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La vigne du Seigneur (2)

Extrait de l'homélie prononcée à la messe d'ouverture du Synode (5/10/2008)


(texte original en italien: http://magisterobenedettoxvi.blogspot.com/)

Les agences de presse retiennent que le Saint-Père dresse « un sombre tableau de la perte d'influence du christianisme en Europe, menacé d'extinction comme certaines communautés chrétiennes des premiers siècles, et qu’il évoque même le "châtiment" que Dieu a fait subir aux communautés chrétiennes rebelles ou incohérentes.

En réalité, son discours, sans complaisance, et qui pourrait fort bien s'adresser à la France qu'il vient à peine de quitter, est réaliste, plus que pessimiste, mais se clôt quand même sur une note d’espoir.
… le mal et la mort n'ont pas le dernier mot, mais à la fin, celui qui vainc, c'est le Christ. Toujours !

J’ai traduit la partie la plus significative, où il nous explique de façon très pédagogique et en même temps très poétique l’Evangile du jour, et en particulier, l’allégorie récurrente chez lui, et désormais familière pour nous de « la Vigne du Seigneur ».


La première Lecture, tirée du livre du prophète Isaïe, de même que la page de l'Évangile selon Matthieu, ont proposé à notre assemblée liturgique une suggestive image allégorique de la Sainte Écriture : l'image de la vigne, dont nous avons déjà entendu parler les dimanches précédents.

La péricope (*) initiale du récit évangélique fait référence au « cantique de la vigne » que nous trouvons dans Isaïe. Il s'agit d'un chant situé dans le contexte automnal de la vendange : un petit chef-d'oeuvre de la poésie hébraïque, qui devait être très familier aux auditeurs de Jésus et dans lequel, comme dans d'autres références des prophètes, on comprenait bien que la vigne désignait Israël. À sa vigne, à ce peuple qu'il s'est choisi, Dieu réserve les mêmes soins que l'époux fidèle prodigue à son épouse.

L'image de la vigne, avec celle des noces, décrit donc le projet divin du salut, et il apparaît comme une émouvante allégorie de l'alliance de Dieu avec son peuple.

Dans l'Évangile, Jésus reprend le cantique d'Isaïe, mais l'adapte à ses auditeurs et au nouvel instant de l'histoire du salut. L'accent n'est pas tant mis sur la vigne, mais plutôt sur les vignerons, auxquels les « domestiques » du maître demandent, en son nom, le prix de la location. Les domestiques cependant sont maltraités et même tués. Comment ne pas penser aux événements vécus par le peuple élu et au sort réservé aux prophètes envoyés par Dieu ?
À la fin, le propriétaire de la vigne accomplit une ultime tentative : il envoie son fils, convaincu qu'au moins, ils l'écouteront. Il arrive en fait le contraire : les ouvriers le tuent justement parce qu'il est le fils, c'est-à-dire l'héritier, convaincus de pouvoir ainsi s'emparer facilement de la vigne. Nous assistons par conséquent à une rupture par rapport à l'accusation de violation de la justice sociale, qui émerge du cantique d'Isaïe. Là, nous voyons clairement comment le mépris de l'ordre donné par le patron se transforme en mépris envers lui : ce n'est pas la simple désobéissance à un précepte divin, c'est le véritable rejet de Dieu : là apparaît le mystère de la Croix.

Ce que dénonce la page de l'Evangile interpelle notre mode de penser et d'agir. Elle ne parle pas seulement de «l'heure » de Christ, du mystère de la Croix en cet instant, mais de la présence de la Croix dans tous les temps.

Elle interpelle, de manière spéciale, les peuples qui ont reçu l'annonce de l'Évangile. Si nous regardons l'histoire, il n'est pas rare que nous devions enregistrer la froideur et la rébellion de chrétiens incohérents. En conséquence, Dieu, sans jamais manquer à sa promesse de salut, a dû souvent recourir à la punition.

On pense spontanément, dans ce contexte, à la première annonce de l'Évangile, dont jaillirent des communautés chrétiennes initialement florissantes, qui ont ensuite disparu et ne sont plus rappelées aujourd'hui que dans les livres d'histoire. Ne pourrait-il pas se produire la même chose à notre époque ? Des nations autrefois riches de foi et de vocations sont aujourd'hui en train d'égarer leur identité, sous l'influence délétère et destructrice d'une certaine culture moderne.

Il y a celui qui, ayant décidé que « Dieu est mort », se déclare lui-même « dieu », se considérant comme l’unique auteur de son destin, propriétaire absolu du monde. En se débarrassant de Dieu et en n'attendant plus de lui le salut, l'homme croit pouvoir faire ce qu'il lui plaît et pouvoir se poser comme seule mesure de lui-même et de son agir.

Mais quand l'homme élimine Dieu de son horizon, quand il déclare Dieu « mort », est-il vraiment plus heureux ? Devient-il vraiment plus libre ? Quand les hommes se proclament propriétaires absolus d'eux-mêmes et uniques maîtres de la création, peuvent-ils vraiment construire une société où règnent la liberté, la justice et la paix ? Ne se produit-il pas plutôt - comme la chronique quotidienne le montre abondamment - que se répandent l'arbitraire du pouvoir, les intérêts égoïstes, l'injustice et l'exploitation, la violence dans toute son expression ? Le résultat en fin de compte, est que l'homme se retrouve plus seul et la société plus divisée et confuse.

Mais dans les mots de Jésus il y a une promesse : la vigne ne sera pas détruite. Tandis qu'il abandonne à leur destin les ouvriers infidèles, le patron ne se détache pas de sa vigne et il la confie à d'autres, ses serviteurs fidèles.

Ceci montre que, si dans plusieurs régions la foi s'affaiblit jusqu'à s'éteindre, il y aura toujours d'autres peuples prêts à l'accueillir.
C'est pour cela que, tandis qu'il cite le Psaume 117 [118] : « La pierre que les constructeurs ont écarté est devenue pierre angulaire » (v. 22), Jésus assure que sa mort ne sera pas la défaite de Dieu. Tué, Il ne restera pas dans la tombe, au contraire, ce qui semblera être une défaite totale, marquera le début d'une victoire définitive. À sa douloureuse passion et à sa mort sur la croix suivront la gloire de la résurrection. La vigne continuera alors à produire du raisin et sera donnée en location par le patron « à d'autres paysans, qui lui livreront les fruits en son temps » (Mt 21.41).

L'image de la vigne, avec ses implications morales, doctrinales et spirituelles, reviendra dans le discours du Dernier Repas, quand, prenant congé des Apôtres, le Seigneur dira : « Je suis la vraie vigne et mon Père est l'agriculteur. Chaque sarment qui en moi ne porte pas de fruit, je le coupe, et chaque sarment qui porte des fruits, je le taille, afin qu'il en porte plus encore » (Jean 15.1-2).
À partir de l'évènement pascal, l'histoire du salut connaîtra donc un tournant décisif, et les protagonistes en seront ces « autres paysans » qui, greffés comme germes choisis dans le Christ, la vraie vigne, porteront des fruits abondants de vie éternelle. Parmi ces « paysans » il y a aussi nous, greffés dans le Christ, qui voulut devenir lui-même la « vraie vigne ». Prions afin que le Seigneur qui nous donne son sang, lui-même, dans l'Eucharistie, nous aide « à porter des fruits » pour la vie éternelle et pour notre temps.

Le message consolant que nous tirons de ces textes bibliques est la certitude que le mal et la mort n'ont pas le dernier mot, mais à la fin, celui qui vainc, c'est le Christ. Toujours !

(*)

Dans l'exégèse des textes (sacrés ou non), une péricope désigne un extrait formant une unité ou une pensée cohérente. La péricope doit avoir un sens, lue indépendamment de son contexte. Le terme provient du grec περικοπη signifiant « découpage ». Les principaux usages de ce mot concernent la liturgie, en général dans le cadre d'une lecture publique, et l'étude et le commentaire d'un texte.

Source: http://fr.wikipedia.org/

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