Allocution de Michèle Alliot-Marie

... lors du déjeuner offert à la Villa Bonaparte en l’honneur du nouveau Cardinal André Vingt-Trois (à l'occasion du Consistoire).
Bien sûr, il s'agit d'un discours diplomatique. Bien sûr aussi, ce sont des propos convenus, qu'elle n'a pas probablement écrit elle-même.
Mais je n'ai pas envie de pincer les lèvres, comme certains.


 

Madame Alliot-Marie aurait très bien pu ne pas se déplacer. Ou ne pas dire ce qu'elle a dit. Il est très facile d'imaginer un autre gouvernement, avec un autre ministre de l'intérieur, où personne n'aurait représenté la France, et où cette rubrique serait sans objet.
Il est donc permis de se réjouir un tout petit peu, et d'imaginer qu'elle croyait aussi un tout petit peu ce qu'elle disait.
Sinon, il n'y a plus qu'à se désespérer de tout.

L'intégralité du discours figure sur le site de la CEF
Extraits:


C’est un grand honneur pour moi de conduire la délégation officielle représentant la France au consistoire et qui prendra part demain à la célébration de remise des anneaux aux vingt-trois nouveaux cardinaux.
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Ma présence témoigne de la reconnaissance de l’Etat français, et du ministre chargé des cultes envers l’Eglise catholique : reconnaissance pour son rôle historique dans notre société, et pour sa contribution éminente à la définition d’indispensables repères moraux qui au-delà de ses seuls fidèles concernent nos concitoyens dans un monde désormais privé des grands paradigmes.
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C’est un honneur et une joie, Monsieur le Cardinal, d’être à vos côtés au moment où une double confiance vient de vous être manifestée : celle de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI qui vous a créé Cardinal et celle des Evêques de France qui vous ont choisi pour présider leur Conférence.

Ce deuxième Consistoire du Pontificat de Benoît XVI souligne une fois encore l’universalité de l’Eglise. Il rappelle aussi la place importante que l’Europe joue toujours en son sein.

Le Pape lui-même le soulignait dans sa leçon de Ratisbonne en septembre 2006, « le christianisme a trouvé son empreinte décisive en Europe » et a noué avec ce continent une relation élective en marquant profondément son histoire et sa culture".

Benoît XVI s’interroge sur le destin de l’Europe et sur la place qu’y tiendra à l’avenir l’héritage chrétien. Cela ne l’empêche toutefois pas de faire confiance, pour son conseil et pour le gouvernement collégial de l’Eglise, à des hommes qui en sont issus.
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Parmi les autres questions de société, objet de votre implication figurent les questions éthiques. Vous défendez le droit, pour l’Eglise, d’interpeller les pouvoirs publics et la société sur certains sujets majeurs tels que la famille, l’accueil des immigrés, la bioéthique et très récemment encore l’engagement des jeunes au sein de la société. Vous l’avez manifesté en bien des occasions, que ce soit en tant que membre du Conseil pontifical pour la Famille ou, tout récemment encore, à la messe de rentrée des responsables politiques, le 9 octobre. J’ai dit lors de l’inauguration de la Maison de la Conférence des Evêques de France le 4 juillet, que la contribution de l’Eglise est importante pour le débat public. Elle permet d’éclairer l’ensemble de la société sur des enjeux qui dépassent, comme vous le disiez vous-même, les intérêts particuliers d’une religion.
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Monsieur le Cardinal, vous avez appelé les catholiques français à être « témoins d’une espérance », à « croire, espérer et aimer ». J’en retiens, sans le réduire à cette seule dimension, un message d’optimisme pour notre pays.
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J’entends que l’Etat soit un acteur majeur de la liberté religieuse dans notre pays.

Qu’il soit au cœur des attentes de ceux qui croient qu’il y a une différence entre le Bien et le Mal, de ceux qui sont convaincus que la réussite matérielle, personnelle ou professionnelle n’épuise pas le champ de l’Espérance, une Espérance dont Bernanos disait justement "qu’elle est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme".

Je vous invite, Eminences, Excellences, chers amis, à lever votre verre en l’honneur du Saint-Père, de tous les membres anciens et nouveaux du Sacré Collège, de l’Eglise et du dialogue toujours plus profond et chaleureux qu’elle entretient avec la République.