R. Hossein monte un spectacle sur Jean-Paul II

Sans juger de la qualité du spectacle, que je n'ai pas vu, et que je n'ai pas envie de voir, je n'aime pas les commentaires de la presse, qui fait l'amalgame volontaire entre le sujet et la réalisation, et qui instruit le procès de l'un en prétendant critiquer l'autre.
Comme par exemple dans le Monde, qui titre ironiquemnt sur la "canonisation" du défunt Pape par Robert Hossein.
Tous les prétextes sont bons (et tans pis si c'est hors-sujet!) pour dénoncer "une institution aussi décriée que l'Eglise et un pape si peu consensuel en dehors des catholiques"..
Et le "journal de référence" est-il vraiment qualifié pour se montrer sourcilleux sur les contresens et les erreurs de la réalisation?
(Photo Papacy and the Vatican on Yahoo)



 

Le monde titre: Hossein canonise JPII

Robert Hossein canonise Jean Paul II au Palais des sports

LE MONDE | 22.09.07 |
Un pape sur la scène. En s'attaquant à la vie de Jean Paul II (1920-2005) dans son nouveau spectacle, N'ayez pas peur, au Palais des sports à Paris, Robert Hossein ne craint pas de tomber dans la démesure, l'hagiographie, le brouillage historique. Avec sa foi de néophyte, sa fascination pour un homme qu'il a rencontré deux fois, il n'a pas peur d'étaler les rites d'une institution aussi décriée que l'Eglise ni d'exposer un pape si peu consensuel en dehors des catholiques.
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SURVOL ET CONTRESENS

Hossein a compris que la grandeur de ce pape ne se réduisait pas à sa fonction. La première scène est celle de l'attentat de la place Saint-Pierre qui faillit faire de lui un martyr. Mais l'émotion ne survient que dans la deuxième partie, avec la rencontre d'Assise de 1986 et la prière de chaque chef religieux dans son rite.
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Et que de contresens. Elu pape en 1978, Jean Paul II paraît à la loggia de Saint-Pierre en... cardinal. La première scène, celle de l'attentat de 1981, est racontée par le cardinal Villot, secrétaire d'Etat et "narrateur", mort depuis deux ans déjà ! Remarquable en Wojtyla âgé et malade, l'acteur Marc Cassot est le même que le jeune Wojtyla de 58 ans, élu pape au conclave.
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Dans La Croix...

Sur le site de La Croix, Robert Hossein confie:
« J’ai choisi de ne cacher ni ses doutes ni ses erreurs, de montrer aussi ses cicatrices.... Ce qui est certain, c’est que je m’intéresse plus à l’homme qu’au pape. »
Et, paraît-il, il peste contre la prudence de l’Église. « Ne croyez pas que j’ai été bien reçu par les croyants ! », tonne-t-il, avant de glisser que plusieurs responsables ecclésiastiques se sont inquiétés à l’idée qu’il évoque tout – « même le préservatif ».
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Mais quel titre a Robert Hossein pour juger des "erreurs" de Jean-Paul II - dont il se trouve qu'il a été pape, pendant un quart de siècle, et donc autre chose qu'un simple homme? Qui plus est dans les colonnes d'un quotidien catholique?

Heureusement, et c'est sans doute le plan de Dieu, l'entreprise a un côté positif, celui qui m'avait frappée lorsque j'avais vu les affiches géantes annonçant le spectacle, devant le Palais des Congrès et dans le métro, en juin dernier, à Paris.
Des millions de gens les auront vues aussi. Et auront lue, même en contre-sens, la phrase devenue mythique "N'ayez pas peur"? Notre époque médiatique a besoin de ces raccourcis. En ce sens, c'est bien.

Mais le mot de la fin, c'est celui que je viens de lire sur le Forum Catholique.
J'y souscris entièrement, n'ayant pas peu honte de ne l'avoir pas ressenti avec suffisamment de force lorsque c'était le moment...
Maintenant, il me semble que je comprends. C'est le moment de le rappeler: Robert Hossein ne pouvait pas en parler, car cela ne rentre pas dans le discours dominant, même si c'est le leg le plus important du grand pape polonais.

L'héroïsme de sa fin

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La partie... la plus héroïque et la plus exemplaire d'un point de vue catholique, de la vie de jean-Paul II, a donc été omise: c'est sa fin.

Beaucoup y ont vu du voyeurisme indécent, pour ma part j'y ait vu un homme qui a voulu offrir ses souffrances jusqu'au bout, pour lutter contre l'euthanasie et par répercussion contre les avortements et montrer au monde qu'un homme restait un enfant de Dieu jusqu'à la fin.

C'était aussi un vibrant réquisitoire en faveur des personnes âgées, souvent si maltraitées, même lorsqu'on ne veut pas leur ôter la vie pour faire faire des économies aux différentes caisses de Sécurité S.

Cette fin héroïque face aux cameras alors que le Pape avait sa lucidité, et tandis qu'il ne voulait pas qu'on la lui prolonge artificiellement, est aussi un sublime exemple du refus de l'acharnement thérapeutique.

C'est aussi un rappel à tout chrétien que nous ne sommes pas éternels et qu'il nous faut dés notre naissance, nous préparer à la vie éternelle.

Je ne comprends pas très bien pourquoi personne ne met en exergue ce moment capital de sa vie. [..]
Puisque la mort est devenue indécente pour les hommes de notre temps... Et pour tous les modernistes de ce fait.

J'ai beaucoup aimé le pape dans ces derniers moments. Et s'il doit un jour être régulièrement béatifié, c'est sur ce moment de sa vie qu'il peut l'être, [car alors il s'est sans doute racheté de tous ses errements aux yeux de Dieu]. (dommage que la conclusion soit ce commentaire superflu, ndr)
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A propos de la fin héroïque de Jean-Paul II, Zenit propose une interview très émouvante d'Arturo Mari, récemment parti en retraite, après avoir été "le photographe de six papes", à lire ici: http://www.zenit.org/ .
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"Que dire, pendant un demi siècle, une accumulation de moments inoubliables. Surtout les derniers, ceux de la maladie de Jean Paul II. « Etant proche, je voyais sa souffrance, mais lui n’a jamais eu honte de s’exposer. Bien au contraire, il nous a fait comprendre ce que voulait dire être malade et handicapé ». "