Consistoire: l'homélie du Saint-Père

Résumé de l'homélie prononcée par le Saint-Père le 24 novembre.

"L'universalité, la catholicité de l'Église, se reflétent bien, par conséquent, dans la composition du Collège des Cardinaux..."
On constatera en particulier qu'il a répondu aux critiques concernant la composition "géopolitique" du Sacré Collège.
Cela vaut d'être souligné!
Version originale en italien sur le site Petrus.
Ma traduction

Consistoire: l'Église a 23 nouveaux Cardinaux prêts à la servir jusqu'à l'effusion du sang.
L'avertissement du Pape: "Soyez des serviteurs, et pas des arrivistes".


Une pensée particulière pour l'Iraq
Bruno Volpe
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Au cours du second Consistoire de son Pontificat pour la création de 23 nouveaux Cardinaux, Benoît XVI, en portant la Mitre et les parements liturgiques du Bienheureux Pie IX, rappelle que le vrai chrétien ne cherche pas de privilèges et de pouvoir, mais à vivre selon l'Évangile.
Avec une grande clarté, le Successeur de Pierre, en se référant aux Écritures, parle même de l'"arrivisme" des disciples de Jésus, qui tout en cheminant, conversaient sur qui était plus important.
"L'arrivisme - a dit le Pape - prend le dessus sur la peur qui pour un instant les avait assaillis, l'ambition pousse les fils de Zébédée à revendiquer pour eux-mêmes les meilleures places dans le monde messianique à la fin des temps. Dans la course aux privilèges, ils savent bien ce qu'ils veulent, tout comme les dix autres, malgré leur vertueuse indignation. En réalité, cependant, ils ne savent pas ce qu'ils demandent. C'est Jésus qui leur fait comprendre, en parlant en termes bien différents du ministère qui les attend ".

Et alors, en quoi consiste-t'il, lui aussi, le ministère des nouveaux Cardinaux ?
Voici la réponse cohérente du Pontife:
"Partager la mission de Jésus sans revendiquer aucune récompense. Le chrétien est appelé à assumer la condition de serviteur en suivant les traces de Jésus, en dépensant sa vie de manière gratuite et désinteressée. Pas la recherche du pouvoir et du succès, mais l'humble don de soi pour le bien de l'Église doit caractériser chacun de nos gestes et chacune de nos paroles. La vraie grandeur chrétienne ne consiste pas à dominer mais à servir ".
C'est pour cela que les 12 Apôtres se trompaient en revendiquant tel ou tel privilège: nous sommes des serviteurs inutiles, personne ne peut revendiquer de droits aux yeux de Dieu ni prétendre à quoi que ce soit pour ses mérites. Tout est don et abondance céleste. Ce que dit Benoît XVI, pas seulement aux néo-Cardinaux mais à tout le Sacré Collège, est une de ces exhortations qui partent du fond du coeur :
"Le Seigneur vous demande et vous confie le service de l'amour ; amour pour Dieu et pour son Église, le dévouement le plus grand et inconditionnel jusqu'à sanguinis effusionem , jusqu'au martyre, à l'effusion du sang".
Donc, ajoute le Pape, dans une Basilique vaticane archi-comble et très chaleureuse, "soyez des Apôtres de Dieu, qui est Amour, et des témoins de l'espoir évangélique: c'est ce qu'attend de vous le peuple chrétien ".
"Chacun de vous, chers et vénérés frères néo-cardinaux, représente une portion du corps mystique du Christ qui est l'Église répandue partout".

C'est un des passages les plus touchants de l'homélie.
"Je sais bien - souligne le Pontife - combien de fatigue et de sacrifice comporte aujourd'hui le soin des âmes, mais je connais la générosité qui soutient votre activité apostolique quotidienne. Et c'est justement la raison pour laquelle, dans la circonstance que nous vivons, il me tient à coeur de vous confirmer ma sincère appréciation pour le service fidèlement accompli durant tant d'années de travail dans les différents domaines du ministère ecclésial, service que désormais, avec l'élévation à la pourpre, vous êtes appelés à accomplir avec une responsabilité encore plus grande, en communion très étroite avec l'Évêque de Rome".

Le Pape sait qu'une telle responsabilité n'est pas exempte de risques, mais il cite Saint-Pierre : "Mieux vaut, si telle est la volonté de Dieu, souffrir en agissant pour le bien plutôt qu'en faisant le mal".
"Le Christ - met en garde le Pontife - vous demande d'accomplir tout cela avec douceur et respect, avec une conscience droite, c'est-à-dire avec cette humilité intérieure et cette totale générosité qui sont le fruit de la coopération avec la grâce de Dieu".
Le Pape rappelle donc la valeur du Consistoire, qui est toujours "une occasion providentielle pour offrir 'Urbi et Orbi', à la ville de Rome et au monde entier, le témoignage de cette singulière unité qui réunit les Cardinaux autour du Pape, Évêque de Rome : dans le Collège des Cardinaux revit ainsi l'ancien presbyterium de l'Évêque de Rome, dont les composantes ne lui faisaient pas manquer leur précieuse collaboration pour l'accomplissement des tâches de son ministère universel ".

Thème central du pre-Consistoire de vendredi, l'oecuménisme revient en cette circonstance solennelle dans les mots du Saint-Père:

"La diversité des membres du Collège cardinalice, tant par l'origine géographique que culturelle, met en relief et en évidence le changement des exigences pastorale auxquelles le Pape doit répondre.
L'universalité, la catholicité de l'Église, se reflétent bien, par conséquent, dans la composition du Collège des Cardinaux ".

Arrive enfin l'appel pour "la venue de la réconciliation souhaitée et de la paix" en Iraq et le témoignage de solidarité de l'Église vers la population chrétienne iraquienne.
Le Pape fait en particulier allusion à l'élévation à la dignité cardinalice du patriarche chaldéen de Baghdad, Emmanuel III Delly: "Je pense avec affection - affirme le Pontife en s'adressant aux nouveaux porporati - aux communautés confiées à vos soins et, de manière spéciale, à celles qui sont les plus éprouvées par la souffrance, les défis et les difficulté de toutes sortes."
Parmi celles-ci - dit-il -, comment ne pas tourner le regard avec appréhension et affection, en cet instant de joie, vers les chères comunnautés chrétiennes qui se trouvent en Iraq ? Nos frères et soeurs dans la foi expérimentent dans leur chair les conséquences dramatiques d'un conflit persistant et vivent au présent une situation politique plus que jamais fragile et délicate".
Benoît XVI souligne, par conséquent, qu'"en appelant à entrer dans le Collège des Cardinaux le Patriarche de l'Église Chaldéenne, j'ai entendu exprimer de manière concrète ma proximité spirituelle et mon affection pour ces populations".
"Nous voulons ensemble, chers et vénérés Frères, réaffirmer la solidarité de l'Église toute entière envers les chrétiens de cette terre bien-aimée - a conclu le Saint-Père - et inviter à invoquer de Dieu miséricordieux, pour tous les peuples impliqués, la venue de la réconciliation tant souhaitée, et de la paix".