Le Pape de Sant'Egidio

Du sang des martyrs naissent de nouveaux chrétiens: le compte-rendu de la visite du Pape à San bartolomeo, par Paolo Rodari (9/4/2008)

Article original sur le blog: http://www.palazzoapostolico.it/

Voir aussi ici: Visite à la communauté de Sant'Egidio



Mourir pour le Christ. Tertullien en parlait déjà : "Nous nous multiplions à chaque fois que nous sommes fauchés par vous : le sang des martyrs est graine de nouveaux chrétiens ".

Et Benoît XVI en a parlé aussi hier après-midi, à l'intérieur de la basilique romaine de San Bartolomeo dans l'Île Tiberine. Devant la Comunnauté de Sant'Egidio qui gère la basilique depuis 2002 et qui fêtait le 40ème anniversaire de sa fondation, le Pape a rappelé les chrétiens tombés au nom de la foi au cours du XXème siècle :
"Martyrs sous la violence totalitaire du communisme et du nazisme - a dit le Pape -, tués en Amérique et en Asie, en Océanie et en Afrique, au Mexique et en Espagne. Ce sont des évêques, des prêtres, des religieux, des laïques : ils sont si nombreux!".
Et encore :
"Dans la défaite, dans l'humiliation de ceux qui souffrent à cause de l'Évangile, agit une force que le monde ne connaît pas. C'est la force de l'amour, sans défense et victorieux même dans la défaite apparente. C'est la force qui défie et vainc la mort".
Le Pape a rappelé que le XXIème siècle s'est aussi ouvert sous le signe du martyre : c'est ce qu'on nomme la "christianophobie": "La cohabitation fraternelle, l'amour, la foi, les choix en faveur des plus petits et des plus pauvres, qui marquent l'existence de la communauté chrétienne, suscitent parfois une aversion violente".

C'est au milieu du XXème siècle que Sant'Egidio a fait ses premiers pas. "Née dans les années difficiles d'après'68", a rappelé le Pape.
Années, lui a fait écho Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté, au cours desquelles "un grand élan de vitalité animait les jeunes générations pour faire un monde meilleur", élan qui ensuite "a reflué dans un lourd repli". Années où Sant'Egidio s'est preservé "du froid des idéologies, de la chaleur brûlante des vies pour soi. Nous avons été guidés par l'amour. Vers les autres. Surtout les plus pauvres, d'abord de Rome, ensuite du monde entier, avec leurs souffrances, leurs maladies, leurs guerres. Les pauvres nous ont tant donné ".

Le Pape est arrivé sur l'île Tiberine, ponctuel. Des vedettes de la police gardaient les eaux environnantes; les drapeaux du Vatican blancs et jaunes campaient sur l'hôpital Fatebenefratelli ; quatre écrans géants envoyaient par vagues des images visibles le long du Tibre. Le Pont Cestio était rempli de gens. La petite place devant la basilique aussi. Entouré par le cardinal Ruini, Mgr Paglia, Riccardi et Marco Impagliazzo (président de la Communauté), Benoît XVI s'est arrêté longuement pour saluer des gens qui chantaient "nous n'avons ni or ni argent, seulement la parole du Seigneur".
Dans la basilique beaucoup d'évêques et de cardinaux et aussi, au premier rang, le président émérite Francesco Cossiga. Avant la célébration de la liturgie de la parole, le Pape s'est arrêté devant l'icône dédiée aux nouveaux martyres (pas seulement catholiques), oeuvre de Renata Sciachi : les portraits de Martin Luther King, don Puglisi, le père Massimiliano Kolbe, Vincenzo Bossilkov, Giuseppe Girotti, Dietrich Bonhoeffer, Titus Brandsma, Edith Stein, Paul Schneider.

Ce fut une marque d'affection notable envers sant'Egidio et, en même temps, un instant privilégié pour rappeler ceux qui, encore aujourd'hui, perdent la vie pour la foi. Pour eux, un musée sera édifié dans le crypte de San Bartolomeo. Il a quelques 13 milles témoignage recueillis. Ils seront visibles à tous dans quelque mois.



Etonnement

Une dépêche AFP, reproduite sur le site de La Croix, relate le même évènement en ces termes:
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Benoît XVI évoque les "martyrs" chrétiens du 21e siècle

Le pape Benoît XVI a évoqué lundi dans une église de Rome les "martyrs" du début du 21e siècle, victimes selon lui de "l'aversion" que "suscitent parfois" les chrétiens par leur engagement en faveur de la fraternité, leur foi et leur "choix en faveur des plus faibles".
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Les guillemets mis autour du mot "martyrs" en disent beaucoup trop...



Blasphème à Vienne, et le faux-pas du cardinal
Le "look vintage" de Benoît XVI

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