu'il a voulue à son image. Nous vivons dans un temps où les critères de l'être homme sont remis en question. L'éthique est remplacée par le calcul des conséquences. Face à cela, les chrétiens doivent défendre la dignité de l'homme, de la conception à la mort, dans la question du diagnostic préimplantatoire jusqu'à celle de l'euthanasie... Sans la connaissance de Dieu, l'homme devient manipulable. La foi en Dieu doit se concrétiser dans notre engagement commun pour l'homme. De cet engagement pour l'homme, font partie non seulement ces critères fondamentaux d'humanité, mais surtout et très concrètement l'amour que Jésus nous enseigne dans la description du Jugement dernier: le Juge nous jugera selon la façon dont nous nous serons comportés vis à vis nos proches et des plus petits de nos frères. La disponibilité à aider...au-delà de son propre milieu de vie est une tâche essentielle du chrétien. Ceci vaut avant tout dans le domaine de la vie personnelle, puis sans celle de la communauté d'un peuple et d'un état, où tous doivent s'entraider. Ceci vaut pour notre continent, où nous sommes appelés à la solidarité européenne, ainsi qu'au-delà de ces les frontières. La charité chrétienne exige aussi aujourd'hui notre engagement pour la justice dans le vaste monde".

Le sérieux de la foi, a poursuivi Benoît XVI, "se manifeste dans la manière de vivre la Parole qui inspire certaines personnes à se mettre totalement à la disposition de Dieu, et à partir de Dieu, des autres...
A la veille de ma visite, on a parlé plusieurs fois d'un don œcuménique de l'hôte (ndlr: mais dans le message video qu'il avait enregistré avant son départ, le Saint-Père avait bien pris soin de dire qu'il ne fallait pas attendre de gestes spectaculaires), que l'on attendait de cette visite. Il n'est pas nécessaire que je spécifie les dons mentionnés dans ce contexte. A ce sujet, je voudrais dire que ceci constitue une mauvaise compréhension politique de la foi et de l'œcuménisme. Avant la visite d'un chef d'état à un pays ami, des contacts préparent la signature d'un ou de plusieurs accords. Dans l'évaluation des avantages et des désavantages, les deux parties sont parvenues à un compromis avantageux... Mais la foi des chrétiens ne se base pas sur une évaluation de nos avantages et désavantages. Une foi auto-construite est privée de valeur. La foi n'est pas quelque chose que nous concoctons ou déterminons. Elle est le fondement sur lequel nous appuyons notre existence. L'unité grandit non grâce à l'évaluation d'avantages et de désavantages, mais seulement en pénétrant toujours plus profondément dans la foi grâce à la pensée et à la vie. De cette manière, au cours des cinquante dernières années, et en particulier à partir de la visite de Jean-Paul II, il y a trente ans, s'est développée une plus grande entente, dont nous ne pouvons qu'être reconnaissants".

Evoquant pour conclure la rencontre avec la commission conduite par l'évêque luthérien Lohse, où protestants et catholiques "se sont exercés ensemble à pénétrer profondément dans la foi grâce à la pensée et à la vie", Benoît XVI a remercié tous les participants: Ensemble, a-t-il dit, "nous ne pouvons que remercier le Seigneur pour les chemins de l'unité sur lesquels il nous conduit, et nous associer humblement à sa prière, Fais que nous devenions un, comme tu es un avec le Père, pour que le monde croie qu'il t'a envoyé". Après la récitation commune du Pater, le Pape a béni l'assemblée tandis que le Pasteur Schneider récitait la formule de Aaron.




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