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Des "psy" dans les séminaires

Ou: mieux vaut moins de prêtres que de mauvais prêtres. Et les psychologues peuvent aider à les choisir.

Les analyses de Politi et Rodari (1er/11/2008)

Hier, les pages d'information consacrées au Vatican, sur Internet, titraient en gros "non aux prêtres gays".
On voit mal à quel titre les gays en tant que tels pourraient revendiquer une place dans l'Eglise!!

Mieux vaut donc aller à la source pour savoir de quoi il retourne.


30 OCT 2008 (VIS).
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Ce matin, la Salle-de-Presse du Saint-Siège, a présenté le document de la Congrégation pour l'éducation catholique intitulé: "Orientations pour l'utilisation de la psychologie dans l'admission et la formation des candidats au sacerdoce". Sont intervenus le Cardinal Zenon Grocholewski, Préfet du dicastère, Mgr.Jean-Louis Bruguès, OP, Secrétaire, et l'Abbé Carlo Bresciani, Consulteur.
...
L'Abbé Bresciani a souligné que ce document, "loin de vouloir confier aux psychologues la formation sacerdotale, est centré sur la nature spirituelle de la formation. Il s'agit simplement d'utiliser les sciences humaines et la psychologie en particulier comme soutien à la préparation au sacerdoce, afin d'obtenir des prêtres à la personnalité équilibrée. Si l'Eglise estime les méthodes psychologiques elle entend en discipliner l'usage de manière profitable" pour ses futurs prêtres.

Notons que l'instruction est un texte long et très technique, disponible pour le moment en italien sur le Site du Saint-Siège, et que j'avoue ne pas avoir lu.

http://212.77.1.245/news_services/

Mais je soupçonne que les journalistes qui ont fait leur titre avec ce sommaire "Non aux prêtres gay" en ont lu encore moins que moi.
Les deux articles que j'ai choisi de traduire émanent de journalistes italiens bien informés, et qui vont à la source de l'information plutôt que de recopier des dépêches d'agence.

Marco Politi

Marco Politi commente la nouvelle dans La Republicca.
http://ricerca.repubblica.it/...
La seconde partie de l'article rachète en partie le début, qui ne fait que reperendre à son compte le titre-choc....
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Pas de prêtres gays, pas de séminaristes homosexuels.
L'orientation sexuelle des candidats sera examinée afin d'exclure les personnes avec des tendances homosexuelles fortement enracinées.
Le Vatican confirme son veto avec un document de la Congrégation pour l'éducation catholique, dans lequel, parmi les dons variés des candidats au sacerdoce est aussi exigée une "identité virile". Réaction immédiate de la part des représentants des mouvements homosexuels. Commentaire d'une parlementaire du PD (la gauche de Veltroni, de quoi se mêlent-ils, ndt): l'attitude du Vatican "n'aidera pas des millions (!!) d'homosexuels catholiques à vivre sereinement leur identité".
Il revient à l'Eglise - rappelle le document intitulé "Orientations pour l'utilisation de la psychologie dans l'admission et la formation des candidats au sacerdoce" - de choisir les personnes qu'elle considère comme adaptées au sacerdoce. Jusque là, c'est évident.
Ce qui suscite la perplexité, par contre, c'est l'idée que la virilité dans l'exercice de reponsabilité, soit une garantie de plus grand équilibre et autorité.
Parmi les requis, le document met sur le même plan "identité virile et capacité d'avoir des relations mûres avec les autres", tandis que, parmi les symptômes graves d'immaturité, il désigne: forte dépendance affective, gêne dans les relations personnelles, rigidité excessive de caractère, manque de loyauté, identité sexuelle incertaine, tendances homosexuelles fortement enracinées".
Le président d'Acigay plaisante: son association se propose comme "conseiller pour identifier les homosexuels qui se cachent au sein de l'Eglise".
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Le document du Vatican est en réalité une instruction pour l'utilisation de psychologues et de psychothérapeuthes dans la sélection des séminaristes.
Le Saint Siège veut des séminaristes qui fassent preuve d'équilibre humain et psychique, notamment dans le domaine affectif, de manière à pouvoir vivre une vie de célibat dans un rapport serein avec les fidèles.
Trop de candidats, explique le cardinal Zenon Grocholewski, préfet de la Congrégation, sont influencés par un contexte marqué par "instabilité dans les relations familiales et sociales, relativisme moral, vision erronée de la sexualité, fragilité des choix, négation systépmatique des valeurs".
Il vaut mieux les sélectionner avant".

Les experts en science psychologique, explique le document, sont utiles pour le diagnostic, la thérapie, le soutien, mais, en dernier ressort, le pouvoir décisionnel reviendra à l'évêque.
© Copyright Repubblica, 31 octobre 2008

Rodari

C'est Paolo Rodari, sur son blog bien informé Palazzo Apostolico, qui offre l'éclairage le plus intéressant, en soulignant le rôle personnel du cardinal Ratzinger/Pape Benoît XVI dans l'élaboration du document (même si le titre ne correspond pas exactement au contenu):

Virage de Ratzinger: des psys dans les séminaires.
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Treize ans, ce n'est pas rien pour la sortie d'un document vatican.
Et ce n'est pas rien non plus pour le document sorti hier, même si le sujet qu'il aborde n'est pas des plus faciles. Il s'intitule "Orientations pour l'utilisation de la psychologie dans l'admission et la formation des candidats au sacerdoce"» et a été préparé par le ministère du Saint Siège qui s'occupe de l'éducation catholique, avec délégation aux séminaires. Une brochure de 18 pages qui explique comment, dans quels cas et pourquoi, l'emploi des psychologues est opportun (même au moyen de tests) pour évaluer d'éventuelles pathologies et « blessures » psychiques des candidats au sacerdoce.
Pourquoi une si longue gestation ?
La faute - pour beaucoup le mérite - semble en revenir à Ratzinger : ce fut lui, comme cardinal, qui renvoya plusieurs fois le document auquel le Vatican avait commencé à travailler en 1995. Ce fut lui qui en contrôla les contenus une fois devenu Pontife.
Le motif? Le texte était trop axé sur la science. Ou plutôt sur les psychologues. Il insistait trop sur la psychologie comme science utile pour discerner la justesse des vocations et trop peu, au contraire, sur le plan spirituel ou plutôt sur le fait que toute vocation est pour l'Église, en dernière analyse, une grâce.
Et, donc, que la dernière décision au sujet des vocations sacerdotales revient à ceux qui dirigent les différents séminaires et pas aux psychologues et à la psychologie.
Mais les psychologues, on le sait, sont utiles. Et ils sont importants surtout en ce moment, comme le montrent les cas répétés de pédophilie qui ont éclaté dans les diocèses d'Amérique du Nord. Et Benoît XVI en est très conscient, qui finalement, après 13 ans, a autorisé la publication de cet important document.
Ce n'est pas tant un texte destiné seulement aux cas d'homosexualité dans les séminaires (de ceux-ci déjà, un texte de 2005 publié par la congrégation pour la doctrine de la foi avait parlé ), qu'une réflexion sur l'aide que la psychologie peut donner à ces séminaristes qui ne manifestent pas une pleine et consciente maturité sexuelle. Pour ceux-là, au cas où le soutien du psychologue ou la psychothérapie ne causerait pas d'améliorations, le chemin vers le sacerdoce peut légitimement être interrompu.
Pour le bien des séminaristes eux-mêmes mais aussi pour bien de l'Église.
Le document ne manque pas d'énumérer les symptomes d'immaturité qui peuvent se manifester chez les candidats au sacerdoce : fortes dépendances affectives, considérable manque de liberté dans les relations, excessive rigidité de caractère, manque de loyauté, identité sexuelle incertaine, tendances homosexuelles fortement enracinées.
En ce sens, comme l'ont expliqué hier le cardinal Zenon Grocholewski et Mgr Jean-Louis Bruguès, respectivement préfet et secrétaire de l'éducation catholique (la sortie du document est dûe aussi à l'arrivée dans la congrégation de ce dernier), ceux qui manifestent des « tendances homosexuelles fortement enracinées » ou une identité sexuelle « incertaine » ne peuvent pas entrer au séminaire et devenir prêtres.

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