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Allen, Accattoli et les autres

Le vaticaniste italien effectuait son dernier vol avec le Pape. Joyeuse ambiance à bord de Sheperd One, le 15 septembre (25/9/2008)

Parmi beaucoup de thèmes graves et sérieux, John Allen a consacré l'un de ses billets sur le voyage du Pape en France à un sujet plus léger, et amusant, car il nous fait un peu pénétrer dans les coulisses du microcosme journalistique qui gravite autour du Pape (qui les connaît sans doute tous, mais n'est pas censé le faire...) .
L'influence d'Accattoli, vaticaniste dans le plus grand quotidien italien, souvent très intéressant, et même attachant, réputé comme "progressiste", est réelle: Michel de Jaeghere y faisait allusion dans son livre "La repentance: histoire d'une manipulation", à propos de son rôle supposé dans la perception médiatique des "repentances" de Jean-Paul II lors du jubilé de l'an 2000. Et George Weigel dans son livre récemment paru, "Benoît XVI: le choix de la vérité" évoquait rôle ambigu qu'il avait pu jouer dans le dernier conclave - ou plutôt dans son traitement médiatique.
Article original sur le site de NCR: http://ncrcafe.org/node/2124
L'article du blog d'Accattoli auquel il est fait référence est ici: http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=779
Ma traduction

Une affectueuse fête d'adieu pour un voyageur papal vétéran
Le 20 septembre 2008
John ALLEN, Rome

Pour le service de presse du Vatican, le voyage du 12 au 15 septembre du pape Benoît XVI vers la France fut une occasion historique, indépendamment de ce que le pape a dit ou a fait.
Ce voyage de quatre jours a marqué le dernier voyage papal pour le vaticaniste italien légendaire Luigi Accattoli du Corriere della Sera.
C'était le quatre-vingt-quinzième et dernier voyage papal pour Accattoli, qui travaillait au Corriere depuis 1981. Il atteindra 65 ans en décembre, et selon les règles assez rigides de ce journal, il est obligé de prendre sa retraite.

Alors qu'Accattoli continuera probablement à être une voix importante dans l'analyse du Vatican, il ne sera plus sur la ligne de front, comme on dit, de la couverture papale.

Bien que les catholiques anglophones puissent ne pas savoir le nom d'Accattoli, ils connaissent presque certainement son travail. Au cours des années, Accattoli a établi une réputation en tant qu'observateur attentif et bien informé des affaires de l'Eglise, ce qui veut dire que quiconque couvre le Vatican, dans quelque langue que ce soit, lit Accattoli et, très souvent, lui emprunte librement.
En conséquence, Accattoli a été, de par le monde, le « moteur » derrière un énorme volume de couverture du Vatican durant le dernier quart de siècle.
Pour dire les choses de la façon la plus modérée, la presse italienne n'est pas toujours légendaire pour sa passion pour l'exactitude effective. (ndt: humm... est-ce bien confraternel??)
Quand la signature d'Accattoli est sur un article, pourtant, vous pouvez avoir confiance.
Je me souviens que lorsque je suis arrivé à Rome pour la première fois en 1999 pour couvrir le deuxième synode pour l'Europe, j'ai découvert à ma grande surprise qu'en comptant sur les canaux officiels, il n'y a vraiment aucun moyen de «couvrir» un synode dans le sens que les journalistes attribuent d'habitude à ce terme. Les sessions quotidiennes sont fermées au public, et bien que le Vatican offre des points de presse, la version des événements que l'on obtient est souvent aseptisée. Il n'y a aucun accès direct aux décideurs, et aucune manière de suivre vraiment la dynamique de la réunion.
Pourtant, chaque jour, dans le Corriere della Sera, on pouvait trouver un compte-rendu rigoureux de ce qui se passait à l'intérieur du synode, y compris des détails que même certains des participants ne connaissaient pas. Je me souviens qu'un collègue m'a dit « Le Vatican devrait simplement demander à Accattoli de faire les points-presse... C'est le seul qui semble vraiment savoir ce qui se passe.»

Il en a été ainsi pendant un quart de siècle. Dire que Luigi Accattoli manquera à ceux qui veulent savoir ce qui se passe à Rome serait donc à ranger dans la liste des litotes de 2008.

Sur notre vol de retour de France, lundi, nous avons offert un toast impromptu à Luigi. John Thavis du Catholic News Service, un autre vétéran des voyages papaux, a parlé au nom de nous tous, disant qu'il « ne pourrait pas croire que » Accattoli ne serait plus à bord. Marco Politi de La Repubblica a mis son grain de sel, en disant qu'il était sûr qu'Accattoli trouverait un moyen de suivre des voyages papaux à l'avenir, mais sans être obligé de se réveiller à 5 heures du matin, afin de rassembler les discours du jour comme nous autres! Le porte-parole de Vatican, le père jésuite Federico Lombardi, lui a également rendu hommage, disant qu'il avait rencontré Accattoli la première fois 35 ans auparavant, et qu'il était même une « autorité » sur la scène journalistique.
Les 70 membres du service de presse ont signé une copie du menu d'Air France du vol, avec leurs meilleurs voeux.
Après que nous ayons fini de fêter Accattoli, ce fut le tour du personnel du Vatican qui voyage avec le pape, et Benoît XVI en personne s'en est mêlé.

Comme toujours, il est préférable de laisser Accattoli lui-même raconter l'histoire; le compte-rendu suivant est de son blog, dans ma traduction. http://www.luigiaccattoli.it/blog/?p=779

Le Père Lombardi m'a accompagné dans la zone de l'avion réservée aux trente membres de l'entourage papal, et ils m'ont également congratulé, puisque je connaissais bon nombre d'entre eux depuis 10, 20, même 30 ans. Mgr Francesco Camaldo, du bureau des cérémonies liturgiques du pape, était particulièrement enjoué, alors que son patron, Mgr Guido Marini, était un peu plus discret. Avec une sorte de complicité laïque, j'ai été embrassé par l'organisateur des voyages papaux, Alberto Gasparri, le fonctionnaire responsable de la sécurité, Domenico Giani, et le directeur de L'Osservatore Romano, Gian Maria Vian. J'ai été également félicité par les trois cardinaux français à bord - Etchegaray, Poupard, et Tauran - ainsi que par le docteur du pape, Buzzonetti, et par tous les autres présents.
A l'avant de l'avion, du côté gauche, il y avait Benoît, avec Georg [Mgr Georg Gänswein, secrétaire du pape] à ses côtés. Après que le pape ait posé pour une photo avec l'équipage de l'avion, ce fut mon tour. Le Père Lombardi m'a présenté, disant qui j'étais et combien de voyages j'avais faits, et Benoît a dit : "Mais je le connais!" Il a rappelé les fois où nous nous étions rencontrés, et les entretiens qu'il m'avait accordés quand il était encore cardinal. Il m'a dit "mais vous êtes jeune, por prendre votre retraite!" J'ai répondu " c'est notre règle.".
Il a observé que " 95 voyages, c'est beaucoup."
Je lui ai dit que que ma famille était très heureuse, et lui m'a donné une bénédiction pour mes enfants et mes petits enfants (ndt: et non pas "neveux" comme l'a traduit Allen; c'est le même mot en italien, mais L.A. a plusieurs fois fait allusion à ses petits-enfants, dans son blog). »
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Ce que Luigi n'ajoute pas, mais que je rappelle ici, c'est qu'à son retour du compartiment papal, le service de presse tout entier lui a fait une ovation… sur quoi il nous a regardés, souri béatement, fait le signe de la croix, et offert sa meilleure imitation d'une bénédiction papale. Ce geste entendu, venant d'un homme ordinairement réservé, nous a renversés. D'une manière ou d'une autre, il semblait convenable que le dernier souvenir que nous emporterons de Luigi Accattoli à bord d'un vol papal soit de quitter ses collègues avec un sourire

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