Andrea Tornielli
Ce sera vraiment un accueil spécial que Benoît XVI réservera ce matin à George Bush et à sa femme Laura : la visite du président des Etats Unis Oltretevere (de l’autre côté du Tibre, i.e. au Vatican, ndt), le dernier rendez-vous du voyage en Italie, se produira en effet avec un cérémoniale ad hoc, expressément voulu par le locataire numéro un du Vatican. Bush ne sera pas accueilli comme cela se produit normalement pour les chefs d'État, dans la Bibliothèque du pontife à l'intérieur du Palais apostolique, mais il sera attendu par Ratzinger devant la tour de San Giovanni, au milieu de la verdure des jardins du Vatican. Le Pape et son hôte, après un bref entretien, se promèneront le long des allées et s'arrêteront devant la reproduction de la grotte de Lourdes, où l'après-midi Benoît XVI a l'habitude de venir réciter le rosaire. Là, le chœur la Chapelle Sixtine exécutera deux motets en l'honneur de Bush. Le souvenir de l'extraordinaire accueil qu'en avril dernier le couple présidentiel avait voulu lui offrir à la Maison Blanche est encore vivace dans la mémoire du pontife , avec la réception au jardin, accompagnée de chants et de parades, puis à l'intérieur de la résidence présidentielle où avait été préparé un grand gâteau pour le 80ème anniversaire de Ratzinger. Le chef du protocole américain, Nancy Goodman Brinker a déclaré que Bush est « un immense fan de ce Pape » et que pour lui il a « un respect total ». Le feeling croissant entre le leader américain et le Pape allemand avaient fait supposer au Washington Post du 13 avril que le président pouvait être sur le point d'embrasser la foi catholique, comme l'avait fait récemment l'ex-premier ministre britannique Tony Blair, et comme le fit il y a une dizaine d'années Jeb Bush, le frère de George W. Dans les "palais sacrés" du Vatican, en réalité, pour le moment, on n'envisage rien de tel. L'intellectuel catholique américain George Weigel rappelle qu' « entre le Saint siège et l'administration Bush il y a une vaste aire d'entente sur les questions internationales », mais sur l'éventualité d'une conversion du chrétien méthodiste « born again » George Bush, le professeur se limite à dire : « Je n'ai pas de fenêtre sur son âme ». Il est vrai qu'au terme de la visite à la Maison Blanche, Benoît XVI, avec le couple présidentiel, avait récité une prière pour la famille. Et l'appréciation croissante du président pour l'Église catholique est indubitable. Pour l'instant, toutefois, un éventuel passage du président au catholicisme reste seulement une hypothèse. « Le fait d'être protestant - a ajouté l'ambassadrice Brinker - n'a jamais influencé son rapport avec Benoît XVI. Le président soutient complètement ce que ce Papa cherche à faire en faveur de la paix, de l'éducation, et contre la pauvreté, en collaboration avec les autres leaders politiques ». En ce qui concerne par contre les thèmes à l'ordre du jour pour la rencontre d'aujourd'hui, on a maintenant dépassé les divergences concernant la guerre en Irak - fortement contrecarrée par le Saint siège, qui ne manqua pas de mettre en garde, sans être écouté, contre les lourdes conséquences qui en découleraient - et la priorité est maintenant la stabilité du Pays et la protection de la minorité chrétienne qui a vu ses conditions de vie sensiblement aggravées. Un autre point significatif concerne une autre question clé pour le Moyen Orient, à savoir la nécessité de favoriser une solution qui prévoie la sûreté d'Israël et un état pour les palestiniens. Des convergences significatives entre le Saint siège et l'administration Bush sont enregistrées sur le thème de la défense de la vie et de la famille, et sur la promotion du droit fondamental à la liberté religieuse, ainsi que sur la nécessité d'un engagement pour les Pays pauvres et contre les pandémies. Le Vatican espère un possible accord sur ces thèmes également avec le nouveau locataire de la Maison Blanche qui sera désigné par le vote de novembre prochain.
© Copyright Il Giornale, 13 juin 2008
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