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A propos de la commémoration de l'armistice

... de 1918 et des mutins fusillés: une fausse bonne idée, et le rappel d'un discours du cardinal Ratzinger pour réconcilier et panser les plaies (12/11/2008)

Les paroles qui divisent... et celles qui rassemblent.
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(source: AFP, 11/11/2008)
Nicolas Sarkozy a célébré mardi l'armistice de la guerre de 1914-1918 en rendant hommage à tous ses morts "sans exception", y compris les mutins ou les déserteurs fusillés, lors d'une cérémonie à Douaumont, haut lieu de la meurtrière bataille de Verdun.
Huit mois après la mort à 110 ans du dernier combattant français de la Grande guerre, Lazare Ponticelli, le chef de l'Etat a placé ce premier 11 novembre sans "poilu" sous le signe de la paix et de l'Europe, en y associant vainqueurs et vaincus.
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Rien à dire, bien sûr - et surtout, il n'est pas question de jeter la première pierre à des hommes qui ont vécu dans une souffrance absolue des circonstances qu'il est impossible d'imaginer aujourd'hui (il faut relire le beau roman de Roland Dorgelès, "Les croix de bois") - Sauf la récupération qui en est faite par certains (voir tract ci-contre).
Si cette simple constatation du président doit être instrumentalisée par "l'ultra gauche" pour régler des comptes (comme elle l'a été hier sur FR3 Lorraine), alors c'est une fausse bonne idée.

Voici, pour comparer, un extrait du discours admirable que le cardinal Ratzinger a prononcé au cimetière allemand de La Combe, à Caen, le 5 juin 2004, alors qu'il représentait Jean-Paul II aux cérémonies commémoratives du 6 juin 44.
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C'est le moment de nous mettre à genoux, pleins de respect, devant les morts de la Deuxième Guerre mondiale, nous rappelant les innombrables jeunes gens de notre patrie, leur avenir, leurs espérances détruits au cours de ce sanglant massacre de la guerre. En tant qu'Allemands, nous sommes douloureusement frappés à la pensée que leur élan, leur idéal, leur loyauté envers l'État aient été instrumentalisés par un régime sans justice.
Mais cela n'entache pas l'honneur de ces jeunes hommes, dans les consciences desquels Dieu a pu regarder. Chacun d'eux se tient, personnellement, en sa présence, avec tout son trajet de vie, avec sa mort violente; chacun se tient devant ce Dieu dont la bonté miséricordieuse, nous le savons, garde tous nos morts. Ils n'ont désiré faire que leur devoir, non sans de nombreux doutes et de nombreuses interrogations. Mais ils nous regardent et nous interpellent : «Et vous? Oui, vous, qu'allez-vous entreprendre pour que les jeunes ne soient plus contraints à la guerre? Qu'allez-vous faire pour que le monde ne soit pas, une fois encore, dévasté par la haine, la violence, le mensonge?»
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Les morts de La Combe nous interpellent : ils sont dans la paix de Dieu, mais ils ne cessent de nous demander : « Et vous, que faites-vous pour la paix?» Ils nous mettent en garde devant un État susceptible de perdre les fondements du droit et d'en couper les racines. Le souvenir de la souffrance et des maux de la Seconde Guerre mondiale uni au souvenir de la grande aventure de la réconciliation qui, grâce à Dieu, s'est accomplie en Europe, nous indiquent où se trouvent ces forces capables de guérir l'Europe et le monde. La terre peut devenir lumineuse, et le monde peut être humain à une seule condition : laisser Dieu entrer dans notre monde.

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Le discours est reproduit dans le livre "L'Europe, ses fondements aujourd'hui et demain" (Cal Ratzinger, ed. Saint-Augustin, 2005, page 137) sous le beau titre "La grâce de la réconciliation".
Bien sûr, il ne s'agit pas de la même guerre, et les circonstances peuvent sembler (un peu) différentes; mais le cardinal ne recherche que l'apaisement, et sait trouver les mots qui rassemblent et guérissent.
Ce qui est tout l'inverse de la polémique inutile soulevée par le Président - ou par les medias, mais cela revient au même.

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