Dans l'avion du Pape

Un article du Figaro (14/7/2008)



On a nettement l'impression que l'"envoyé spécial" découvre le Pape et en témoigne de la surprise. Comme tous ceux qui le voient "en vrai", son impression est donc plutôt bonne, malgré les préjugés de la presse. Il a remarqué ses yeux "étonamment expressifs"!!




 

Pour le contenu, c'est ce qui a été lu partout: "le pape vert", et "les excuses pour les prêtres pédophiles".
Et qu'importe s'il ne s'agit pas du coeur du message du Saint-Père... auquel il est quand même fait allusion avec la préoccupation pour la sécularisation de l'Australie, comme de l'Europe.

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Dans l'avion du Pape pour l'Australie

Envoyé spécial à Sydney Alain Barluet
13/07/2008

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L'hélicoptère en provenance de Castel Gandolfo se pose sur le tarmac de l'aéroport de Rome-Fiumicino, à quelques dizaines de mètres seulement du gros Boeing 777 d'Alitalia dont la carlingue s'orne du blason jaune et blanc du Saint-Siège. Benoît XVI, soutane immaculée, chaussures rouges, salue une haie de cardinaux qui l'un après l'autre s'inclinent pour baiser son anneau, puis gravit l'échelle de coupée. Le vol spécial AZ 4000 décolle pour Sydney où le Saint-Père va effectuer le 9e déplacement à l'étranger de son pontificat, le plus long (9 jours) et le plus lointain : 16 418 kilomètres, soit 21 heures de voyage, dont une escale technique à Darwin, au nord de l'Australie.

À bord, la délégation papale compte 27 personnes, parmi lesquelles le «premier ministre» du Saint-Siège, le secrétaire d'État Mgr Tarcisio Bertone, le maître des cérémonies liturgiques, Mgr Guido Marini, le directeur de la Salle de presse du Vatican (le «porte-parole»), le jésuite Federico Lombardi, et le secrétaire particulier du Pape, Mgr Georg Gaenswein. Quatre gendarmes et deux gardes suisses assurent la sécurité rapprochée de Benoît XVI qui est également accompagné de deux médecins. Quarante-quatre journalistes (dont quatre Français) ont pris place à l'arrière de l'appareil. À l'avant, dans un espace spécialement aménagé, le Pape, âgé de 81 ans, dispose d'un lit pour se reposer.

Une heure après le décollage, Benoît XVI fait son apparition pour une conférence de presse étroitement encadrée. Cinq questions triées sur le volet ont été préparées plusieurs jours à l'avance. En mai 2007, en route pour le Brésil, le Pape avait répondu à une question improvisée sur l'excommunication des hommes politiques mexicains ayant approuvé l'avortement. Ses mots avaient été alors mal interprétés. On ne l'y reprendra plus.
En Australie, comme aux États-Unis, en avril dernier, le problème des abus sexuels dans l'Église est à l'ordre du jour. Une enquête a été lancée à l'encontre d'un prêtre soupçonné de pédophilie pas plus tard que vendredi dernier. L'évêque de Sydney, Mgr George Pell, a ordonné la désignation d'une commission indépendante pour faire la lumière sur ces accusations après avoir été accusé de chercher à les étouffer il y a quelques années.

Sur ce sujet, Benoît XVI n'évoque pas une demande de pardon de l'Église. Mais il dit son intention de renouveler ses excuses. «Nous devons examiner ce qui a été insuffisant dans notre comportement et comment nous pouvons prévenir, soigner et réconcilier», dit-il. «Être prêtre est incompatible avec des abus sexuels, avec un comportement qui contredit la sainteté», ajoute-t-il. Immobile, un sourire presque timide sur les lèvres,

Sauvegarde de l'environnement
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Benoît XVI a les yeux étonnamment expressifs. On est loin du pape star. Mais l'ex-cardinal Jozef Ratzinger est populaire à sa façon, sérieuse, réservée. Sa parole est claire, précise, surtout quand il répond en italien qu'il maîtrise mieux que l'anglais. Pas de circonlocutions ni de prêchi-prêcha. Une question lui tient particulièrement à cœur : la sauvegarde de l'environnement. Il la développera en Australie, où le nouveau premier ministre travailliste Kevin Rudd en a fait lui aussi une priorité. Benoît XVI, lui, parle d'«écologie humaine», au sens où l'homme, tout comme la nature, fait aussi partie de la «création», vis-à-vis de laquelle «notre responsabilité est engagée». Il est urgent de «réveiller les consciences», affirme-t-il dans l'avion qui le mène à Sydney. «Il faut répondre à ce grand défi et retrouver la capacité éthique de changer en bien la situation», ajoute-t-il lorsqu'on l'interroge sur les engagements pris la semaine dernière au Japon par le sommet du G8 de réduire de 50 % les émissions de gaz à effet de serre avant 2050.

Le Boeing du Pape file vers l'hiver austral. Comme le veut la tradition diplomatique du Saint-Siège, un message est envoyé à chacun des treize pays survolés par l'appareil jusqu'à destination. «À Sa Majesté Norodom Sihamoni. Survolant le Cambodge sur le chemin de l'Australie, j'adresse des salutations cordiales à Votre Majesté et à tous vos concitoyens ainsi que l'assurance de mes prières. Signé : Benedictus PP. XVI».
Au début de son pontificat, Benoît XVI avait prévenu qu'il se déplacerait peu. Son magistère pastoral le conduit aujourd'hui aux antipodes.

«Moment historique»
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Pourtant, il apprécie peu les voyages au long cours, dit-on. À la différence de son prédécesseur, son tropisme est avant tout occidental. Tout l'y ramène, même lorsqu'il parle de l'Australie. Ce pays «fait partie de l'Occident, économiquement et politiquement, il partage ses succès et ses problèmes», confie le Pape aux journalistes qui l'accompagnent. Dans cette partie du monde «on n'a pas besoin de Dieu, pour être heureux, pour créer un monde meilleur», constate-t-il. Et pourtant, poursuit-il, «nous sommes à ce moment historique où l'on voit de nouveau s'exprimer la foi», poursuit-il.

Au cours du vol papal, on apprend qu'Ingrid Betancourt aura à «formaliser sa demande d'audience» avant d'être reçue par Benoît XVI, à l'automne. Le temps de l'Église n'est décidément pas celui des médias.



Mgr Guido Marini s'explique
Benoît XVI dans les Pouilles (VIII)

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