Le pape et le Tibet

Pas de "communauté internationale unanime"?

Certains medias commencent à s'impatienter de son silence.
Comme s'ils étaient dépités de ne pouvoir annoncer le triomphal et inutile "La Communauté internationale unanime a condamné...", habituel dans ces circonstances.


Réfléchir avant de parler... et d'agir

Ne pas parler pour ne rien dire.
Surtout, ne pas jeter inutilement -et dangereusement, car la Chine n'est pas une puissance d'opérette- de l'huile sur le feu.
Voilà ce que notre monde mitraillé d'informations et de commentaires à chaud ne peut pas comprendre, ni même accepter.
Et voilà ce que fait évidemment le Pape.

Qui sait ce qui se passe exactement au Tibet?

Les récits que nous en avons sont moulinés au prêt-à-penser du politiquement correct des journalistes.
C'est toujours le même scénario, et la compassion empêche la raison de s'exercer.
Rares sont ceux qui ont des informations de première main, mais cela n'empêche pas chacun d'y aller de son avis.
C'est le consensus mou de "l'opinion publique" internationale.
Cela me fait penser aux analyses du regretté Vladimir Volkoff sur la désinformation.

Dans cette ambience, la dépêche de l'agence AFP parue aujourd'hui (18 mars) sur le site de la Croix m'agace, sans toutefois me surprendre.

Comme je le lis souvent sur certains forums, "tout est dans le titre".
Et le titre est fielleux à souhait:
Le silence du pape sur le Tibet suscite des commentaires

Et un peu plus loin:
L'agence de presse SIR, émanation de la conférence épiscopale italienne, a estimé que le silence du pape ne devait pas être interprété comme "une bévue"...

Personne de sensé ne peut penser à une bévue, en parler, c'est déjà en faire une hypothèse plausible.
Cela porte un nom savant que je connaissais pas avant, "prétérition", et que, comme c'est bizare, j'ai déjà eu l'occasion d'utiliser à propos des relations du Saint-Père avec la presse...

Dans l'article, le "silence" du pape (on sait à quel point le rapprochement de ces deux mots a une connotation inquiétante!) à propos du Tibet est mis en opposition avec son cri vraiment déchirant pour la paix en Irak, prononcé lors de l'Angelus des Rameaux.

On ne peut pas comparer, bien sûr!
Même dans le silence assourdissant des médias, bien réel, celui-là, un archevêque a bel et bien été assassiné, et la complaisance de certains commentaires qui attribuait sa mort à sa mauvaise santé a été battue en brèche par les propos du Saint-Père, évoquant une sépulture "indigne".
Dans sa bouche, c'est fort.


La dépêche d'agence

CITE DU VATICAN, 17 mars 2008 (AFP) -
Le silence du pape sur le Tibet suscite des commentaires

Le silence remarqué de Benoît XVI sur le Tibet dimanche lors de l'angelus, quelques jours après la réaffirmation par le Saint-Siège de sa volonté d'un "dialogue constructif" avec la Chine, illustre les difficultés de ce dialogue, selon une source proche du Vatican.

L'agence de presse SIR, émanation de la conférence épiscopale italienne, a estimé que le silence du pape ne devait pas être interprété comme "une bévue", mais qu'il était lié à "la difficulté d'un dialogue déjà difficile en soi avec Pékin (...) pour rendre moins pénible la situation de l'Eglise dans ce grand pays".

Plusieurs médias italiens ont relevé lundi le silence du pape sur les évènements du Tibet, contrastant avec ses paroles fortes contre les violences en Irak. Il Messagero a estimé que le Vatican souhaitait "ne pas irriter Pékin".

Le journal du Vatican l'Osservatore Romano a consacré un bref article à "la mort de 13 personnes au Tibet", en page intérieure de son édition de lundi soir.

Selon des sources vaticanes citées dimanche par l'agence Ansa, Benoît XVI ne s'est pas exprimé sur le Tibet en raison "d'un manque de sources directes d'information". Le service de presse du Vatican, interrogé par l'AFP, s'était refusé à tout commentaire.

Une réunion sur la situation de l'Eglise catholique chinoise, divisée entre "officiels" reconnus par Pékin et clandestins fidèles au pape, s'était tenue jeudi au Vatican. Dans un communiqué, le Saint-Siège avait souligné sa volonté d'un "dialogue constructif et respectueux avec les autorités civiles" chinoises.

Le Vatican, qui n'a plus de relations diplomatiques avec la Chine depuis 1951, travaille au rapprochement avec Pékin pour réunifier l'Eglise de ce pays sous l'autorité du pape et obtenir plus de liberté d'action.


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