Dimanche 23 septembre, Velletri

Le Pape a effectué ce dimanche 23 septembre une visite pastorale à Velletri, au sud de Rome, où il a célébré la messe devant la cathédrale. Depuis 1993 et jusqu'à son élection, Benoît XVI a été Evêque suburbicaire de Velletri-Segni, titre cardinalice détenu depuis par le Cardinal Francis Arinze, Préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. (VIS)
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"Moraliser le capitalisme"

Lors de l'homélie, puis peu après, de l'Angelus, prononcé à Castelgandolfo, il a développé un thème qui lui est cher (et auquel il devrait consacrer sa prochaine encyclique), sur un mode qui ne concède rien à l'air du temps, la Doctrine sociale de l'Eglise. Et il a prouvé, une fois de plus, que rien de ce qui touchait l'homme, dans sa totalité, ne lui était indifférent.
Sans condamner le profit, qui est légitime, et le libéralisme, qui s'enracine dans "la liberté de la personne, qui s'exprime dans le domaine économique comme dans d'autres domaines", il avertit des dangers d'une économie dont le seul moteur serait l'appât du gain:
"La doctrine sociale catholique a toujours soutenu que la juste distribution des biens est prioritaire. Le profit est naturellement légitime et, dans la juste mesure nécessaire au développement économique" ... mais "si la logique du bénéfice domine, alors la disproportions entre les riches et les pauvres ainsi que la ruineuse exploitation de la planète augmente".

Dans une approche superficielle, on pourrait dire qu'il invite tout simplement à moraliser le capitalisme: or, il n'y a pas un homme politique actuel (et je ne parle pas seulement des dirigeants) dont le discours officiel s'écarte de cette position. Mais le discours du Pape est aussi éloigné sur cette question de celui des politiciens, que son admonestation à sauver la Création l'est du discours de l'écologie politique pratiquée par les "verts".
Il est intemporel, il est la voix du Bien.
La voie qu'il propose, c'est le message de l'Evangile. Et il prouve que ce n'est pas un message abstrait, mais qui nous concerne directement, aujourd'hui.

Les images de Spaziani   
   


Homélie

PARTAGE ET PROFIT
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A l'homélie, il a commenté la parabole du mauvais administrateur en critiquant l'excessif attachement à l'argent et aux biens matériels. La vie, a-t-il dit, "est souvent un choix entre honnêteté et malhonnêteté, entre fidélité et infidélité, égoïsme et altruisme, bien et mal". Puis il a souligné combien la conclusion du passage évangélique est "incisive et péremptoire: aucun serviteur ne peut servir deux maîtres", ce qui signifie en particulier qu'on ne peut servir ensemble Dieu et l'argent.

Puis le Saint-Père a rappelé "la nécessité d'un choix fondamental entre la logique du profit comme fin de toute action d'une part, le partage et la solidarité de l'autre. La première accroît de manière disproportionnée le fossé entre riches et pauvres, et provoque une désastreuse surexplotation de la planète. Par contre, si la seconde logique prévaut, on peut redresser la situation en faveur d'un développement juste, dans lequel le bien commun est respecté. Au fond, il s'agit d'un choix entre égoïsme et amour, entre justice et injustice, entre Dieu et Satan".

"Si aimer le Christ et nos frères -a ajouté Benoît XVI- n'est pas quelque chose d'accessoire et de superficiel, mais le véritable but de la vie, ce choix fondamental doit être fait. Pour ce, on doit être prêt à des changements radicaux, et si nécessaire au martyr. Aujourd'hui comme hier, la vie du chrétien exige le courage d'aller à contre-courant, d'aimer comme Jésus qui en est arrivé au sacrifice de la Croix".

Après la messe, le Pape a béni la colonne de bronze offerte l'an dernier par cent communes bavaroises pour commémorer son voyage apostolique en Allemagne et ses quatre-vingt ans, et dont il a fait cadeau au diocèse de Velletri-Segni. Une seconde colonne a été érigée à Marktl an Inn, le village natal de Benoît XVI. Puis il a salué les autorités locales avant de regagner Castelgandolfo pour l'angélus.

Images de L'Angelus   
Fotografia Felici   


Angelus

ARGENT ET EGOÏSME
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Benoît XVI a récité l'angélus dominical avec les fidèles rassemblés dans la cour du palais de Castelgandolfo. Avant la prière mariale, il a évoqué la visite qu'il venait d'effectuer dans le diocèse voisin de Velletri-Segni, où il avait parlé "de la juste utilisation des biens terrestres" en commentant l'Evangile de Luc qui rapporte la parabole de l'administrateur malhonnête mais rusé au moyen de laquelle Jésus apprenait aux disciples la meilleure façon d'utiliser les richesses matérielles.

"L'argent n'est pas le mal en soi, mais plus que toute autre chose, il peut renfermer l'homme dans un égoïsme aveugle. Il faut donc faire un certain usage des biens économiques. Au lieu de les utiliser seulement pour son intérêt propre, il faut aussi penser aux nécessités des pauvres, imitant Jésus qui...riche s'est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté".

"Nous pourrions ouvrir ici -a poursuivi le Pape- une grande et complexe réflexion sur la richesse et la pauvreté, y compris à l'échelle mondiale où se confrontent deux logiques économiques, le bénéfice et la distribution équitable des biens, qui ne se contredisent pas entre elles si leur relation est bien définie".

"La doctrine sociale catholique a toujours soutenu que la juste distribution des biens est prioritaire. Le profit est naturellement légitime et, dans la juste mesure nécessaire au développement économique". Benoît XVI a alors cité un passage de l'encyclique Centesimus Annus de Jean-Paul II: "l'économie moderne des entreprises a des aspects positifs, dont les racines sont la liberté de la personne qui s'exprime dans le domaine économique comme dans d'autres domaines", précisant cependant que "le capitalisme n'est pas l'unique modèle valable d'organisation économique".

"L'urgence d'éradiquer la faim et de protéger l'environnement -a conclu le Saint-Père- montrent avec une évidence croissante que si la logique du bénéfice domine, alors la disproportions entre les riches et les pauvres ainsi que la ruineuse exploitation de la planète augmente. Quand la logique du partage et de la solidarité dominent, il est alors possible de corriger la route et de l'orienter vers un développement équitable et soutenable".
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Source: VIS