L'Encyclique Humanae Vitae a 40 ans.
A cette occasion, le Saint-Père a adressé un Message à Mgr Livio Melina, Président de l'Institut Jean-Paul II pour le mariage et la famille, pour le congrès marquant le 40ème anniversaire de l'Encyclique, organisé par l'Université catholique du Sacré Coeur.
Les medias se sont précipitamment emparés de la nouvelle - qui n'en était pas vraiment une - pour titrer, accumulant inexactitudes et erreurs volontaires: "Le Pape renouvelle son interdiction du contôle des naissances".
Dans ces circonstances, le mieux est, comme toujours, de revenir aux vraies circonstances et au texte original du Pape. La beauté des mots, l'élévation des idées, la sollicitude pastorale envers les couples en difficulté (pour lesquels il est préférable "d'espacer, ou de suspendre les naissances"), et même la crédibilité scientifique, constituent la meilleure des réponses aux gesticulations frénétiques du puissant lobby qui veut transformer les hommes en machines de "plaisir" sexuel, et l'amour en simple exercice hygiènique. Une fois de plus, on est frappé par l'immédiateté de la réaction. Ce "lobby" (pour lequel l'idéologie malthusienne du surpeuplement de la planète, et surtout l'énorme enjeu financier, sont la principale motivation, bien loin du souci avoué du bonheur des gens) considère manifestement que le Pape est une voix que l'on a encore des raisons de craindre, malgré qu'il claironne le contraire. ---------------------
Texte original ici: Blog de Raffaella
Ma traduction
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J'ai appris avec joie que l'Institut Pontifical dont vous êtes Président, et l'Université Catholique du Sacré Coeur, ont opportunement organisé un Congrès International à l'occasion du 40ème anniversaire de la publication de l'Encyclique Humanae Vitae, important document dans lequel est abordé un des aspects essentiels de la vocation matrimoniale et du chemin spécifique de sainteté qui en résulte. Les époux, en effet, en ayant reçu le don de l'amour, sont appelés en retour à se donner mutuellement l'un à l'autre sans réserves. Ce n'est qu'ainsi que les actes réservés aux conjoints sont vraiment des actes d'amour qui, alors qu'ils les unissent en une seule chair, construisent une communion personnelle naturelle. Ainsi, la logique de la totalité du don configure intrinsèquement l'amour conjugal et, grâce à l'effusion sacramentale de l'Esprit Saint, devient le moyen pour réaliser dans sa vie une authentique charité conjugale.
La possibilité de procréer une nouvelle vie humaine est incluse dans le don intégral des conjoints. Si, en effet, chaque forme d'amour tend à répandre la plénitude dont il vit, l'amour conjugal a une manière propre de se communiquer: engendrer des enfants. Ainsi non seulement il ressemble, mais il participe à l'amour de Dieu, qui veut se communiquer en appelant à la vie les êtres humains. Exclure cette dimension comunicative au moyen d'une action qui vise à empêcher la procréation signifie nier la vérité intime de l'amour conjugal, par laquelle se communique le don divin : « si on ne veut pas exposer à l'arbitraire des hommes la mission d'engendrer la vie, on doit nécessairement reconnaître des limites indépassables à la possibilité de domination de l'homme sur son corps et sur son fonctionnement ; limites qu'aucun homme, que ce soit à titre privé ou revêtu d'autorité, ne peut légitimement franchir » (Humanae vitae, 17).
Tel est le noyau essentiel de l'enseignement de mon vénéré prédécesseur Paul VI, qu'à son tour, le Serviteur de Dieu Jean Paul II a réaffirmé en de nombreuses occasions, mettant en lumière son fondement anthropologique et moral.
À 40 ans de la publication de l'Encyclique nous pouvons mieux comprendre combien cette lumière est décisive pour comprendre le grand « oui » qu'implique l'amour conjugal. Dans cette lumière, les enfants ne sont plus l'objectif d'un projet humain, mais ils sont reconnus comme un don authentique, à accueillir avec une attitude de générosité responsable vers Dieu, source première de la vie humaine.
Ce grand « oui » à la beauté de l'amour comporte certainement la gratitude, tant des parents, qui reçoivent le don d'un enfant, que de l'enfant lui-même dans la conscience que sa vie a ses origines dans un amour si grand et si accueillant.
Il est vrai, par ailleurs, que dans le chemin du couple peuvent survenir des circonstances graves qui rendent prudent d'espacer les naissances des enfants, ou même de les différer. Et c'est ici que la connaissance des rythmes naturels de fertilité de la femme devient importante pour la vie des conjoints. Les méthodes d'observation, qui permettent au couple de déterminer les périodes de fertilité, leur permettent de gérer ce que le Créateur a savamment inscrit dans la nature humaine, sans perturber le sens complet du don sexuel. De cette façon les conjoints, en respectant la pleine vérité de leur amour, pourront en moduler l'expression conformément à ces rythmes, sans enlever rien à la totalité du don de soi que l'union dans la chair exprime. Bien sûr, cela demande une maturité dans l'amour qui n'est pas immédiate, mais comporte dialogue et écoute réciproque, et une singulière maîtrise de l'impulsion sexuelle, dans un chemin de croissance dans la vertu.
Dans cette perspective, en sachant que le Congrès se déroule aussi à l'initiative de l'Université Catholique du Sacré Coeur, il me tient également à coeur d'exprimer mon appréciation particulière pour ce que cette Institution universitaire fait avec l'Institut International Paul VI de recherche sur la fertilité et d'infertilité humaine pour une procréation responsable (ISI), offert à mon inoubiable Prédécesseur, le Pape Jean Paul II, voulant de cette façon offrir une réponse, pour ainsi dire, institutionnelle à l'appel adressé par le Pape Paul VI dans le paragraphe 24 de l'Encyclique aux « hommes de science ». Le devoir de l'ISI, en effet, est de faire progresser la connaissance des méthodes tant pour la régulation naturelle de la fertilité humaine que pour le dépassement naturel de l'éventuelle infertilité. Aujourd'hui, « grâce au progrès des sciences biologiques et médicales, l'homme peut toujours davantage disposer de ressources thérapeutiques efficaces, mais il peut aussi acquérir des pouvoirs nouveaux aux conséquences imprévisibles sur la vie humaine dans son début et dans ses premiers stades » (Instr. Donum vitae, 1). Dans cette perspective, « beaucoup de chercheurs se sont engagés dans la bataille contre la stérilité. En sauvegardant pleinement la dignité de la procréation humaine, certains sont arrivés à des résultats qui auparavant semblaient impossibles à atteindre. Les hommes de science seront donc encouragés à poursuivre leurs recherches, pour prévenir les causes de la stérilité et pouvoir y remédier, de sorte que les couples stériles puissent réussir à procréer dans le respect de leur dignité personnelle et de cette de l'enfant à naître » (Instr. Donum vitae, 8). Tel est vraiment le but que se proposent l'ISI Paul VI et d'autres Centres analogues, avec l'encouragement de l'Autorité ecclésiastique.
Nous pouvons nous demander : comment se fait-il qu'aujourd'hui, le monde, et même beaucoup de fidèles, trouvent tant de difficulté à comprendre le message de l'Église, qui illustre et défend la beauté de l'amour conjugal dans sa manifestation naturelle ? Certes, la solution technicienne, de même que dans les grandes questions humaines, apparaît souvent la plus facile, mais en réalité, elle cache la question de fond, qui concerne le sens de la sexualité humaine et la necessité d'une maîtrise responsable, pour que son exercicee puisse devenir expression d'amour personnel.
La technique ne peut pas se substituer au mûrissement de la liberté, lorsque l'amour est en jeu. Au contraire, comme nous le savons bien, même la raison ne suffit pas : il faut que ce soit le coeur qui voie. Seuls les yeux du coeur réussissent à cueillir les exigences d'un grand amour, capable d'embrasser la totalité de l'être humain.
A cette fin, le service offert par l'Église dans sa pastorale matrimoniale et familiale devra savoir montrer aux couples comment comprendre avec le coeur le merveilleux dessein que Dieu a inscrit dans le corps humain, en les aidant à accueillir ce que comporte un authentique chemin de mûrissement. Le Congrès auquel vous êtes en train de participer représente donc un important instant de réflexion et de soins pour les couples et pour les familles, en leur offrant le fruit d'annés de recherche, tant sur le versant anthropologique et éthique que sur celui strictemnt scientifique, à propos d'une procréation vraiment responsable. Dans cette lumière je ne peux que me féliciter avec vous, souhaitant que ce travail porte des fruits abondants et contribue à soutenir les conjoints avec toujours plus de sagesse et de clarté dans leur chemin, en les encourageant dans leur mission à être, dans le monde, témoins crédibles de la beauté de l'amour. Avec ces souhaits, tandis que j'invoque l'aide du Seigneur sur le déroulement des travaux du Congrès, à tous, j'adresse une Bénédiction Apostolique spéciale.
Du Vatican, de 2 octobre 2008
BENEDICTUS PP XVI
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