M. Higgins Clark, Benoît XVI et la messe en latin

Dans son dernier roman "Où es-tu maintenant?" (25/5/2008)


Mary Higgins Clark, et son ouvrage annuel dont la sortie en France est astucieusement planifiée pour coïncider avec la fête des mères, est ce qu'il est convenu d'appeler une lecture de détente.
Trois ou quatre heures d'évasion, un style minimaliste mais en même temps agréable et correct, le charme un peu désuet d'une intrigue reposant généralement sur un secret de famille ancré dans le passé, dans le cadre fascinant d'une grande maison de la Côte Est des Etats-Unis. Et surtout, rien de glauque ni de vulgaire, comme dans les "thrillers" actuels, pas de complaisance sordide envers l'érotisme- porno, pas de couplet politiquement correct, tout ce qui sert de toile de fond, avec la violence la plus crûe, à tant de "romans de gare". Plutôt une défense des valeurs de la famille. Bref, rien pour plaire aux "intellos", même en se cachant pour le lire.

Certains ne manqueront pas de sourire, et je le regrette - pour eux, mais surtout, je regrette de devoir écrire cela.

Le dernier roman s'intitule "Où es-tu maintenant" (Where are you now?) et vient donc d'être publié.
Je viens juste de commencer sa lecture, et voilà ce que je trouve, dès la page 19 (cela se passe à New York).

C'est si rare, si surprenant dans le contexte actuel, que cela vaut bien un petit coup de pub!!


LE PÈRE DEVON MACKENZIE faisait tristement observer à ses visiteurs que son église bien-aimée, St-François de Sales, était située si près de la cathédrale épiscopale de St. John the Divine qu'elle passait presque inaperçue.
Une douzaine d'années auparavant, le père Devon avait craint que St-François ne soit bientôt fermée, et il n'aurait pu honnêtement contester cette décision. Après tout, l'église datait du dix-neuvième siècle et avait besoin d'importantes réparations. Mais tandis que de plus en plus de buildings modernes se construisaient dans le quartier et que les vieux immeubles sans ascenseur étaient rénovés, il avait eu la joie de voir apparaître de nouveaux visages à la messe du dimanche.
La paroisse avait repris vie, lui permettant d'effectuer certains travaux au cours des cinq années précédentes. Les vitraux avaient été nettoyés ainsi que les fresques noircies par la saleté accumulée, les bancs de bois avaient été poncés et vernis, les prie-Dieu retapissés de neuf.
Puis, lorsque le pape Benoît XVI avait déclaré que chaque curé pourrait décider de célébrer la messe en latin, le père Devon avait annoncé que dorénavant la messe dominicale de onze heures serait dite dans cette langue traditionnelle de l'Église que lui-même parlait couramment.

La réaction de ses paroissiens l'étonna. L'église était désormais pleine à craquer à cette heure-là, non seulement de personnes âgées mais d'adolescents et de jeunes adultes qui répondaient avec ardeur Deo gratias au lieu de « Rendons grâce à Dieu », et récitaient le Pater Noster à la place du Notre-Père.


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