Homme et femme il les créa

Le 9 février, Benoît XVI a reçu en Audience les participants à la Rencontre Internationale "Femme et homme, l'humanum dans son entier", organisée par le Conseil Pontifical pour les Laïques à l'occasion du XXe anniversaire de la publication de la Lettre Apostolique Mulieris dignitatem. (voir ici: Le Vatican et la question féminine )

Texte original en italien.
Ma traduction


L'argument sur lequel vous réfléchissez est de grande actualité : depuis la seconde moitié du XXe siècle jusqu'à aujourd'hui, le mouvement de valorisation de la femme dans les diverses instances de la vie sociale a suscité d'innombrables réflexions et débats, et a vu se multiplier de nombreuses initiatives que l'Église Catholique a suivies et souvent accompagnées avec un intérêt attentif.
Le rapport homme-femme dans leur spécificité respective, leur réciprocité et leur complementarité constitue sans aucun doute un des points centraux de la "question anthropologique", si décisive dans la culture contemporaine.
Nombreux sont les interventions et les documents pontificaux qui ont abordé la réalité émergente de la question féminine. Je me limite à rappeller ceux de mon bien-aimé prédécesseur Jean-Paul II, lequel, en juin 1995, a voulu écrire une Lettre aux femmes, pendant que le 15 août 1988, il y a exactement vingt ans, il publia la Lettre apostolique Mulieris dignitatem. Ce texte sur la vocation et la dignité de la femme, d'une grande richesse théologique, spirituelle et culturelle, a à son tour inspiré la Lettre aux Évêques de l'Eglise catholique sur la collaboration de l'homme et de la femme dans l'Église et dans le monde, écrite par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Dans Mulieris dignitatem, Jean-Paul II a voulu approfondir les vérités anthropologiques fondamentales de l'homme et de la femme, l'égalité en dignité et l'unité des deux, la diversité profonde et enracinée entre masculin et féminin et leur vocation à la réciprocité et à la complémentarité, à la collaboration et à la communion.
Cette unité-dualité de l'homme et de la femme se base sur la dignité fondementde de chaque personne, créée à image et à la ressemblance de Dieu, qui "homme et femme les créa" (Gn 1,27), en évitant aussi bien une uniformité indistincte et une égalité aplatissante et appauvrissante qu'une différence abyssale et conflictuelle .
Cette unité duale porte avec elle, inscrite dans les corps et dans les âmes, la relation avec l'autre, l'amour pour l'autre, la communion interpersonnelle qui indique "que dans la création de l'homme a été inscrite aussi une certaine ressemblance avec la communion divine"
Lorsque, par conséquent, l'homme ou la femme prétendent être autonomes et totalement autosuffisants, ils risquent de rester enfermés dans une auto- réalisation qui considère comme conquête de liberté le dépassement de chaque lien naturel, social ou religieux, mais qui de fait les réduit à une solitude accablante. Pour favoriser et soutenir la réelle promotion de la femme et de l'homme, on ne peut pas ne pas tenir compte de cette réalité.

Il y a certainement grand besoin d'une recherche anthropologique rénovée qui, sur la base de la grande tradition chrétienne, incorpore les nouveaux progrès de la science et les données de la sensibilité culturelle d'aujourd'hui, en contribuant de cette manière à approfondir non seulement l'identité féminine mais également la masculine, elle aussi souvent objet de réflexions partielles et idéologiques

Face à des courants culturels et politiques qui cherchent à éliminer, ou au moins à offusquer et confondre, les différences sexuelles inscrites dans la nature humaine en les considérant comme une construction culturelle, il est nécessaire de rappeler le dessein de Dieu qui a créé l'être humain mâle et femelle, avec une unité et au même temps une différence originelle et complémentaire.
La nature humaine et la dimension culturelle se complètent dans un processus vaste et complexe qui constitue la formation de son identité, où les deux dimensions, la féminine et la masculine, se correspondent et se complètent.

En ouvrant les travaux de Ve Conférence Générale de l'Episcopat Latino-américain et des Caraïbes, en mai dernier, au Brésil, j'ai eu l'occasion de rappeller à quel point persiste encore une mentalité "maschilista" (machiste), qui ignore la nouveauté du christianisme, lequel reconnaît et proclame l'égale dignité et la responsabilité de la femme par rapport à l'homme.
Il y a des endroits et des cultures où la femme est discriminée ou sous-estimée pour le seul fait d'être femme, où on recourt même à des arguments religieux et à des pressions familiales, sociales et culturelles pour soutenir la disparité des sexes, où on pratique des actes de violence vis-à-vis de la femme en en faisant l'objet de mauvais traitements et d'exploitation dans la publicité et dans l'industrie de la consommation et du divertissement.
Devant des phénomènes aussi graves et persistants, l'engagement des chrétiens apparaît encore plus urgent, afin qu'ils deviennent partout promoteurs d'une culture qui reconnaisse à la femme, dans le droit et dans la réalité des faits, la dignité qui lui revient.

Dieu confie à la femme et à l'homme, selon leurs particularités, une vocation spécifique et une mission dans l'Église et dans le monde.
Je pense ici la famille, communauté d'amour ouverte à la vie, cellule fondamentale de la societé. En elle la femme et l'homme, grâce au don de la maternité et de la paternité, remplissent ensemble un rôle irremplacable vis-à-vis de la vie.
Depuis leur conception les enfants ont le droit de pouvoir compter sur le père et sur la mère qui prennent du soin d'eux et les accompagnent dans leur croissance.
L'État, de son côté, doit soutenir avec des politiques sociales adéquates tout ce qui promeut la stabilité et l'unité du mariage, la dignité et la responsabilité des conjoints, leur droit et devoir irremplacable d'éducateurs des enfants.
En outre, il est nécessaire que la femme puisse elle aussi collaborer à la construction de la société, valorisant son"génie féminin" typique .


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