Les municipales à l'ère de la post-démocratie

"Le printemps d'X.."

L'éditorial de Polemia examine l'évolution de la vie politique en France, entre 1983 et 2008, et son impact sur la gestion des villes, en particulier les élections municipales.
Et la conclusion est simple: La France est entrée dans l’ère post-démocratique.
Cela ne concerne hélas pas que les municipales (et probablement pas que la France)!

Article en entier ici: www.polemia.com/
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X..., le "village" de 12.000 habitants (en fait, une banlieue proche d'une grande ville) où je passe quelques jours de vacances, constitue un témoignage en grandeur nature de la pertinence de l'analyse.
Les listes électorales portent des noms qui rendent impossible toute identification avec un parti politique.
La liste sortante (UMP...) s'est affublée du nom ridicule "Le printemps d'X...".
L'autre liste de droite (dissidente) s'est quant à elle intitulée "Ensemble préservons X...". Préservons de quoi? Et la droite aurait-elle honte d'être... à droite?
Quel sens tout cela a-t'il, sinon l'expression d'une volonté délibérée de brouiller tous les repères des électeurs?

Le maire actuel distribue d'ailleurs simultanément un tract électoral, où un ancien maire socialiste (ayant eu, au début des années 90, quelques démêlés avec la justice qui l'avaient contraint à la démission dans une ambiance digne de Clochemerle, et lui avaient même valu les honneurs du "Canard enchaîné" ) déclare lui accorder son soutien!!Le bref CV qui est joint à sa photo ne mentionne évidemment pas l'épisode, se bornant à rappeler qu'il fut maire d'X... entre telle et telle date. Il n'y habite d'ailleurs plus depuis des années.
La mémoire collective s'est-elle perdue à ce point? Se moque-t'on des gens, purement et simplement? Ou bien, n'avons-nous que les dirigeants que nous méritons?



"Votez, nous ferons le reste" (Polemia)

Les résultats des élections municipales de mars 2008 seront interprétés comme un sondage géant qui servira à mesurer l’(im)popularité du couple exécutif Sarkozy/Fillon. Mais sur le terrain, il y a bien peu de débats de fond.
La France vit à l’ère de l’idéologie unique et de la post-démocratie.

- 1983 : des oppositions de fond fortes
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- sur la fiscalité : avec une droite souhaitant la limiter et une gauche axée sur la redistribution d’aides et de services ;
- sur les services publics : avec une droite favorable aux concessions aux entreprises et aux externalisations et une gauche, plus attachée au fonctionnement en « régie » ;
- sur la sécurité : avec une droite en pointe sur la création de polices municipales et une gauche y voyant les germes d’un « fascisme » local ;
- sur l’urbanisme : avec une droite privilégiant les constructions de logements privés collectifs ou individuels et une gauche continuant de promouvoir les HLM ; - des divergences existaient aussi sur les crèches, les écoles, les politiques familiales, les schémas de circulation et de transports.

Le choix des électeurs avait alors du sens et des conséquences.
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- 2008 : une idéologie unique

[On constate] sur fond d’abandon de toute réflexion politique, l’adhésion de l’UMP, du Modem et du PS (le PC étant résiduel) à une idéologie municipale unique.

La « gauche » a fait mouvement vers la « droite » dans deux domaines : la sécurité, d’abord, où elle s’est ralliée aux polices municipales et même à la vidéosurveillance avec, ensuite, la privatisation de la gestion des services publics ; il est d’ailleurs notable que ces derniers soient plus externalisés dans les communes y compris PS/PC qu’ils ne le sont pour des taches comparables s’agissant de l’Etat.

La « droite », quant à elle, a fait mouvement vers la « gauche » sur les sujets de société : la « mixité sociale », l’aide aux minorités ethniques (et la construction de mosquées), le soutien aux minorités sexuelles et le logement social... Le conformisme politiquement correct faisant le reste, tout programme se doit d’être « écocitoyen » et « solidaire ».

Les listes de candidats elles-mêmes sont désormais composées comme des cocktails propres à entretenir la confusion: au nom de l’ « ouverture » il y a souvent sur les listes de « droite » des hommes de « gauche » et même parfois sur les listes de « gauche » des hommes de « droites » .
Quant aux« peoples », dont la qualité principale est d’être « vus » à la télévision, ils figurent sur toutes les listes de villes importantes. Il en est de même de « l’enrichissement »des listes avec des candidats issus de la « diversité » : entendez des représentants des minorités ethniques et religieuses, voire sexuelles, choisis par souci d’affichage politiquement correct et de clientélisme... Place aux quotas ethniques, religieux et sexuels, place au paraître !

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- Mars 2008 : un résultat dépourvu de conséquences pratiques

En 2001, ceux qui se réclament aujourd’hui de l’UMP avaient gagné une trentaine de villes. L’insatisfaction de l’opinion vis-à-vis du gouvernement et surtout le désamour d’une partie de ses partisans pour Nicolas Sarkozy, démobiliseront sans doute beaucoup d’électeurs UMP. Des villes UMP – 15, 20, 30, 40, 50, 60 ? – risquent ainsi de basculer vers le PS. Banal mouvement de diastole/systole qui aura sans doute des conséquences sur l’image de l’exécutif présidentiel mais…bien peu sur la vie des communes concernées.

Car la classe politico-médiatique, au service de l’idéologie dominante et de la superclasse mondiale, s’adresse ainsi aux électeurs : « Votez, nous ferons le reste ».
La France est entrée dans l’ère post-démocratique.



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