260 journalistes à Bressanone pour épier le Pape!

Luigi Accattoli , dans son blog, explique les raisons de leur présence...(1er/8/2008)



Sur son blog très souvent décalé et par là très intéressant, Luigi Accattoli fait une confidence étonnante, qui prend la forme d'un avertissement à ses confrères journalistes (il est lui-même présent, mais son âge, sans doute, l'autorise à un certain recul)

http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=739#comments



Collègues, laissons-le en paix

Le pape est en vacances: collègues, laissons-le en paix!
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Je suis un des 260 journalistes et techniciens en place à Bressanone, pour épier les vacances du Pape: cela en vaut-il la peine?
Peut-être pas. Nous savons que nous aurons peu à raconter, et qu'il est clair que ce n'est pas l'endroit pour l'interroger sur les femmes évêques et les Olympiades de Pékin.
Pourquoi, alors, sommes-nous là?
La réponse à cette question parle de l'importance de la figure papale aujourd'hui dans le monde: comment ne pas être présent là où il est? S'il lui arrivait quelque chose, où s'il accomplissait un acte imprévu?
La présence des journalistes durant ces deux semaines dans la tranquille Bressanone, est une nouvelle preuve de l'attente vers tout ce qui dit ou fait le pape. Une attente qui ne cesse même pas quand les faits la découragent. Il n'y a pas grand-chose à épier au délà des toiles de tente noires qui ont été tendues pour protéger les promenades bénédictines dans les jardins du séminaire, mais nous sommes là, équipés pour la besogne.



Et un peu plus loin, en réponse aux commentaires de ses lecteurs, il avoue:



"Nous avons eu une conférence de presse de l'évêque de Bolzano-Bressanone Wilhelm Egger, qui héberge le Pape dans le séminaire du diocèse. Il ne nous a rien raconté sur les journées de Benoît, ni sur les possibles sorties du séminaire..."



Cette toile de tente noire (que l'on aperçoit en effet sur quelques photos rendues publiques par l'Osservatore Romano, et non par une quelconque agence, d'ailleurs) m'inspire un sentiment de tristesse, presque de pitié, car métaphoriquement, elle me fait penser aux murailles d'une prison où le Saint-Père serait enfermé.
Et qu'on ne vienne pas comparer avec l'époque bénie des premières vacances de Jean-Paul II, où n'importe qui, paraît-il, pouvait le rencontrer au détour d'un chemin, et échanger avec lui quelques mots informels. Qu'on ne vienne surtout pas parler des mesures de sécurité entourant la personne de Benoît XVI, et des coûts prétendument induits pour la collectivité!

Quant aux motivations des journalistes, elles sont invariables, et c'est Luigi Accattoli lui-même qui en fait l'aveu. Il utilise pour cela le mot "spiare" (épier, ou espionner)! Autrement dit, pour eux, "faire leur travail".
Voici à titre de comparaison ce que disait 16 juillet dernier dans le quotidien "l'Equipe" un coureur du Tour de France expliquant les raisons de son abandon, sur fond de rumeur de dopage (je ne compare évidemment pas les évènements - d'autant plus qu'à Bressanone, il n'y a nulle "affaire" - seulement le traitement médiatique).
"Je déplore ce qui s'est passé, mais ça ne me surprend pas. Je constate que beaucoup de journalistes viennent maintenant suivre le Tour plus pour faire dans le sensationnel, comme des vautours sur une branche qui attendent leur proie. Là, ils se sont jetés sur une pseudo-affaire qui m'a fait mal, une fois de plus...".

Est-ce si différent?



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