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SCHIZOPHRÉNIE JOURNALISTIQUE
 

Retour sur la couverture du voyage en Allemagne. (25/9/2011)




 
 

Chaque déplacement du Saint-Père à l'étranger est une occasion pour s'intéresser au traitement par les medias français.
Celui en Allemagne n'échappe pas à cette règle, et le constat est assez accablant (Henri Tincq qui sévit désormais sur Slate livre un commentaire digne de Hans Küng, auquel je préfère ne pas donner de publicité).

Créditons le Figaro d'être le seul quotidien français, avec La Croix, à avoir conservé un envoyé spécial à Rome. Ce n'est pas rien. S'il venait à ne plus y en avoir aucun, ce serait peut-être dramatique.
J'ai peut-être été trop sévère avec lui (pas avec ses "confrères"), hier, en m'interrogeant: Salle de presse = nid de frelons? , et je suis toute prête à faire amende honorable pour lui. Certes, il manifeste une certaine schizophrénie, d'un côté, une réelle et grande admiration (voire affection) pour le "Pape Ratzinger" et de l'autre, la peur de passer pour papolâtre auprès de ses lecteurs, de ses confrères, de sa rédaction: mais je me sens pas de le critiquer sur ce point, seul mon relatif anonymat me concède une totale liberté, qu'il ne peut pas avoir.

La couverture par Jean Marie Guénois du voyage du Pape dans sa terre natale mérite donc beaucoup plus d'éloges que de critiques, comme en témoignent ces 5 articles qu'il y a consacrés sur son blog, un espace où il se concède, dit-il, une certaine liberté de ton:




 
L'Eglise catholique allemande est au plus mal
En Allemagne Benoît XVI opte pour une stratégie de conciliation
Que retenir de la première journée de voyage de Benoît XVI en Allemagne?
Que retenir de la deuxième journée de Benoît XVI en Allemagne?
Que retenir du 3° jour de voyage de Benoît XVI en Allemagne?



Extraits

La confirmation d'une méthode Benoît XVI.
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Au début du pontificat on gaussait facilement sur le « style Benoît XVI » toujours baigné que nous étions dans une comparaison gestuelle avec son prédécesseur qui nous avait habitués à cela. Mais le vrai style Benoit XVI n'est pas dans les dentelles de surplis liturgiques qu'il semble affectionner. Il est dans sa méthode d'action qui s'apparente à une sorte de judo où la force de l'autre est utilisée, presque en douceur, sans rapport de force mais plutôt soustraction de force, pour l'entraîner là où il n'a pas prévu d'aller (ndlr: il me semble que c'est assez bien vu, et cela s'applique aussi à la "stratégie" avec les lefebvristes).
Deux exemples en deux jours : hier, au Reichstag où il a utilisé l'argument central de Verts (dont une partie avait boycotté la séance) à savoir le respect de la nature pour démontrer que le concept de « loi naturel » souvent sollicité par l'Eglise non seulement n'est pas « chrétien » mais il est rationnel puisque les Verts l'ont perçu sans aucune référence religieuse.
Second exemple, aujourd'hui, avec les Protestants. Où le Pape a pénétré dans la logique centrale de leur démarche (la question fondamentale que se posa Luther) pour la revisiter et en tirer des conséquences.
Ce Pape ne fait pas autre chose dans l'Eglise catholique : revisiter de l'intérieur les racines qui paraissaient obsolètes pour démontrer qu'elles peuvent être des sources encore vives pour l'avenir.
De l'extérieur, certains qualifient cela d'attitude réactionnaire ou ultraconservatrice. Je pense que cette méthode (ndlr: manque de clarté??) intellectuelle est redoutablement subversive.

Le pessimisme « ratzinguérien »?
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Je commence franchement à me demander si le reproche structurel, souvent adressé à ce Pape, est justifié. Ce pessimisme sur la société actuelle, cette vision, déçue par l'évolution du monde libéré du nazisme puis du communisme - il a encore cité cet exemple aujourd'hui - qui n'en a pas pour autant choisi la voie du supplément d'âme mais celle du supplément d'argent.
Comme si l'état émotif de cet homme de 84 ans était définitivement marqué par la contrariété, la désillusion et pourquoi pas, la déprime intellectuelle. N'a-t-il pas parlé, samedi matin, des « pluies acides » brunes, le nazisme, rouges, le communisme, qui ont rongé pour longtemps le terreau chrétien allemand, l'altérant encore de leurs « séquelles » ? Ou encore du « relativisme subliminal » qui nous atteindrait à notre insu ?
Plus qu'une sorte de matrice émotionnelle d'un homme de sa génération, je vois plutôt la lucidité d'un vieux sage qui a beaucoup vu - on le mesure ici en Allemagne - et qui n'a plus aucun complexe pour dire ce qu'il pense avant de tirer sa révérence. Un homme libre, au fond, qui n'a rien à perdre, rien à gagner et ne cherche pas spécialement à convaincre (ndlr: là, je ne partage pas cette affirmation: il cherche passionément à convaincre au contraire, mais il sait que sa parole ne sera pas entendue, ne serait-ce que physiquement) mais argumente solidement ses propos.
On va me dire que je suis papiste, admiratif, sans distance (ndlr: nous y sommes!!!!): pensez ce que bon vous semble ! C'est le rôle de ce blog de susciter un échange le plus proche du vrai et dans la liberté totale pour en débattre. J'essaye de pousser mon travail de journaliste aussi loin que possible pour tenter de vraiment comprendre ce qui se passe et ne pas rester à la surface de l'information « clic » lue sur un écran et qui doit être par conséquent vraie puisqu'elle a été publiée !
Mais pourquoi, beaucoup de confrères ou d'intellectuels ou de gens simples qui n'ont pas eu la chance (ndlr: dans l'état où est la "culture" actuellement, il est permis de se demander s'il s'agit bien d'une chance...) d'accéder à la culture, et qui ne sont pas spécialement croyants me disent, sachant que ce domaine religieux est ma spécialité, leur « admiration » personnelle et discrète pour la simplicité, l'honnêteté, la lucidité sur nos problèmes de cet homme qui commence à se voûter?




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