Les dessous de la conversion de Magdi Allam

Il s'agirait, selon Paolo Rodari, d'une entremise de "Communion et Libération" (26/3/2008)


Paolo Rodari voit dans le baptême "solennel" de Magdi Allam l'intervention du mouvement "Communion et Libération", auquel John Allen avait déjà fait allusion dans son billet anticipatif: Baptême d'un opposant à l'islam radical .
Ce qui donne à l'évènement un éclairage différent, pas nécessairement politique, si l'on connaît les liens d'amitié qui unissaient Joseph Ratzinger à ce mouvement d'évangélisation (*).
Car la presse occidentale, qui réagit souvent avec un certain retard, malgré ce qu'on en dit, commence à attiser sérieusement les braises, c'est-à-dire à susciter la polémique, en réanimant au besoin celle de Ratisbonne, comme en témoigne cet article paru sur le site du Point, intitulé Le Vatican tente de calmer la polémique sur le baptême d'Allam: "Le Point" sur le baptême d'Allam.

Le journal suisse Le Temps titre de son côté lourdement: "Provocation, gaffe diplomatique ou geste bien pesé, la conversion durant la veillée pascale du journaliste Magdi Allam par le pape Benoît XVI connaît, en tout cas, un retentissement urbi et orbi."

Et le Figaro en rajoute une couche, en faisant fielleusement remarquer que "Le vice-président de la communauté musulmane italienne, Yahya Pallavicini, a accueilli avec «respect» la décision de Magdi Allam sans cacher sa «perplexité» sur l'opportunité de ce baptême public par le Pape. Il n'a pas dissimulé sa crainte de voir ce geste interprété comme une provocation par ceux qui estiment que l'ouverture au dialogue de l'Église catholique s'accompagne d'un désir «de suprématie». Yahya Pallavicini connaît bien le Saint-Siège. Il fait partie des artisans du premier forum islamo-catholique, qui devrait se dérouler en novembre au Vatican".

Quoiqu'il en soit, le billet de Paolo Rodariarti confirme le rapprochement inévitable avec Ratisbonne, et en partie ma première réaction d'inquiètude (L'islam s'invite dans la Semaine Sainte ), que le principal protagoniste lui-même partage:
« ...
au seuil du grand saut, lorsqu'il nous informa que le Saint Père avait décidé de le baptiser dans la nuit de Pâques, Magdi avec un regard d'enfant dit : "Le danger existe, mais pas pour moi. Pour le Pape. Vous devez prier pour le Pape "
»
Sur ce sujet, voir aussi la mise au point définitive publiée dans l'Osservatore Romano: L'Osservatore Romano et le baptême d'Allam

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(*) Note :
Communion et Libération, en italien Comunione e Liberazione, est un mouvement catholique fondé en 1954 par Don Luigi Giussani, un prêtre de Lombardie. (Wikipedia)

Le cardinal Ratz
inger est réputé avoir été proche de ce mouvement; en février, c'est lui qui a prononcé l'homélie aux obsèques de Don Giussiani.


Ainsi, Communion et Libération a converti Magdi et a défié Ratisbonne
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http://www.palazzoapostolico.it/
Rodari (25/03/2008)
C'est le mouvement Communion et Libération qui est derrière la conversion de Magdi Allam au catholicisme.
Conversion consacrée durant la nuit de Pâques par le baptême, la confirmation et l'eucharistie données par le Pape, le nom assumé de Magdi Christian Allam et le renoncement implicite à la foi islamique.
Que CL soit derrière tout cela, en témoignent les noms que Magdi Allam en personne a cités, dimanche, dans le Corriere comme "points de référence" sur la route de la conversion, [parmi lesquels] monsignor Luigi Negri, évêque de San Marino et l'un des responsables historiques de CL. Et puis, même s'il n'a pas été cité sur le Corriere, l'honorable Maurizio Lupi...celui que Madgi Allam a choisi comme parrain pour le rite de la nuit pascale.
Dans les jours précédents l'évènement, très peu de gens étaient au courant de la volonté de conversion de Magdi Allam.
Au Vatican, certains ont témoigné de l'inquiétude du fait que le Pontife en personne allait lui donner les sacrements.
L'effet Ratisbonne, en effet, et les accusations conséquentes contre le Pape de vouloir faire du prosélytisme dans le monde islamique, auraient pu se reproduire une deuxième fois, compte tenu des positions très dures que le même Allam a toujours pris vis-à-vis de islam le plus fondamentaliste.
D'autres ont aussi souligné qu'il aurait mieux valu une conversion low profile, en secret, c'est-à-dire dans une paroisse romaine anonyme.

Mais il semble que ce soit Benoît XVI en personne qui se soit montré résolu. Peut-être, sur le fond, y-a-t'il aussi la volonté de montrer une Église qui ne craint la conversion au catholicisme de quiconque, même pas des musulmans. Une Église qui vis-à-vis de l'islam a toujours demandé, avant et après Ratisbonne, la réciprocité : si beaucoup se convertissent du catholicisme à l'islam sans problèmes, la même liberté doit être garantie pour ceux qui entendent faire le parcours inverse.

Une étroite amitié lie Luigi Negri, évêque de San Marino, avec Magdi Allam.
Déjà, il y a quelques mois ce fut lui qui baptisa à la foi catholique le fils de Magdi Allam dans une paroisse de son diocèse. Mgr Negri explique : "L'amitié est née à partir d'un dialogue mûri entre laïques et catholiques, que j'ai mis en chantier avec l'Institution de la Fondation Internationale Jean Paul II pour le magistère social de l'Église. Magdi Allam, dans les rencontres formelles et informelles que nous avons eues, a toujours fait preuve d'une extraordinaire acuité pour mettre en évidence la crise de la societé occidentale dans l'absence de valeurs fondamentales qui, de fait, réduit l'Occident à être soumis et effrayé face à l'islam. L'islam qu'il voit devant lui, est un islam dans lequel prévaut l'aspect idéologico- politique.
Et dans ce sens, le "coup" du Pape de le baptiser a été subtil parce qu'il a montré que le courage est plus politique que les réticences. Des réactions d'une partie du monde islamique, il y en aurait eu de toutes façons. Et, en fait, il y en a déjà ".
Et c'est pour le Pape, plus que pour lui-même et pour les accusations d'"apostasie" lancées contre lui par le monde islamique (les milieux radicaux et des jihadistes ont plusieurs fois critiqué son appui à Israël et à la politique de l'administration américaine), que Magdi Allam s'inquiétait. Soeur Maria Gloria Riva le dit dans une lettre publiée hier par le site culturacattolica.it : "Un jour, chez lui - rapporte-t'elle- il nous a pris à part : "Je veux être du côté du Christ", a-t'il dit. Ensuite d'une voix calme et profonde il nous a avoué combien ce Pape avait pesé sur son parcours et avait été à l'origine de sa profonde réflexion autour de l'islam, dans la nécessité d'une foi qui soit soutenue par la raison. Ce qui nous avait effrayé, c'était le danger auquel il s'exposait avec une déclaration publique de sa conversion. Mais nous savions qu'il ne pouvait qu'en être ainsi. La détermination et le sérieux avec lequel Magdi affronte chaque chose ne pouvait que s'accorder avec ce nouveau et important pas de sa vie.
Pourtant au seuil du grand saut, lorsqu'il nous informa que le Saint Père avait décidé de le baptiser dans la nuit de Pâques, Magdi avec un regard d'enfant dit : "Le danger existe, mais pas pour moi. Pour le Pape. Vous devez prier pour le Pape "".
Des mots que Magdi Allam rapporta aussi à don Gabriele Mangiarotti (un des religieux proches de CL évoqués au début de l'article), lequel raconte comment l'amitié avec le vice directeur du Courrier avait commencé "après l'épisode de Ratisbonne". "Tout de suite - explique Mangiarotti - j'ai été impressionné par sa droiture morale: il me rappelait mon père. Nous l'avons invité dans la diocèse de San Marino pour tenir une conférence Il expliqua comment les mots du Pape à Ratisbonne avaient eu sur l'islam un effet presque plus grand que celui qu'eut pour l'Occident l'attaque des Tours Jumelles ".

Maurizio Lupi souligne que le Pape "a vraiment bien fait de le baptiser personnellement". "Ce fut l'accomplissemnt d'un parcours naturel - dit-il -, celui qui chaque année, également pour d'autres catécumènes du diocèse de Rome, se termine par le baptême dans la basilique vaticane. Celui de Magdi Allam a été un cheminement personnel de conversion éclairé par la rencontre avec une foi, la foi catholique, où la raison n'est jamais mise de côté, mais au contraire s'en trouve éclairée. L'amitié avec Magdi est née lors de la rencontre de Rimini et ensuite au cours de la manifestation "Sauvons les chrétiens" (Salviamo i cristiani) que lui-même organisa à Rome le 4 Juillet dernier. En somme, ce furent ses combats pour la liberté religieuse et pour une foi n'excluant pas la raison qui trouvèrent avec moi et avec beaucoup d'autres personnes une affinité que je définirais comme naturelle ".


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