Laïcisme radical: le visage de la haine

Le blog Rue 89 est presque devenu une institution dans ce qu'il est convenu d'appeler la blogosphère.
Ce nom, à lui seul, est tout un programme, mais il n'est pas certain que tous ses visiteurs en soient conscients.

Il se présente lui-même comme "un endroit où l'on discute, où l'on se rencontre, où l'on prend l'air (un air particulièrement méphitique, en fait!!). Une nouvelle aventure au coeur de la révolution en cours de l'information. Notre ambition: inventer un média qui marie journalisme professionnel et culture de l'Internet".
Et plus loin: "Créé par des journalistes, dont plusieurs sont issus de Libération, ce site se concentre sur les sujets qui font parler, jaser, débattre, dans tous les domaines, de la politique au sport, en passant par les nouvelles technologies, la culture ou l'environnement. Nous rêvons que Rue89 devienne peu à peu le point de référence obligé pour tous ceux qui ne veulent pas se contenter de "consommer" l'information et se passionnent pour la confrontation d'idées. "
Bref, selon "l'accroche", un endroit sympa, pout discuter entre copains.

Précisons que l'un des fondateurs de cette référence culturelle de la "révolution de l'information" sur Internet, Pierre Haski, a une rubrique pluri-hebdomadaire sur Europe 1, en alternance avec Catherine Nay, censée représentér la "droite"!
Les visiteurs, très nombreux, sont donc bien réels.

Dans une de ses dernières livraisons, ce qu'il faut bien appeler un blog, à défaut de terme plus adéquat qui risquerait de ne pas être politiquement correct, aborde la censure dont le Pape a été la victime (oui!) à l'université de Rome.
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Cela commence par un billet, signé par ce qu'on présente implicitement comme une référence intellectuelle (en fait, simple "doctorante" dans une pépinière de gauchistes, l'école des hautes études en sciences sociales, avec des minuscules partout):



Le Pape Benoit XVI déclaré non grata à l'université de Rome
Par Bénédicte Monville (Doctorante à l'EHESS)
(De Rome)
Face au tollé succité par l'initiative, le Pape Benoît XVI a finalement dû refuser l'invitation que lui avait adressée le président de l'Université de Rome-I La Sapienza, pour prononcer un discours à l'occasion de l'inauguration de la nouvelle année académique, lors d'une cérémonie qui était prévue le jeudi 17 janvier.
Dans une lettre envoyée au recteur de l'Université, plus de 60 professeurs, en majorité des physiciens, jugeaient en effet l'initiative "déconcertante", parmi eux, et entre autres personnalités importantes de la recherche italienne, Luciano Maiani, président du CNR (Consiglio nazionale delle ricerche). Ces professeurs demandaient l'annulation de l'évènement qu'ils qualifiaient d'incongru "au nom de la laïcité de la science et de la culture et dans le respect de l'université ouverte à des professeurs et à des étudiants de toutes confessions et idéologies" .
Ils rappelaient que, dans un discours prononcé à Parme le 15 mars 1990, Joseph Ratzinger, encore cardinal, avait repris les affirmations du philosophe autrichien Feyerabend et réaffirmé: "A l'époque de Galilée, l'Eglise était restée beaucoup plus fidèle à la raison que Galilée lui-même. Le procès contre Galilée fut raisonnable et juste."

Cette initiative a suscité l'adhésion de nombreux scientifiques en Italie comme à l'étranger, ainsi que d'un nombre important d'étudiants.

Chef d'Etat et autorité morale
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Le Pape Benoît XVI réactualise une certaine manière d'être Pape, tout à la fois chef d'Etat et autorité doctrinale et morale qui entend s'imposer à l'ordre et à la société laïque.
Le fondateur du journal italien de centre gauche la Repubblica, Eugenio Scalfari (encore lui!), a exprimé sa préoccupation devant les tentatives répétées du Pape de "transformer la hiérarchie ecclésiastique et ce qui est pompeusement nommé Magistère en un lobby qui demande et promet faveurs et bénéfices ". Quelques jours plus tôt, le Pape avait tancé le maire de Rome, Walter Veltroni, pour l'état de délabrement de certaines zones de la ville.
Marcello Cini, intellectuel renommé, professeur de physique à la retraite et philosophe des sciences, le premier à réagir à l'annonce de l'invitation du Pape, écrit dans les colonnes du Manisfesto, journal communiste italien:

"Les universités, tout au moins les universités publiques, sont -dans les Etats non confessionnels- une communauté de gens d'étude, enseignants et enseignés, de toutes les disciplines universellement reconnues, de toutes les écoles de pensée, de toutes les cultures et orientations politiques et religieuses, choisis par leurs pairs pour leurs contributions scientifiques et culturelles. Aucun d'eux ne saurait accepter que quelqu'un, pour autant qu'il prétende à une investiture divine, puisse leur prescrire ce qu'ils doivent ou peuvent dire, faire et penser."

Réactions propapales en Italie
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Après l'annonce de l'annulation, les uns ont salué le "premier acte de bonne volonté du Pape", alors que les autres ont déploré "l'acte d'intolérance" de ceux qui se sont élevés pour défendre l'université laïque.
Des professeurs et intellectuels qui s'indignent, la presse italienne dresse un portrait peu flatteur: gens intolérants et sectaires qui craignent de se confronter à d'autres pensées que la leur. Radio Vatican parle de censure. Le président de la République italienne, Giorgio Napolitano, a adressée une lettre à Benoît XVI pour l'assurer de ses "vifs et sincères regrets".

Bien peu de place a été donnée à l'expression des motivations de ces hommes et femmes laïques ou athées qui ont refusé que la nouvelle année académique soit placée symboliquement sous le patronage d'une Eglise et de son représentant. (ndr:!!!!)
Vendredi, ces derniers ont trinqué à la mémoire de Galilée, mais les réactions outrées qui firent du Pape la victime d'un sectarisme dangereux rappellent que les forces contraires à la laïcité sont vives.



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Difficile d'écrire autant de contre-vérités (ou plus exactement, de distordre à ce point la vérité), en si peu de lignes!
Avec un toupet proprement infernal, les rôles sont inversés, et c'est le Pape qui soi-disant monopolise le pouvoir et les medias:
"Bien peu de place a été donnée à l'expression des motivations de ces hommes et femmes laïques ou athées qui ont refusé que la nouvelle année académique soit placée symboliquement sous le patronage d'une Eglise et de son représentant".

A la suite de cet article, un véritable tombereau de boue, d'ignorance, de grossièretés, et de mensonges énormes, complaisamment relayées par un organe de presse (Libé, forcément) qui devrait quand même avoir un minimum de responsabilité dans ce qui se publie sous son "autorité".
Evidemment, j'hésite avant de publier une telle compilation d'horreurs. Et ceux qui me lisent ne sont pas obligés de lire cela.

D'un autre côté, quand Rémi Brague parle de "phénomènes de foire", à propos de certains laïcistes forcenés, on pourrait penser, à défaut d'exemples précis, qu'il exagère. Or, on peut constater qu'il est nettement en-deçà de la réalité.

On m'objectera qu'il n'entendait pas descendre aussi bas.
Je répondrais que la vigilance (un mot que la gauche radicale s'est approprié) est de mise, devant de telles manifestations de haine, aggravées par le mensonge le plus grossier, et l'inculture la plus crasse.
J'ai donc plongé les mains littéralememt dans la boue pour l'édification de mes visiteurs.
Le visage hideux du mensonge (dont a parlé Joseph Ratzinger) et de la haine apparaît dans toute sa laideur.

Si le ressort de la désinformation est de mélanger le vrai au faux, alors là, c'est raté, il n'y a pas un mot de vrai.
Si on a des arguments pertinents à apporter dans un débat, mentir de façon si grossière ne revient-il pas, non seulement à les discréditer, mais à les annuler, purement et simplement?

La suite ici: La haine sur Rue 89



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