Cathophobie

"Ces prêtres qui disent oui": le marronnier du mariage des prêtres dans Le Point (17/10/2008)


Une nouvelle parue dans un des principaux magazines de news français confirme que la trève relative observée après la visite du Saint-Père en France est bien finie. (http://www.lepoint.fr/actualites-societe/.. )

Nous avions parlé dans ces pages du prêtre qui a récemment convolé en justes noces.
C'est l'occasion pour "Le Point" de titrer sur "Ces prêtres qui disent oui". Et, en sous-titre "Ils vivent avec une femme. Les fidèles approuvent. mais l'Eglise reste sourde".

Suit un véritable procès instruit contre l'Eglise, avec des arguments renversants de mauvaise foi ("je me suis dit, en nous voyant, moi et la femme que j’aime : mais comment le Seigneur peut-il trouver ça mal ?" ), et comme d'habitude, il n'y a aucun témoin à décharge. Sinon, heureusement, dans les commentaires, où, comme on le verra, se trouvent d'excellents avocats.

Extraits: (on jugera de la violence du vocabulaire)
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Dans le village, la révolte gronde. Les habitants ont fait la grève de la messe.

L'hypocrisie de l'Eglise m'a dégoûté.

Le Père Jean-Marie a peur. Il est terrorisé (il risque le cachot, peut-être? Les geôles du Vatican?)
Au séminaire d’Issy-les-Moulineaux, le célibat imposé est l’obstacle dont parlent le plus les novices. « Certains croient que l’ordination va tout résoudre. Je leur dis bien : le lendemain, votre taux de testostérone sera le même que la veille » (ndr: si leur vocation est tributaire de leur taux de testostérone, il vaut mieux, en effet, qu'ils renoncent tout de suite!)


L'article se conclut ainsi:


En 1971, un cardinal du nom de Joseph Ratzinger écrivait : « Devant la pénurie des prêtres, on ne pourra pas éviter d’examiner avec sérénité la question de l’ordination des hommes mariés » (qu’il ne faut pas confondre avec le mariage des prêtres).
Rien dans le pontificat de Benoît XVI n’annonce un changement dans ce sens. « Dans le peuple chrétien, il n’y aurait pourtant pas d’opposition majeure à l’ordination des hommes mariés », avoue Jean Quris. Mais vox populi n’est pas toujours vox dei.


Que dire de la mahonnêteté consistant à extraire des propos de leur contexte pour citer... le cardinal Ratzinger en personne comme témoin à charge?

Les commentaires donnent heureusement l'occasion de constater que le corps malade de la société a encore quelques organes sains...

Le premier d'entre eux trouve tout de suite la faille de l'article, et contre-attaque avec pertinence:


Il est évident que, sans même avoir lu la première ligne de votre article, nous savons que celui-ci sera engagé, voire à charge. Soit, c'est votre droit. Mais la signification du « oui » du prêtre est ici tournée en dérision...
Au delà de l'aspect « Canard enchainé » de votre article qui sélectionne certaines réactions pour les amplifier au service de votre cause, il est très dommage pour ne pas dire scandaleux que vous transformiez cette pureté du célibat qui fait du prêtre le véritable disciple du Christ sur terre en une contrainte qui briderait leur liberté...
[Les prêtres] décrits dans l'article font d'ailleurs partie de la génération post soixante huitarde dite des prêtres-ouvriers qui a beaucoup souffert d'une crise aigue des valeurs et d'une perte de repères. Il s'agit donc d'un temps révolu avec lequel l'époque actuelle a rompu sous la bénédiction d'un Benoit XVI particulièrement pertinent sur ces questions. Vos propos sont donc figés dans le passé et font fi de l'évolution actuelle de l'Eglise .....


Et un prêtre, qui signe de son nom, écrit:


Je respecte l'amour de Léon Laclau pour celle qui est aujourd'hui son épouse aux yeux des hommes, mais je ne peux accepter qu'il salisse l'Eglise, alors que c'est bel et bien lui qui a rompu ses voeux et non l'inverse ... Le célibat sacerdotal n'est pas imposé de force au futur prêtre. Il le choisit librement et sans contrainte, au terme de plusieurs années de réflexion. Qu'il choisisse de changer d'idée, soit, même si je le regrette personnellement ! Mais qu'il en tire toutes les conséquences, et ne cherche pas à « jouer sur les deux tableaux ».


J'ajoute: et surtout, qu'il ne cherche pas une tribune, pour ce qui est un problème entre lui et sa conscience.
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Cela rejoint ce que disait ici Vittorio Messori sur ce thème:

..... l'entrée au séminaire est volontaire et, comme cela se produit pour chaque choix sérieux, il y a des règles à respecter. Le célibat est parmi celles-ci.
Aujourd'hui, en Occident, on ne rencontre plus les cas de très jeunes gens poussés à se faire prêtres par des conditions de pauvreté, de recherche de statut social, de pression familiale. Beaucoup de ceux qui, une fois ordonnés, se sont ensuite « repentis », sont sortis au cours des décennies passées et ils ont convolé à ces noces qu'ils désiraient si ardemment. Dans les monastères, les couvents, les séminaires, il y a donc aujourd'hui de vrais « volontaires »: on ne voit pas pourquoi ils se sont engagés si les règles ne les convainquent pas. Dans tous les cas,
les portes sont toujours ouvertes (vers la sortie) pour ceux qui ne sont pas contents.
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