la "conversion écologique" des évêques italiens

Tout le monde sait que le thème de l'écologie est un thème sensible.
La raison en est que l'écologie politique de gauche s'en est emparée, et en a fait une arme de combat, dans une perspective anti-humaniste que l'Eglise, qui parle plus volontiers de création, que de planète, et qui met l'homme au centre de ses préoccupations, ne peut pas partager.

Chez les catholiques, disons... conservateurs, on a l'impression d'assister sur Internet, par blogs interposés, à un combat à fleurets mouchetés, chacun marquant alternativement un point.
Je fais partie de ceux que la récupération politique de l'écologie agace, et qui redoutent d'autres récupérations, lorsque sera publiée l'encyclique (très) annoncée de Benoît XVI sur ce thème.

Mais peut-être ne parlons-nous pas de la même chose.
Il me semble que cette prise de position de l'épiscopat italien, relayé par un site fiable (Zenit) a le mérite de poser clairement le problème.
S'ils ont quelque chose à dire, autant qu'ils le fassent directement, sans passer par plusieurs "filtres" médiatiques, qui risquent de déformer leurs propos.

Et nul ne peut les contredire, lorsqu'ils nous disent en substance qu'on ne peut pas parler de développement "soutenable" tant qu'on ne change pas radicalement notre mode de vie.
C'est l'évidence, et dans la société mercantile où nous vivons, où les hommes sont devenus des "consommateurs", et où le "moral des ménages" se mesure à la "consommation", le défi risque de ressembler à la quadrature du cercle!

Texte original sur le site de Zenit en langue italienne.

Ma traduction


Les Évêques italiens demandent une "conversion écologique"
Dans le message pour la IIIe Journée pour la sauvegarde de la création

------------------
Une "conversion écologique", telle est la proposition que les Évêques italiens font aux citoyens et aux autorités dans leur Message à l'occasion de la IIIe Journée pour la sauvegarde de la création, qu'on célébrera le 1er septembre prochain.
"La planète est la maison qui nous est offerte, afin que nous l'habitions de façon responsable, en gardant pour les générations futures la possibilité d'y vivre aussi ", observent les prélats dans ce texte, sur le thème "une nouvelle sobriété, pour habiter la Terre". Aujourd'hui, toutefois, cette dernière "est menacée d'une dégradation ambiante de vaste portée, dans laquelle l'exploitation excessive de ressources, même fondamentales - en commençant par les ressources energétiques - se combine avec les différentes formes de pollution".
"Souvent, ces dynamiques frappent d'abord les sujets les plus défavorisés, ceux qui sont le moins en mesure de se défendre contre leurs conséquences", dénoncent les Évêques.

Dans cette situation, la question de l'environnement voit émerger "une triple exigence de justice : vers les générations futures, vers les pauvres, vers le monde entier ".
Pour cette raison, les prélats proposent "un profond renouvellement de nos formes de consommation" : "une véritable 'conversion écologique '", c'est-à-dire "un regard rénové sur nos existences et sur les biens qui les caractérisent".
Même si les conditions actuelles de la planète dépendent de nombreux facteurs historiques et culturels, constatent-ils , ils sont aussi indubitablement reliés "à des comportements et à des styles de vie maintenant typiques des Pays les plus industrialisés et qui graduellement se répandent également dans d'autres aires".
"Il s'agit de ce qu'on nomme 'societé de consommation ', expression qui indique un système économique qui, plus qu'à satisfaire des besoins vitaux, vise à susciter et stimuler le désir de biens différents et toujours nouveaux".
Si beaucoup voient dans cette dynamique "une marque de bien-être, qui enrichit les existences de ceux qui en profitent", il est indéniable que "son impact environnemental devient insupportable pour la planète et pour l'humanité qui l'habite, et impose de le repenser de façon radicale".

Dans une situation de ce type, il est nécessaire d'adopter "un nouveau style de sobrieté, capable de concilier une bonne qualité de vie avec la réduction de 'consommation' de l'environnement, en assurant ainsi une existence digne aussi bien aux plus pauvres qu'aux générations futures".

Une réduction de la consommation, poursuivent-ils, permettra "de valoriser sous des formes nouvelles cette tradition d'essentialité qui caractérise beaucoup de communautés religieuses, la faisant devenir pratique quotidienne pour toutes les réalités chrétiennes".

De la même manière, "la préoccupation pour pour une utilisation efficace de l'énergie est fondamentale, de même que la valorisation des sources energétiques renouvelables et propres".

"Une sobrieté intelligente", poursuivent les prélats, "pourrait aussi contribuer à rendre moins grave le problème de la gestion des déchets, produits en quantité croissante par les sociétés industrialisées".
Les Évêques dénoncent en effet l'impossibilité de parler de futur soutenable "lorsqu'aujourd'hui déjà, on ne peut plus habiter sereinement la Terre ni jouir de la beauté de ses dons, parce qu'elle est envahie d'une accumulation de substances désagréables".

Concernant les déchets, ils proposent des "initiatives visant à en contenir la production, telles que la la réduction des emballages ou la réalisation de produits facilement réutilisables et recyclables", l'élimation à gérer "dans le sens de la solidarité, surtout face à des situations d'urgence qui demandent des initiatives exceptionnelles", et la nécessité "de dépasser la logique de l'urgence, en projetant, pour un futur soutenable, des solutions efficaces sur de longues périodes, attentives aux aquisitions les plus avancées de la technique". (ndt: les évêques italiens ne peuvent pas ne pas évoquer la "crise des déchets de Naples" qui voit la ville crouler sous les ordures! L'explication lue sur Internet est que "Naples et sa périphérie sont régulièrement envahies par les ordures depuis 1994 en raison du dysfonctionnement chronique des centres de traitement et de la saturation des décharges, largement dus à l'infiltration de la mafia napolitaine, la Camorra, dans le juteux marché du recyclage des déchets.")
"Il est fondamental que tous les choix soient accomplis sous le signe de la transparence et de la participation des citoyens et soient gérés en garantissant la pleine légalité, dans la conscience que la sauvegarde de la création et le bien de la comunnauté sociale peuvent exiger le renoncement à la défense à outrance des avantages individuels et de son propre groupe".

"Là où croissent des relations harmonieuses et justes - observent les Évêques -, la gestion des ressources devient aussi une occasion de progrès et oriente vers un rapport plus respectueux et harmonieux avec la création".

Dans ce contexte, un espace important est réservé à l'engagement des communautés ecclésiales, dont la dimension éducative "doit s'exprimer aussi dans la capacité à former à des comportements soutenables".

"Que les Seigneur de la paix concède un futur propice à notre Terre, réveillant les coeurs au sens de responsabilité, afin qu'elle puisse rester pour toute maison habitable, espace de vie pour les générations présentes et futures", concluent les prélats.


Voir aussi

Beaucoup de pages, sur ce site, sont consacrées au thème de l'écologie, du développement durable, du "pape vert", et du "réchauffement climatique".

Voir par exemple ici Écologie environnementale et écologie humaine , Le Saint-Siège et les OGM , Débat sur les "changements climatiques" , ou utilisez, pour les pages 2007, le moteur de recherche interne


(C) 2007 - Tous droits réservés

Imprimer cette page