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Spe Salvi
Discours à la CDF

A la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Benoît XVI est pratiquement chez lui.
C'est un dicastère qu'il a dirigé pendant presque 25 ans, avant de devenir Pape.

Il recevait ce jeudi en audience les participants à l'Assemblée Plénière de la Congrégation.

Il a répété, dans son discours, que la vraie Eglise du Christ est l'Eglise catholique.
Et que le dialogue oecuménique, voire même inter-culturel, et inter-religieux, ne peut pas se contenter de bons sentiments.
Il a aussi rappelé le combat inlassable de l'Eglise pour la dignité de l'être humain, et son implication dans le suivi des problèmes de bio-éthique.

Le discours original en italien figure sur le site de Zenit-Italie.

Ma traduction:





Messieurs les Cardinaux,
Vénérés Frères dans l'Episcopat et dans le Sacerdoce,
très chers et fidèles Collaborateurs !

C'est pour moi un motif de grande joie de vous rencontrer à l'occasion de votre Session Plénière. Je peux ainsi vous communiquer les sentiments de profonde reconnaissance et de cordiale appréciation que j'éprouve pour le travail que votre Ministère accomplit au service du ministère d'unité, confié de manière particulière au Pontife romain.
C'est un ministère qui s'exprime principalement sur la base de l'unité de foi, s'appuyant sur le " dépôt sacré", dont le Successeur de Pierre est le premier gardien et le défenseur.
Je remercie Monsieur le Cardinal William Levada pour les sentiments qu'au nom de tous, il a exprimé dans son discours et pour le rappel des thèmes qui ont été l'objet de plusieurs documents de votre Congrégation ces dernières années, et des thématiques qui engagent toujours l'examen du Dicastère.

En particulier, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a publié l'an passé deux Documents importants, qui ont offert quelques précisions doctrinales sur des aspects essentiels de la doctrine sur l'Église et sur l'Evangélisation. Ce sont des precisions nécessaires pour le déroulement correct du dialogue oecuménique et du dialogue avec les religions et les cultures du monde.

Le premier Document porte en titre "Réponses à des questions concernant quelques aspects autour de la doctrine de l'Église" et propose de façon renouvelée dans les formulations et dans le langage l'enseignement du Concile Vatican II, en pleine continuité avec la doctrine de la Tradition catholique (ndr: il s'agit d'un texte pubié le 10 juillet dernier, voir ici, et ).
Il est ainsi confirmé que la seule et unique Église du Christ a sa subsistance, sa permanence et sa stabilité dans l'Église Catholique et que par conséquent l'unité, l'indivisibilité et l'indestructibilité de l'Église de Christ ne sont pas annulées par les séparations et des divisions des chrétiens.
A côté de cette précision doctrinale fondamentale, le document propose à nouveau un usage linguistique correct de certaines expressions ecclésiologiques qui risquent d'être mal comprises, et rappelle à cette fin l'attention sur la différence qui demeure entre les diverses confessions chrétiennes en ce qui concerne la compréhension de l'"être Église", en un sens réellement théologique.
Cela, loin d'empêcher l'engagement d'oecuménisme authentifique, lui est un stimulant, afin que la confrontation sur les questions doctrinales se produise avec toujours plus de réalisme et une conscience accrue des aspects qui séparent encore les confessions chrétiennes, au-delà de la reconnaissance joyeuse des vérités de foi communément professées et de la éecessité de prier incessamment pour un chemin plus diligent vers une grande, et pour finir, pleine unité des chrétiens.

Cultiver une vision théologique qui considère l'unité et l'identité de l'Église comme ses qualités "cachées dans le Christ", avec la conséquence qu'historiquement l'Église existerait de fait en de multiples configurations ecclésiales, réconciliables seulement dans une perpective eschatologique, ne pourrait qu'engendrer un ralentissement et pour finir, une paralysie de l'oecuménisme même.

L'affirmation du Concile Vatican II que la vraie Église du Christ "subsiste dans l'Église catholique" ne concerne pas seulement le rapport avec les Églises et comunnautés ecclésiales chrétiennes, mais s'étend également à la définition des rapports avec les religions et les cultures du monde.
Le même concile Vatican II, dans la Déclaration Dignitatis humanae sur la liberté religieuse affirme que "cette unique vraie religion subsiste dans l'Église catholique, à laquelle le Seigneur Jésus a confié le devoir de la répandre à tous les hommes" (n. 1).

La "Note doctrinale sur quelques aspects de l'évangélisation" (voir ici)- l'autre Document publié par votre Congrégation en décembre 2007 -, face au risque d'un relativisme religieux et culturel persistant, réaffirme que l'Église, tout en dialoguant avec les religions et les cultures, ne se dispense pas de la nécessité de l'évangélisation et de l'activité missionaire vers les peuples, ni ne cesse de demander aux hommes d'accueillir le salut offert à tous.
La reconnaissance d'éléments de vérité et la bonté dans les religions du monde et du sérieux de leurs efforts religieux, le fait même de collaborer et de communiquer avec eux pour la défense et la promotion de la dignité de la personne et des valeurs morales universelles, ne peuvent pas être envisagées comme une limitation du devoir missionaire de l'Église, qui l'engage à annoncer inlassablement le Christ comme, la vérité et la vie.

Je vous invite en outre, très chers amis, à suivre avec une attention particulière les problèmes difficiles et complexes de la bioéthique.
Les nouvelles technologies biomédicales, en effet, intéressent non seulement quelques médecins et chercheurs spécialisés, mais sont divulguées à travers les moyens modernes de communication sociale, suscitant des attentes et des questions dans des secteurs toujours plus vastes de la societé.
Le Magistère de l'Église ne peut certainement pas et ne doit pas intervenir sur chaque nouveauté de la science, mais il a le devoir de réaffirmer les grandes valeurs en jeu et de proposer aux fidèles et à tous les hommes de bonne volonté des principes et des orientations éthico-morales pour de nouvelles importantes questions.
Les deux critères fondamentaux pour le discernement moral dans ce champ sont
a) le respect inconditionnel de l'être humain comme personne, de sa conception jusqu'à sa mort naturelle,
b) le respect de l'originalité de la transmission de la vie humaine à travers les actes des conjoints.

Après la publication en 1987 de l'Instruction Donum vitae, qui avait énoncé ces critères, beaucoup ont critiqué le Magistère de l'Église, en le dénonçant comme s'il était une entrave à la science et au vrai progrès de l'humanité.
Mais les nouveaux problèmes apparus, par exemple, avec la congélation des embryons humains, avec la réduction embryonnaire, avec le diagnostic pre-implantatoire, avec les recherches sur les cellules-souches embryonnaires et avec la tentatitive de clonage humain, montrent clairement comment, avec la fécondation artificielle extra- corporea, on a franchi la barrière mise en place pour protéger la dignité humaine. Quand des êtres humains, dans la phase la plus faible et la plus privée de défense de leur existence, sont sélectionnés, abandonnés, tués ou utilisés comme du "matériel biologique", comme nier qu'ils sont traités non plus comme "quelqu'un", mais comme "quelque chose", mettant ainsi en question le concept même de dignité de l'homme?

A coup sûr, l'Église apprécie et encourage le progrès des sciences biomédicales qui ouvrent des perspectives thérapeutiques jusqu'à présent méconnues, grâce, par exemple, à l'utilisatin des "cellules souches somatiques" ou bien au moyen des thérapies tournées vers la restitution de la fertilité ou au soin des maladies des génétiques.
Dans le même temps, elle ressent le devoir d'éclairer les consciences de tous, pour que le progrès scientifique soit vraiment respectueux de chaque être humain, auquel doit être reconnue la dignité de personne, puique créé à image de Dieu.
L'étudie de ces thématiques, qui a engagé de manière particulière vos Assises durant ces journées, contribuera certainement à promouvoir la formation de la conscience de beaucoup de nos frères, selon ce qu'affirme le Concilio Vatican II dans la Déclaration Dignitatis Humanae : "Les chrétiens... dans la formation de leur conscience doivent considérer diligentement la doctrine sacrée et certaine de l'Église. En effet par la volonté du Christ, l'Église catholique est maître de vérité, et son devoir est d'annoncer et d'enseigner de manière authentique la vérité qui est le Christ, et dans le même temps de déclarer et de confirmer avec son autorité les principes d'ordre moral qui jaillissent de la nature humaine elle-même "(n. 14).

En vous encourageant à poursuivre dans votre prenant et important travail, je vous exprime auusi en cette circonstance ma proximité spirituelle , et vous accorde de tout coeur à tous , en gage d'affection et de gratitude, la Bénédiction Apostolique.

© Copyright 2008 - Librairie Editrice Vatican



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Sur les documents cités par le Pape, voir sur ce site:

- La vraie Eglise du Christ est catholique
- Mission: l'évangélisation n'est pas une option



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