« Les grands journaux, La Vie catholique, Le Pèlerin, La Croix, Témoignage chrétien ont gagné la bataille de l’opinion et celle qui agitait les fidèles à l’époque. Leurs thèses l’ont emporté au point d’étouffer certaines vérités qu’ils redécouvrent aujourd’hui avec stupeur dans la bouche de Benoît XVI. » --------------------------- La crise de la presse catholique française, que constate, et explique avec des arguments très pertinents et chiffres à l'appui le site Ichtus, est à rapprocher de cet autre constat, celui que les églises se vident. Constat nuancé, cependant, car tous les titres ne sont pas logés à la même enseigne, certains, comme La Croix, tirent mieux leur épingle du jeu que d'autres. La raison est la même, dans les deux cas: la génération des "baby-boomers", celle qui a voulu démolir pour reconstruire, et qui a finalement échoué, vieillit. Le lectorat ne se renouvelle pas. ---------------------------- « [..] il y a ainsi quelque chose de pathétique dans les tentatives désespérées de ces journaux pour enrayer l’inexorable roue du temps, pour se donner les raisons de croire à un nouveau printemps, pour relancer leur diffusion. .... Les lecteurs de la « grande » presse catholique sont de plus en plus âgés, ce qui n’a rien d’une tare en soi. Mais ce qui signifie que la presse catholique ne renouvelle plus son lectorat, qu’elle ne recrute plus dans les jeunes générations, qu’elle vieillit lentement avec ses lecteurs. Les titres catholiques ont échoué dans l’objectif qu’ils poursuivent depuis des décennies : « franchir la barrière du baby-boom ». Un échec qui vaut condamnation à terme. Et les budgets des grands groupes, les campagnes de recrutement, les nouvelles formules, les changements de maquette ou de ligne éditoriale n’y font rien. Elle est devenue ce que les éditeurs de presse appellent avec frayeur une « presse générationnelle », parce qu’elle correspond aux attentes d’une seule génération. Une génération, celle de l’après-guerre, qui aura beaucoup reçu et... bien peu transmis. Elle n’aura en tous cas guère su transmettre ses lectures, pas plus que sa foi chrétienne.» ---------------------------- De changement de nom à renoncement à leur identité , de "La Vie Catholique" à "La Vie" tout court (comme si catholique était un mot honteux, ou un répulsif...), à force d'épouser les idées du siècle, de suivre toutes les modes, de cautionner tous les combats douteux, ces journaux ont tout perdu, jusqu'à leur raison d'être. Quand on sait, de plus, que La Vie a été racheté par Le Monde en même temps que Télérama, et que Témoignage Chrétien "n’a échappé au dépôt de bilan que grâce au secours du Monde, du Monde diplomatique, de Bayard Presse et surtout, du chrétien de gauche et fondateur de la société Nouvelles Frontières, Jacques Maillot, entré à plus de 30% dans son capital", on a tout dit...
A la veille de la mise en application du Motu Proprio de Benoît XVI pour ce que la presse persiste à appeler "le retour de la messe en latin", la leçon revêt une signification particulière. La conclusion de l'article nous invite à la méditer. ------------------------------ « L’arroseur arrosé Ces journaux s’aperçoivent bien tard qu’ils ont cédé à une mode et que les modes passent. L’Eglise, elle, demeure. Ils ont profité de cette ébullition passagère ? Ils souffrent du changement de souffle, du retour à ces fondamentaux qu’ils avaient enterré un peu vite, dans l’euphorie d’une créativité pas toujours maîtrisée.
C’est le syndrome bien connu de l’arroseur arrosé. La presse catholique a si bien rué dans les brancards, si bien participé aux luttes et aux polémiques d’une époque et d’une génération qu’elle a soigneusement scié la branche sur laquelle elle était assise. Elle meurt faute de combattants.
A nous, catholiques d’aujourd’hui, reste le mot rageur que Musset adressait à Voltaire : « Il est tombé sur nous cet édifice immense que de tes larges mains tu sapais nuit et jour ». A nous le soin de rebâtir, désormais sous vents contraires, tout ce qu’une génération conduite par ces journaux d’influence, a détruit, elle, par vents favorables : journaux, mais aussi écoles, patrie.»
Article en entier ici: http://www.ichtus.fr/
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