Obama ne changera rien en Irak

Dossier, à partir d'un article de Paolo Rodari (20/11/2008)
-----------
Avis aux naïfs.
Un article de Paolo Rodari fait le point sur le sujet.
Mais reprenons les faits.



1. Chypre accueille un dialogue inter-religieux
Source.
NICOSIE, 17 novembre
Les dirigeants des églises chrétiennes et d'autres religions du monde se sont réunis dimanche à Nicosie afin de favoriser la connaissance mutuelle et l'engagement à développer le dialogue inter-religieux et la paix.
...
Cette réunion de trois jours, organisée par l'Eglise de Chypre en coopération avec la Communauté Saint Egidio, est un forum consacré à l'échange de points de vue sur les questions d'intérêt commun et a pour objectif de contribuer à la paix mondiale.



2. En négociation depuis plus d'un an, l'accord de sécurité avec les Etats-Unis
- qui prévoit le retrait total des troupes américaines d'Irak d'ici la fin 2011 - a été approuvé dimanche par le gouvernement irakien.

L'administration Bush a déployé beaucoup d'énergie à obtenir cet accord, qui fixe un cadre juridique à la présence américaine , après l'expiration du mandat de l'ONU à la fin de l'année 2008. La question du calendrier de retrait des GI's a été l'une des grandes questions de la campagne électorale américaine , Barack Obama ayant pris position pour un plan de retrait en 16 mois, à partir de son entrée en fonctions à la Maison blanche, soit la mi-2010. L'une de ses premières tâches sera donc de réexaminer cet accord.

150.000 soldats américains restent engagés sur le terrain, plus de cinq ans après l'engagement de la guerre en 2003, qui a conduit au renversement du régime de Saddam Hussein.
(Agence)


3. Mgr Jean Sleiman,
Ancien carme, polyglotte et francophile, ayant fait en France des études de théologie, sciences humaines et sociales, le Saint Siège ne lui a certes pas procuré une sinécure en le nommant en 2001 “archevêque de Bagdad des Latins”.

Il est l'auteur d'un livre, publié en 2006, intitulé "Dans le piège irakien : Le cri du coeur de l'archevêque de Bagdad" et recensé en ces termes sur le site de la Librairie Catholique:
....


La chute de l’ancien régime a été un tremblement de terre. Le chaos a succédé à une brève période d’illusion et de sympathie pour leurs “libérateurs”. Leurs sentiments envers les Américains sont partagés entre la haine et l’attraction pour un pays où des membres de leur famille sont déjà installés et s’en trouvent bien.
...
L'auteur apporte aussi un éclairage sur Saddam Hussein qui a exercé le pouvoir de façon tyrannique, à la manière d’un chef de tribu mâtiné de stalinisme, et a gelé les conflits entre ethnies sans les résoudre. Mgr Sleiman voit en lui un réaliste qui, selon la conjoncture et ses intérêts, protégeait celui-ci ou celui-là, et se faisait champion de la laïcité ou de l’Islam. Il reconnaît toutefois que de son temps, les chrétiens vivaient en sécurité et pouvaient accéder à des postes importants dans l’armée et la fonction publique.
-------------------


Paolo Rodari était à Chypres, couvrant la rencontre inter-religieuse pour son journal, "Il Riformista".
Il y a rencontré Mgr Sleiman, et l'a interrogé.
Ce qui en ressort est ceci:
Finalement, le peuple irakien se fiche de l'élection d'Obama, qui ne pourra rien faire.
La politique américaine restera ce qu'elle a toujours été, indépendamment de l'administration - républicaine ou démocrate.
On sait que plan de retrait des forces américaines a été signé par Bush!
Donc, sinon des effets d'annonce, Obama ne pourra faire que ce qui était prévu, et s'il accélère le processus, il fera plus de mal que de bien.
--------------------
Article original en italien sur le blog de paolo Rodari.

Ma traduction:


L'article de Rodari

L'interview de Mgr Jean Sleiman : « Barack Obama ne changera pas l'Irak»
19 novembre 2008, Il Riformista
----------------
L'accord de sûreté que le gouvernement irakien a signé avec les Etats Unis - il prévoit le retrait total des troupes américaines avant la fin 2011 - satisfait l'archevêque latin de Baghdad, Mgr Jean Sleiman, qui prévient cependant:
« Le mal est à rechercher dans le peuple irakien, pas dehors. La violence fait partie de notre pays depuis trop d'années et les Etats Unis n'y sont pour rien. C'est nous qui devons changer de mentalité et cesser d'accuser les autres d'être cause de notre mal. Récemment nous avons risqué la guerre civile. Et la faute en incombait à nous seuls: trop de gens, en Irak, recherchent le pouvoir et emploient la violence pour y parvenir. Ainsi les minorités, à commencer par la minorité chrétienne, sont contraintes à la fuite ».
À Chypre, à l'occasion de la rencontre "Religion et culture" promue par la Communauté de Sant'Egidio, Mgr Sleiman (62 ans, carme libanais) parle du présent et du futur de l'Irak, mais ne se fait pas d'illusions.
« Surtout - dit-il - je ne me soucie pas de l'élection de Barack Obama. Tout comme les irakiens. Dans notre pays il n'y a pas eu, comme dans d'autres parties du monde, une « obama-Mania ». Pas du tout. Nous sommes conscients que la politique étrangère des Etats Unis ne changera pas avec Obama. La même chose s'est passée avec Bill Clinton et ensuite avec George W. Bush qui en 2001 a envahi le pays. Et nous croyons qu'avec Obama aussi, il en ira de même. Certes, l'accord de l'autre jour est important et je suis convaincu que le Parlement l'approuvera. Mais la politique des USA sera de toutes façons toujours la même ».
Et à propos de l'invasion, Sleiman a les idées claires : « En Irak- explique-t'il en une boutade - c'était mieux quand c'était pire. Autrement dit: on ne peut pas dire qu'aujourd'hui ce soit mieux que du temps de Saddam Hussein. A cette époque, c'est vrai, il y avait la dictature et il n'y avait pas la liberté d'expression, d'opinion, la liberté culturelle. Mais, malgré tout, il n'y avait pas le désastre qu'il y a maintenant. Pourtant la faute n'est pas seulement celle de Bush. C'est aussi celle de Clinton : celui-ci attaqua Baghdad en 1998 et donna le coup d'envoi à ce qui arriva ensuite en 2001. Il faut ne pas l'oublier. Et cela montre qu'avec n'importe quel président c'est pareil ».
Sleiman raconte que le seul qui se soit leurré sur les bonnes intentions de Clinton fut Saddam : « Lorsque Clinton fut élu - dit l'archevêque - Saddam tira en air, en signe de fête. Bien vite cependant il dut s'apercevoir que rien n'était changé et que Clinton le traquait ».
Pour l'avenir, Sleiman rêve d'un État démocratique, avec moins de violence et de haine.
- Un État où même les chrétiens contraints à la fuite pourrait retourner?
« Il est juste de dire « retourner ». Parce qu'au moins la moitiés des chrétiens du pays, probablement 600-700 mille, ont été contraints à la fuite, à quitter l'Irak sans le vouloir, parce qu'ils étaient opprimés.
Mais le problème est politique. C'est ce que montre bien la décision du conseil de la présidence irakienne qui a récemment ratifié la loi, approuvée lundi 3 novembre par le Parlement avec 106 votes sur 150, qui réserve un quota de sièges aux minorités, en vue des élections pour rénover les conseils provinciaux, programmées à partir du 31 janvier 2009. La réglementation prévoit la concession de six sièges sur un total de 440, dont trois aux chrétiens.
Le président Jalal Talabani (kurde) et les vice-présidents Tareq Al Hashemi (sunnite) et Adel abdul-Mahdi (chiite) ont transformé le décret en loi, malgré l'opposition de la communauté chrétienne qui invoquait le veto présidentiel. Et le motf est simple : les chrétiens, y compris au Parlement, ne sont qu'une petite marchandise d'échange. Rien plus ».
Évidemment en Irak, les chrétiens ne sont pas les seuls à souffrir. C'est toute la population qui se trouve dans une situation très difficile. Même économiquement : « Je ne crois pas - dit Sleminan - qu'il soit normal de vivre dans un pays où pour avoir le plein d'essence dans sa voiture il faille faire 10 heures de queue. Où l'essence coûte 20 dollars au litre, contre le dollar qu'elle coûtait il y a 5 ou 6 ans. Où on est continuellement humilié : si un irakien se présente à la frontière de n'importe quel pays occidental, il doit attendre pendant des heures parce qu'on le suspecte. Mais, je le répète, la faute est avant tout la nôtre. C'est nous irakiens qui devrions faire notre autocritique et commencer à rejeter la violence ».
------


Les propos de Mgr Sleiman renvoient à l'appel dramatique lancé par Benoît XVI lors de l'Angelus des Rameaux 2008, après la mort tragique de l'archevêque chaldéen de Mossoul, Faraj Rahou.
http://benoit-et-moi.fr/2008-II/...

----------
Basta con le stragi, basta con le violenze, basta con l'odio in Iraq...
Popolo d'Iraq, solleva la tua testa e sii tu stesso, in primo luogo, ricostruttore della tua vita nazionale''.
'Siano la riconciliazione, il perdono, la giustizia e il rispetto della convivenza civile tra tribù, etnie, gruppi religiosi, la solidale via alla pace nel nome di Dio!''.


(C) benoit-et-moi.fr 2008 - Tous droits réservés

Imprimer cette page