Nicolas Sarkozy et ... Dieu

Plus d'un mois s'est écoulé depuis la visite de Nicolas Sarkozy à Rome -successivement au Vatican, puis à la basilique Saint-Jean de Latran, où il a été intronisé "chanoine d'honneur": titre tout aussi "honorable" que son nom, mais qui suscite chez les "laïcistes" (le néant étant curieusement devenu une idéologie) une irruption de rage, de dérision, de méchanceté, et pour tout dire de haine. La simple lecture de nombreux blogs suffit pour s'en convaincre.

A ma grande surprise, le discours qu'il y a prononcé continue donc à faire couler de l'encre. (voir encore récemment le blog de liberté politique)
Il n'en mérite sans doute pas tant.
Le discours est habile, et même beau (comme beaucoup de ceux qu'il sait lire en les prononçant avec un air de grande conviction) , si on le regarde de près, il reprend beaucoup de thèmes régulièrement abordés par le Saint-Père, ce qui prouve que son auteur a de bonnes références...
Il pourrait presque avoir été écrit par les services du Vatican, lorsque (cela doit bien arriver) ceux-ci préparent les discours les moins importants du Pape, par exemple lors des audiences aux ambassadeurs.
Mais il sent le "fabriqué".
Quand Benoît XVI parle d'espérance, de laïcité, de racines chrétiennes, on perçoit intensément que cela sort de sa tête et de son coeur, que c'est la quintessence de la réflexion de toute une vie. Bref, que c'est lui qui s'exprime, et, par sa bouche, la sagesse.
Chez Nicolas Sarkozy, il n'y a rien derrière.

Le Saint-Père a encore dit récemment, s'adressant aux parents du Diocèse de Rome, que les éducateurs doivent témoigner "par leur vie".

Ceci s'applique certes aussi aux gouvernants, et on doit admettre qu'aussi sympathique que puisse apparaître à certains l'"homme" Sarkozy... avec lui, c'est raté! (dans un autre article, le "Choc du mois" se moque ainsi: "Sarkozy fustigeant la frénésie de consommation, et l'accumulation de biens matériels comme un frein à l'espérance spirituelle, revient à imaginer Pol Pot discutant sur les vertus du Pacifisme, ou Aldo Maccione écrivant un traité de bonnes manières"... et ce n'est pas si excessif)
Et puis surtout, il suffit de lire en parallèle le discours qu'il avait prononcé un peu auparavant à l'université de Constantine, puis l'autre, après, à Ryad, devant les autorités d'Arabie Séoudite, pour se convaincre que le Président se livre à un grand écart impossible à tenir à long terme. On ne peut pas ignorer définitivement la réalité, cela s'appelle l'utopie, et on ne sait que trop où cela mène.

Le journal "Minute" consacre dans son numéro du 23 janvier un long et très intéressant article au rapport du président avec LES (le pluriel est important) religions, sous le titre "Et avec Dieu, c'est du sérieux?". Alors que l'inénarrable "Marianne" fait sa couverture avec "Le fou de Dieu"
Rien que ça!!!

L'idée de " Minute" est résumée dans l'introduction:
[..] Les Français sont en manque de transcendance, il leur en donne. Qu'ils soient catholiques, musulmans ou ce qu'ils veulent. A chaque auditoire, son homélie.

Tout est dit.
J'ai donc scanné l'article: Et avec Dieu, c'est sérieux?
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De son côté, René Poujol, directeur de la rédaction du Pélerin, dans son éditorial de cette semaine, y va aussi de son commentaire.
J'y vois surtout une synthèse de la position ambigüe, et pour tout dire la frilosité, d'une partie des catholiques, et surtout de l'épiscopat dans notre pays, sur ce problème de la laïcité. Frilosité qui s'exerce nont tant contre le chef de l'Etat que contre le Pape:
"Il y a là matière à rallumer, dans notre pays, des querelles jamais éteintes autour de la laïcité.
...
l'Eglise catholique redoute plus que tout, dans un contexte international de montée des identités religieuses et des communautarismes, ce qui pourrait, à son égard, renforcer
un soupçon d'intolérance.
... les évêques semblent plus enclins à s'appuyer sur le statu quo pour faire entendre leur voix dans quelques débats de société, à leurs yeux essentiels, comme : les lois de bioéthique, la défense de la famille, l'immigration (!!) ou le repos dominical, qu'à miser sur un déplacement risqué des contours de la laïcité.
"

Lire ici: Sarkozy, la laïcité et les catholiques



Conclusion

Je conclurai quand même sur une note pas trop pessimiste, à défaut d'être enthousiaste: c'est mieux que rien.
Mieux, en tout cas, que ce que nous aurions pu avoir....
On peut toujours se dire qu'au moins momentanément, on a échappé au pire.
Après tout, tout le monde n'attend pas des politiques qu'ils croient en ce qu'ils disent. Si l'on se contente des apparences, tout va bien...



<<< Sarkozy et la laïcité à la française



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