La France en grève

Sous le titre "L'homme pressé de l'Elysée face au troisième tour social", le site Polemia livre une première analyse du "novembre social chargé" de Sarkozy.

Je retiens plus particulièrement le constat de la perte du sens de l'intérêt général (la perte du sens collectif) dans une société ahurie par les préoccupations du court terme et dominée par les égoïsmes catégoriels : cela rejoint ce qui avait été dit ici: L'hiver démographique de l'Europe .

Est-ce que, d'une certaine façon, ce constat ne rejoint pas aussi les mises en garde du Saint-Père contre un monde privé de transcendance, qui veut tout quantifier, et qui perdu le sens du sacré? Un monde dont Dieu est absent, au fond?

La gouvernance "médiatique" de Sarkozy avait déjà été évoquée sur le même site dans un éditorial intitulé: Sarkozy, un krach médiatique est-il possible?
L'auteur y dénonçait , dans "la méthode Sarkozy" , la "culture de l’apparence, non du résultat", prévoyant après "l'apothéose du virtuel, la revanche du réel".
Cette revanche va-t'elle arriver plus tôt que prévu? Ce n'est pas à souhaiter, mais le risque se profile.



Novembre 2007 : l’homme pressé de l’Elysée face au « troisième tour social »


Agitation dans les universités, manifestation des gardiens de prison, grève des cheminots, des électriciens, des gaziers, des agents RATP, grève des fonctionnaires, grève des services judiciaires : comme en 1986 et en 1995 l’actualité sociale de novembre 2007 est chargée.
C’est l’heure du « troisième tour social ».

1/ Les atouts de l’exécutif
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– Nicolas Sarkozy a recueilli en mai 2007 un large vote d’adhésion. Il a été élu sur le thème de la « rupture » et la réforme des régimes spéciaux de retraite faisait partie du programme présidentiel. L’exécutif dispose donc de la légitimité pour agir.
– Sur le fond, les raisons démographiques et économiques de la réforme des régimes spéciaux sont fortes ...
– Enfin, les grèves paralysantes sont impopulaires dans l’opinion...

2/ Les motivations des gréviste
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Dans une société ahurie par les préoccupations du court terme et dominée par les égoïsmes catégoriels, l’argument de bons sens sur l’allongement de la vie est peu entendu. Beaucoup de salariés du secteur public sont convaincus de leur bon droit à défendre leurs « acquis sociaux ». Pour eux le gouvernement veut rompre le contrat implicite qu’ils sont persuadés avoir passé : des salaires plus modestes (ce qui est loin d’être le cas général), en échange de régimes sociaux plus généreux....
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3/ Un exécutif fragile
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Au pouvoir depuis moins de six mois l’exécutif est déjà fragile :
Il l’est d’abord par la perte du sens collectif : la campagne électorale présidentielle a peu porté sur les grands enjeux nationaux ; elle a été l’occasion d’un kaléidoscope de promesses catégorielles effectuées à travers des opérations médiatiques ; alors chaque citoyen n’a voulu retenir que ce qui l’arrangeait : il n’y a eu nulle part mise en cohérence des propositions, encore moins mise en évidence des grands déséquilibres financiers et sociaux alors qu’il faudra pourtant bien redresser les comptes.
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– ...la principale fragilité de l’exécutif c’est sa faible crédibilité en matière de « fermeté » ; malgré les mâles déclarations de Nicolas Sarkozy et de François Fillon, les syndicats ont la certitude que le gouvernement cédera, comme en 1986 et en 1995. Comme en 2005, aussi, sur le Contrat première embauche (CPE) où les manifestants anti-Villepin avaient alors reçu le soutien de fait d’un certain… Nicolas Sarkozy. De même la visite du président de la République aux marins pêcheurs le 5 novembre 2007 et la promesse qui leur fut alors accordée d’une compensation de la hausse du prix du pétrole par la baisse de leurs charges est, au-delà du compréhensible appui public à cette profession exposée, un dangereux message d’encouragement à toutes les revendications. Message qui pourrait notamment être entendu par les chauffeurs de taxi et les routiers.
– Plus globalement, la gouvernance médiatique de Nicolas Sarkozy est potentiellement dangereuse. Elle nécessite des résultats rapides et spectaculaires. Or dans une négociation, celui qui est pressé est en position de faiblesse : c’est donc lui qui doit céder et reculer.