Polémique à l'Université de Rome (4)

Photo reproduite sur le site Petrus 

Le Pape a renoncé à sa visite à l'université de Rome bien mal nommée, La Sapienza.
Après la polémique ayant suivi les voeux aux autorités civiles de Rome et de la région, le harcèlement laïciste tourne à la frénésie.

C'est peut-être au fond une bonne chose, les intégristes de la laïcité ont mis sous les yeux de chacun le visage odieux du mensonge, de la haine, et de l'intolérance, eux qui n'ont à la bouche que les mots de tolérance et de démocratie, et les gens -au moins les italiens- auront pu juger sur pièces.

Jetant un coup d'oeil sur les sites que je consulte plus ou moins habituellement, j'y trouve des avis variés, mais à peu près unanimes dans la réprobation: parmi les italiens, celui d'Accattoli (l'annulation est sans précédent, en Italie, mais à l'étranger, Jean-Paul II avait dû renoncer, en 1994, à se rendre à Beyrouth et Sarajevo, alors en guerre!!!), et de Rodari, que je ne partage pas ("à la place du Pape, j'y serais allé"): le débat semble d'ailleurs ouvert, entre ceux qui disent qu'il aurait dû y aller, et ceux qui disent qu'il a eu raison de s'abstenir.
Mais il a fait ce qu'il devait faire, et il n'y a pas lie de prétendre se mettre à sa place, car on ne le peut pas.

Une des réactions que je préfère est celle-là: tant pis pour eux! ils ne méritaient pas d'entendre le grand Ratzinger!

La presse française (
*) est très en retrait, comme d'habitude, et quand les échos ne sont pas totalement négatifs, c'est la liberté d'expression qui est mise en avant (on sait le sens que certains donnent au concept), comme cela avait été le cas après Ratisbonne, tout en sous-entendant que le Pape "réactionnaire" n'a vraiment pas volé ce qui lui arrive. Ou, si l'on veut, selon le mot de Patrice de Plunkett, qu'il "prête le flanc" à ce genre de situation, par ses continuelles ingérences dans la vie politique italienne et ses positions "rétrogrades" sur les moeurs, entre autres.

C'est en fait la théorie -que je conteste- de John Allen, qui écrivait en substance, juste avant d'apprendre que la visite était annulée, que l'épisode était un signal d'alarme, après le dernier épisode de la messe du Baptême du Seigneur, célébrée "selon l'ancien rite": Le canari dans une mine de charbon !

Finalement, c'est Andrea Tornielli qui en parle le mieux.
Son récit est crédible, et son opinion est la voix de la sagesse


Tornielli

Le pape n'ira pas à la Sapienza
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Suite de ces articles: Polémique à l'Université de Rome (2)
Peu après 17 heures la Salle de presse a confirmé la nouvelle : Benoît XVI n'ira pas à la Sapienza, se limitant à envoyer son message.

Il a bien fait, le Pape, de ne pas y aller, après les polémiques intéressées mises sur pied non seulement par des collectifs étudiants, mais aussi par des "professeurs d'université" incapables de se procurer un discours original et de le lire avant de tirer des jugements.

Même s'il y avait eu un seul heurt, un seul blessé parmi les étudiants ou les forces de l'ordre, on l'aurait imputé à Ratzinger.

Qui ne craint certes pas pour sa sécurité
- il a défié tout et tous avec le voyage en Turquie, bien plus risqué - mais il a considéré que son apparition à la fin de la cérémonie à la Sapienza ne valait pas le risque de ce qui se préparait. Toutes les personnes de bon sens, les croyants ou non croyants, devraient être désolés: ce n'est pas un beau jour pour l'Italie, qui ne garantit pas l'ordre public, pour la ville de Rome et surtout pour une université, la Sapienza, fondée par un Pape (ndt: en fait en 1303 par le pape Boniface VIII), où tout le monde est accueilli et peut s'exprimer, y compris les raëliens, mais où on a voulu bâillonner le professeur Ratzinger.

[..] le célèbre discours sur Galilée, dans lequel Ratzinger défendait la raison contre l'irrationalité (et même contre l'irrationalité religieuse) avait été prononcé le 15 février 1990 également à la Sapienza de Rome ! Et, [..] Benoît XVI, pendant la JMJ, à Rome, en avril 2006, avait défini Galilée comme "le grand".
Honte aux soi-disant professeurs, qui, quant à capacité de lecture et de compréhension d'un texte, valent moins que ma fille qui est à l'école élémentaire! (la seconda media)
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Sur Il Giornale, Tornielli donne un peu plus de détails sur le déroulement de la journée qui a conduit à l'annulation de la visite:

Le ministre de l'intérieur, Giuliano Amato , avant que la décision ne soit prise, avait tenu à préciser qu'il ne s'agissait pas d'une question de "sécurité" du Pape. Mais l'inquiétude pour de possibles incidents était très forte.
Benoît XVI et ses plus proches collaborateurs ont pesé le pour et le contre:


faire, malgré tout, une visite "archi-blindée" dans une université bien peu sur la même longueur d'onde que le Saint-Siège, avec le risque qu'un manifestant ou un policier se fasse mal; ou bien renoncer, en signe d'apaisement, et pour des motifs d'opportunité?


A la fin, tant le cardinal Bertone que le cardinal Ruini, auraient exprimé un avis favorable à l'annulation de la visite, et ainsi Ratzinger -peu habitué à renoncer, et pas novice dans la contestatation, puisqu'il était professeur dans les universités allemandes durant les années 68- quoiqu'à contre-coeur, a décidé de surseoir, pour détendre le climat, pour ne exaspérer la frange minoritaire -déjà hyper-exaspérée!- de ses opposants, de ceux qui ne l'estimaient pas digne de prendre la parole dans le grand amphi de la Sapienza.


Il ne s'agit pas d'un renoncement pour des motifs "d'image", comme certains l'ont pensé, ni par peur de la contestation, mais d'un geste de responsabilité, pour la crainte que son passage à l'université, ainsi prise en otage à cause de préjugés, ne se retrouve chargé d'interprétations idéologiques, offrant ainsi l'occasion de bagarres et d'affrontements peut-être graves.


Un "must": le reportage d'Europe 1

Une synthèse des réactions françaises est ce reportage approximatif et mensonger diffusé ce matin sur les ondes d'Europe 1, et capturé sur leur site (journal de 7 heures, 16 janvier) : ...ici

Certains diront que cela prête à sourire, mais il est trop facile leur objecter que cette information rudimentaire façonne l'opinion publique.


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