Le style de Benoît XVI

L'hommage magnifique de l'éditorialiste du "Bild-Zeitung", écrit après la messe célébrée par Benoît XVI le dimanche 10 septembre 2006 sur l'esplanade du parc des expositions de Munich.
C'est tellement évident lorsqu'il s'exprime en français ou en italien, ça l'est donc aussi dans sa langue maternelle!
Ce qui ressort de l'article, c'est aussi que ses compatriotes sont fiers de lui.

Traduction de Michelle, qui m'a également transmis le fac-similé de l'article.

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Cher Très Saint-Père,

que voici un allemand clair, intelligent, simple et beau que le vôtre.
J´ai écouté votre sermon durant la messe que vous avez célébrée sur le terrain des expositions de Munich. Quelle différence - aussi grande que la distance de la terre à la lune avec les "euh" intelligents des discussions vides en Allemagne. Le parlement, Mme Christiansen (journaliste célèbre de la télévision allemande - Ndr.), Frau Illner (journaliste), le SZ (Süddeutsche Zeitung). Ces gens parlent avec mots semblables à des sorbets (littéralement "à la fraise", ndt) - un produit qui se gâte très rapidement comme nous tous, nous le savons.

Avec vous, très Saint-Père, durant votre messe, j´avais le sentiment d'entendre de "vrais" mots. Le sujet de votre sermon parlait du miracle, celui que fit Jésus en guérissant un sourd. Quand il s´agit de miracle, je suis sceptique... Je ne crois pas que l´on puisse marcher sur l'eau ou changer l'eau en vin. Dans votre allemand si simple vous nous avez expliqué qu´avec ce miracle, c´est de la surdité vis-à-vis de Dieu qu'il s´agit. Avec la centaine de milliers de fidèles réunis sur le terrain des expositions de Munich, j'ai ainsi compris ce que vous pensiez. Avec votre langage si beau et si simple, vous avez réduit à néant le charabia des ordinateurs. Il m'a alors semblé voir des anges voler autour de vous - vous-même étiez un ange parlant l´allemand avec l´accent bavarois.

Le point culminant, fut que vous invitiez les anges des autre religions à cette fête eucharistique. Et que nous devions aimer leur sainteté.

Quel bel allemand.

Sincèrement Vôtre

F.J. Wagner

Le texte de l'homélie



Voici le passage auquel il est fait allusion (site du Vatican):
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Mais nous devons à présent tourner notre attention vers l'Evangile qui rapporte la guérison d'un sourd-muet par Jésus. Là aussi, nous rencontrons à nouveau les deux aspects de l'unique thème. Jésus se consacre aux personnes qui souffrent, à celles qui sont exclues de la société. Il les guérit, et, leur ouvrant ainsi la possibilité de vivre et de décider ensemble, il les introduit dans l'égalité et la fraternité. Cela nous concerne évidemment tous: Jésus nous indique à tous la direction de nos actions, la façon dont nous devons agir. Tout cela, cependant, revêt également une autre dimension, que les Pères de l'Eglise ont mise en lumière de façon particulière, et qui nous concerne également aujourd'hui de façon spéciale. Les Pères parlent des hommes et pour les hommes de leur temps. Mais ce qu'ils disent nous concerne d'une façon nouvelle, également nous, hommes modernes. Il n'existe pas seulement la surdité physique, qui isole l'homme en grande partie de la vie sociale. Il existe également un affaiblissement de la capacité auditive à l'égard de Dieu, dont nous souffrons particulièrement à notre époque. Tout simplement, nous n'arrivons plus à l'entendre - trop de fréquences différentes parasitent nos oreilles. Ce que l'on dit de Lui nous semble préscientifique, et ne semble plus adapté à notre temps. Avec l'affaiblissement de la capacité auditive ou même la surdité à l'égard de Dieu, nous perdons naturellement également notre capacité de parler avec Lui ou à Lui. De cette façon, toutefois, nous perdons une perception décisive. Nos sens intérieurs courent le danger de s'éteindre. Avec la disparition de cette perception, l'étendue de notre rapport avec la réalité en général est également limitée de façon drastique et dangereuse. L'horizon de notre vie se réduit de façon préoccupante.

L'Evangile nous raconte que Jésus posa les doigts dans les oreilles du sourd-muet, il mit un peu de sa salive sur la langue du malade, et dit: "Effatà" - "Ouvre-toi!". L'évangéliste a conservé pour nous la parole araméenne originale que Jésus prononça alors, nous ramenant ainsi directement à ce moment. Ce qui y est raconté est une chose unique, et toutefois, n'appartient pas à un passé lointain: Jésus réalise la même chose de façon nouvelle et répétée aujourd'hui aussi. Dans notre Baptême, Il a réalisé sur nous ce geste du toucher et a dit: "Effatà" - "Ouvre-toi!" pour nous rendre capables d'entendre Dieu et pour nous redonner ainsi la possibilité de Lui parler....

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