La communion pour les divorcés remariés

... et la boutade déplacée (vraiment prononcée?) de Berlusconi (22/6/2008)


Une dépêche de l'AFP, citée par la Croix nous apprend que "Silvio Berlusconi demande la communion pour les divorcés".

Une nouvelle rapportée par une agence italienne, et bien entendu reprise par la presse de la péninsule.
Cela se serait passé au moment de la communion, dans une localité de Sardaigne où le "Premier" italien possède une propriété.

Recevant la communion des mains de l'évêque du diocèse, Mgr Sebastiano Sanguinetti, Berlusconi lui aurait demandé sur le ton de la plaisanterie "Monseigneur, vous qui le pouvez, intercédez pour que nous les divorcés puissions avoir aussi l'eucharistie. Mais quand est-ce que vous allez changer cette règle?", à quoi le monsignore aurait répondu sur le même ton: "Le pouvoir c'est vous qui l'avez, adressez-vous à ceux qui sont au-dessus de moi", et l'AFP de souligner: ce que la presse a vu comme une allusion à la récente visite que M. Berlusconi a rendue au pape Benoît XVI.
Non sans ajouter, détails à l'appui (qu'est-ce que cela peut bien nous faire, sauf à vouloir mettre l'Eglise dans l'embarras, et pointer l'hypocrisie d'un gouvernement honni par le pouvoir médiatique??): "les quatre principaux dirigeants de partis de droite ou de centre-droit sont tous divorcés, rappelle le quotidien La Repubblica".
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Décidément, l'Eglise n'intéresse les médias que lorsque le scandale n'est pas loin. Si cela peut compromettre un gouvernement de droite, c'est encore mieux. Gagnant/gagnant, en somme.

J'ai cherché l'information dans la presse italienne, via le blog de Raffaella.
L'information est effectivement rapportée.

Raffaella fait un commentaire auquel je souscris entièrement, et que je traduis ici:
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(Raffaella)
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Je pensais que ce matin, les journaux se seraient occupés de la splendide homélie du cardinal Ruini (cf Les adieux du cardinal Ruini), dans laquelle l'actuel Vicaire de Rome exhortait les évêques à un plus grand courage, ce qui suppose la volonté de se tenir fermement aux côtés du Pape, y compris dans les situations difficiles.
Eh bien, il n'en a rien été.
Les "grands" journaux s'occupent de la boutade ("battutona") de Berlusconi, et de celle d'un évêque sarde, qui lui a en somme conseillé de s'adresser plus haut.
Comme si l'interdiction pour les divorcés remariés d'accéder à l'Eucharistie était la "faute" de Benoît XVI, malgré le synode de 2005, malgré le Magistère, et la doctrine.
Ce serait une bonne occasion, pour les évêques, tout en s'abstenant de plaisanter sur le sujet, d'expliquer aux fidèles les raisons de certaines décisions.
Qu'a compris le fidèle de base? C'est comme si l'évêque avait dit: "Ah, je n'y suis pour rien, adressez-vous au pape".

Relisons donc les propos du cardinal Ruini: "Etre aux côtés du Pape dans l'annonce et dans le témoignage de la foi, a-t'il souligné, particulièrement quand ceux-ci sont difficiles et réclament du courage, est en réalité le devoir de chaque évêque, un aspect essentiel de la collégialité épiscopale.
Je me permets de dire que si tout le corps épiscopal avait été fort et explicite sous cet angle, plusieurs difficultés, dans l'Eglise, auraient été moins graves, et pour le futur aussi, cela peut être un moyen efficace pour les redimensionner et les surmonter".
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Rafaella a par ailleurs déniché dans la presse régionale italienne un article, issu du quotidien l'Eco di Bergame: un prêtre y met en doute la version rapportée par les medias.
(Source: http://paparatzinger-blograffaella.blogspot.com/... )
« Je trouve cela un peu étrange, explique don Marchetti (expert en Droit canonique, chancelier de la Cure de Bergame et ex-Secrétaire général du 37ème Synode diocésain). D'abord, quand un évêque est en train de distribuer la communion, d'habitude, il n'a pas le temps de répondre aux blagues, et ensuite, parce que la question de l'impossibilité pour les divorcés remariés - pas pour les séparés - d'accéder à l'Eucharistie, est une affaire sérieuse qui ne peut être "contournée" en s'adressant à des "pouvoirs supérieurs".
Souvent, dans les medias, en parlant de l'Eglise, on adopte une approche banalisante, tournant tout en dérision. C'est pourquoi je prendrais avec réserve le compte-rendu du dialogue entre Berlusconi et Mgr Sanguinetti... ».


A chacun de se faire son opinion, donc.

Mais comme le dit mon amie Raffaella, que penser d'un prêtre qui se permet de faire des blagues (battute) au moment de la communion?

On en revient à la célèbre et si frappante méditation du cardinal Ratzinger, lors du Chemin de Croix du Colisée en 2005:


"[..] ne devons-nous pas penser également à ce que le Christ doit souffrir dans son Église elle-même ? Combien de fois abusons-nous du Saint-Sacrement de sa présence, dans quel cœur vide et mauvais entre-t-il souvent ! Combien de fois ne célébrons-nous que nous-mêmes, et ne prenons-nous même pas conscience de sa présence ! Combien de fois sa Parole est-elle déformée et galvaudée ! Quel manque de foi dans de très nombreuses théories, combien de paroles creuses ! Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement !


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