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Spe Salvi
Le mystère d'Israël résiste au Vatican

Un intéressant article sur le blog de Paolo Rodari.
Où il est question de Mgr Lustiger.

Texte original en italien ici: www.palazzoapostolico.it

Ma traduction (i y a peut-être quelques imprécisions dans le vocabulaire "théologique")



Le motif de la présence ces jours-ci à Rome du cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, ne réside pas exclusivement dans la nécessité (manifestée avant hier) de présenter dans la salle de presse du Saint-Siège le premier congrès mondial de la Misericorde qui se déroulera du 2 au 6 avril au Vatican, trois ans exactement après la mort de Jean-Paul II, survenue - justement - à la veille de la Fête de la Divine Misericorde : "Je pense - a dit il y a deux jours le cardinal autrichien - que la miséricorde est aujourd'hui un kairos ", c'est-à-dire "le moment propice pour l'évangélisation et la mission".

Comme il arrive désormais tous les deux ans (mais, selon les exigences, parfois plus souvent) Schönborn est venu à Rome également pour participer à la session plénière de la congrégation pour la doctrine de la foi. Il s'agit, en somme, d'un rendez-vous auquel sont invités tous ceux qui dépendent du "ministère" du Saint-Siège chargé de promouvoir et de défendre la doctrine de la foi et la tradition, dans toute la sphère catholique: ses 23 membres, parmi lesquels des cardinaux, archevêques et évêques provenant de 14 nations différentes et une équipe d'experts dans les diverses disciplines ecclésiastiques en provenance du monde entier.

Sur la table de l'assemblée plénière, cette semaine, plusieurs sujets étaient à l'ordre du jour. Benoît XVI les a synthétisés avant hier matin : clarté dans le dialogue oecuménique et dans celui avec les cultures et les religions, relance de l'action missionaire et évangélisatrice, défense de la dignité de l'homme face aux problèmes posés par les progrès des sciences biomédicales.

Et en ce qui concerne le rapport entre christianisme et autres religions - le Pape n'y a pas fait allusion (Discours à la CDF ) - il est revenu au théologien dominicain français Jean-Miguel Garrigues de faire un exposé sur un aspect d'un thème aussi fascinant que complexe: la réflexion paulinienne, développée dans la Lettre aux Romains, sur le mystère du peuple hébreu et sur son refus du message de l'Évangile.

C'est, en effet, à l'intérieur de la Lettre aux Romains que Paul insiste sur l'idée que le salut (la justice, dans le langage paulinien) ne peut pas venir de la loi de Moïse, mais seulement de la foi dans le Christ. C'est là que réside, pour Paul, la racine du durcissement d'Israël. Pourtant Dieu continue à avoir un projet de salut pour Israël. L'apôtre le dit bien aux Romains (11, 1-10) quand il explique comment Dieu n'a pas du tout rejeté son peuple, et, en tout cas, il ne l'a pas refusé définitivement. Et Paul le dit encore, quand il déroule la comparaison entre le bon olivier et l'olivier "sauvage" pour symboliser les "bons" et les "mauvais", comparaison qui met en évidence la victoire de la miséricorde de Dieu et en même temps son projet positif y compris vis-à-vis d'Israël incrédule : "Alors tout Israël sera sauvé", lettre aux Romains 11.26.

La signification du peuple hébreu à l'intérieur du dessein salvifique porté par le Christ reste de toutes façons le point difficile, et sur lequel durant des siècles, d'illustres théologiens et des experts n'ont pas manqué d'apporter leur avis. Mais, peut-être, la synthèse la plus complète a-t-elle été apportée, dans la pratique, par les existences de ces hébreux convertis au christianisme, qui jamais n'ont renié l'alliance, le pacte, que Dieu, selon la Sainte Écriture, a scellé avec le peuple élu.

Parmi ceux-ci, sans aucun doute, se détache la figure du cardinal Jean- Marie Lustiger. Ce fut lui, dans le livre "La promesse" (Parole et Silence, 2002), qui offrit une des réflexions les plus complètes sur les rapports entre christianisme et judaïsme. Lui qui, converti de la religion juive à l'âge de 14 ans, puis prêtre catholique, a dû passer à travers la terrible expérience de la mort de sa mère à Auschwitz.

Pour Lustiger, la promesse du Seigneur, faite dans l'élection sainte du peuple hébreu est irrévocable, malgré les infidelités humaines et les chutes accomplies au cours de l'histoire. Et son irrévocabilité justifierait même d'une certaine façon la naissance de l'État d'Israël : la constitution de l'État d'Israël, écrivit Lustiger, est "légitime et nécessaire".

Justement hier, sur ce thème, en concomitance avec l'assemblée plénière de la congrégation pour la doctrine de la foi, s'est ouvert à Ostuni un séminaire organisé par Biblia, une association laïque de culture biblique, qui s'intitule : "Aux origines d'une séparation : juifs et chrétiens entre le 1er et le 2ème siècle ".
Un séminaire qui part de la question éternelle, celle exposée il y a de cela quatre-vingt-dix ans par Joseph Klausner, le pionnier des études hébraïques sur Jésus : "Comment se fait-il que Jésus qui vivait totalement à l'intérieur du judaïsme fut pourtant à l'origine d'un mouvement qui se sépara du judaïsme?".
Peut-être que le silence de la part de Benoît XVI dans le discours adressé il y a deux jours aux participants à l'assemblée plénière de la congrégation pour la doctrine de la foi, signifie à quel point une réponse complète est loin d'être étée trouvée. En somme, pour tout le monde, on s'en tient à ce que disait le Concile Vatican II dans la déclaration du 28 octobre 1965 autour des relations de l'Église avec les religions non-chrétiennes : Nostra aetate.



Sur les difficiles relations avec les Juifs et l'état d'Israël, voir aussi:
"Ticking clock" pour la conversion des juifs (John Allen)



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