L'Eglise se défend: mises au point

A propos des "non" du Pape, de la baisse de fréquentation des audiences... et de la suppression de la messe de minuit sur TF1 (19/12/2008)


1. Fréquentation des audiences.


Traduisant hier le long article "à charge" du vaticaniste de La Repubblica (Tous les 'non' du Pape), je notais qu'il utilisait pour justifier ses critiques sur les déficits de la "communication" papale, l'argument mesquin de la baisse de fréquentation aux audiences.
J'écrivais - pardon de me citer, et surtout de me répéter, mais c'est important:
"Après cela, tous les coups sont permis, y compris les comptes sordides sur les présences aux audiences et angelus (un jeu auquel le Vatican a commis l'erreur de se prêter en publiant ces chiffres): la baisse était prévisible, et elle est facile à comprendre. Les pélerins qui sont venus le voir il y a mettons 3 ans ne vont pas revenir immédiatement. C'est mon cas."

La nouvelle est aujourd'hui reprise par la presse française, ou plus exactement, via une dépêche AFP relayée par La Croix (ce qu'on me permettra d'apprécier modérément) qui se fait un plaisir de nous informer:

"La participation des fidèles aux audiences générales hebdomadaires du pape Benoît XVI a été en nette baisse cette année par rapport à l'année précédente, selon les chiffres du Vatican publiés mercredi faisant état de 534.000 personnes contre 729.100 en 2007.

L'année 2007 avait déjà enregistré une chute de fréquentation des audiences générales du mercredi par rapport à 2006, la première année pleine du pontificat de Benoît XVI, qui avait vu affluer 1.031.500 fidèles sur la place Saint-Pierre ou dans l'immense salle Paul VI utilisée par mauvais temps."

...

D'abord, à quoi riment ces chiffres? Cette manie de vouloir tout quantifier, tout mesurer, est une des déformations exaspérantes de notre monde moderne, et je persiste et signe en disant que le Vatican a eu tort de s'y prêter.
Je persiste et signe également dans mon explication.
Les pélerins qui lui rendent visite à Rome sont des gens modestes, qui viennent souvent de loin. Au début du Pontificat, beaucoup sont venus le saluer, comme on salue un nouveau membre de sa famille, et ils n'ont aucune raison, ou peut-être pas la possibilité, de revenir immédiatement.

Salvatore Izzo, un journaliste exemplaire de l'agence italienne AGI, livre une autre explication qui complète la mienne:
(Source: http://paparatzinger2-blograffaella.blogspot.com.. )
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PAPE : EN 2008 MOINS D'AUDIENCES GÉNÉRALES (ET DONC MOINS DE FIDÈLES)
(AGI) -
Benoît XVI, qui pour participer aux JMJ de Sydney avait suspendu pour tout le mois de Juillet le calendrier normal de son activité pastorale, n'a tenu cette année que 42 Audiences Générales, avec une participation totale de 534.500 personnes.
Octobre, avec 107 mille fidèles, a été le mois qui a vu le plus d'affluence aux Audiences. Ces données sont publiées aujourd'hui par l'Osservatore Romano sur la base des informations de la Prefecture de la Maison Pontificale, qui comptabilise les présences uniquement sur la base des billets d'invitation retirés auprés de ses bureaux au Vatican. En 2007 il y avit eu par contre 44 Audiences Générales le mercredi, avec une participation totale de 729.100
La baisse numérique est dûe soit au nombre moindre d'Audiences Générales, soit au fait qu'en août cette année, le Pape a rencontré les fidèles à Castelgandolfo, dans la petite cour de sa résidence privée, alors qu'au Vatican, la place Saint Pierre ou la Salle Paul VI peuvent accueillir beaucoup plus de monde.


2. Pas de messe de minuit sur TF1 cette année.

Nous avions dit ici - pour nous en indigner - que la messe de minuit (celle présidée par le Saint-Père) avait été cette année supprimée des programmes de TF1.
Plus de messe de Minuit sur TF1
Elle sera en partie remplacée par l'indispensable et hautement culturelle émission "le grand bêtisier".
Cela donne une idée du délabrement mental dans lequel les chaînes de télévision veulent plonger les moutons de Panurge qui alimentent leur fond de boutique.
Une dépêche de l'AFP relaie le juste mécontentement du Saint-Siège, par la voix du Père Lombardi:
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Source: Télé Loisir



Le Vatican critique la suppression de la messe de minuit sur TF1
(AFP)
La suppression de la diffusion par la chaîne française TF1 de la messe de minuit célébrée par le pape à Noël est "un signe de superficialité" et traduit "un manque d'attention à la sensibilité d'une large partie du pays", a déclaré jeudi le porte-parole du Vatican.
Le porte-parole, Federico Lombardi, interrogé par l'agence d'informations religieuses I.Media, a jugé que cette décision de la chaîne de télévision privée française "n'est pas un signal positif".
Remplacer la messe de Noël au Vatican par une émission de divertissement est "un signe de superficialité" et "un manque d'attention à la sensibilité, à la culture et à la tradition religieuse d'une large partie du pays", a estimé le père Lombardi.
Il a relevé que "de très nombreux pays à travers le monde transmettent cette célébration car ils savent qu'il y a un large public intéressé, qui vit Noël comme un moment important de la foi mais aussi sur le plan communautaire".
TF1 diffusait traditionnellement la nuit de Noël la messe célébrée par le pape dans la basilique St-Pierre au Vatican. La chaîne a décidé cette année de remplacer cet évènement religieux, suivi par 1,5 million de personnes, par un "grand bêtisier de Noël" suivi d'un concert du chanteur français Michel Sardou datant de 2005.
En revanche France 2, en vertu de ses obligations de service public, retransmettra comme chaque année une messe de minuit. Elle a choisi cette fois-ci d'installer ses caméras dans la cathédrale d'Evry (Essonne).
La messe de Benoît XVI pourra être vue sur la chaîne catholique KTO.
L'an dernier, elle avait été diffusée par 60 chaînes de télévision dans 42 pays.


C'est le moment de rappeler le lien vers TF1, pour protester!






3. Il y a plus de "oui" que de "non".

A propos de l'éditorial de Marco Politi (Tous les 'non' du Pape ), vert de rage car le Vatican n'autorise pas l'euthanasie, le mariage gay et le clonage humain (j'exagère à peine!), il y a eu de bonnes réactions, dans la prese italienne.
Dans L'Avvenire, notamment, un article intitulé
CIÒ CHE I MEDIA MAI NON SPIEGANO: I «sì» della Chiesa molto più grandi dei «no» (ici: http://paparatzinger2-blograffaella.... , traduction en cours..).

En France, même Témoignage Chrétien que l'on ne peut soupçonner d'alignement inconditionnel sur les positions du Vatican, écrit un article que je trouve assez équilibré et que je crois utile de reproduire en partie ici:


L’instruction romaine Dignitas Personae met à jour la doctrine catholique sur certaines questions de bioéthique.
Un texte ferme à quelques semaines des premières auditions parlementaires françaises sur le sujet.
http://www.temoignagechretien.fr/

Bioéthique. Le Vatican et la « mentalité eugénique »
par Jérôme Anciberro
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Les interventions du Vatican en matière de bioéthique ne sont pas rares.
Mais la vitesse à laquelle les biotechnologies évoluent, en particulier appliquées à la procréation, rendait sans doute nécessaire la mise au point d’un document doctrinal de synthèse : le dernier grand texte romain sur ce sujet, l’instruction Donum Vitae datait de 1988, un temps où les mots « clonage » et « thérapie génique » relevaient encore largement de la science-fiction.
Rendue publique le 12 décembre par la Congrégation pour la doctrine de la foi et s’adressant à la fois « aux fidèles et à tous ceux qui cherchent la vérité », la nouvelle instruction Dignitas Personae (« la dignité de la personne ») se veut donc une mise à jour officielle de la doctrine catholique sur ces questions difficiles.
Un principe fondamental y est proclamé d’emblée : « La dignité de la personne doit être reconnue à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. » Jusqu’à présent, le Magistère se contentait d’affirmer que l’être humain devait être respecté et traité comme une personne dès sa conception. Un pas théorique et philosophique est donc franchi.
....
Dans le domaine des thérapies géniques, Dignitas Personae distingue les manipulations sur les cellules du corps qui ne peuvent avoir d’incidence sur la descendance du patient et seraient donc licites, et les manipulations qui risquent en revanche de causer des dommages inconnus à la progéniture et sont, dans l’état actuel de la recherche, « moralement inadmissibles ». Le clonage humain, thérapeutique ou non, est jugé quant à lui « intrinsèquement illicite » puisqu’il donne naissance à un nouvel embryon sans aucun lien avec la sexualité, mais aussi parce qu’il soumet le sujet cloné à une sorte « d’esclavage biologique », son patrimoine génétique étant fixé a priori.
Bien d’autres sujets sensibles sont encore abordés dans Dignitas Personae : pilule du lendemain, clonage hybride, utilisation de cellules-souches embryonnaires, distinction entre la responsabilité des chercheurs et celle des bénéficiaires de certaines thérapies posant des problèmes éthiques…
À l’heure où, en France et ailleurs, on s’apprête à reconsidérer un certain nombre de lois sur la bioéthique dans un contexte idéologique très incertain, ce document romain témoigne d’un effort conséquent de clarification doctrinale qui ne peut qu’être salué.
Reste que la froideur théorique du texte, et son ton parfois polémique, risquent de heurter les consciences plutôt que de les éveiller. On attend donc avec intérêt la traduction pastorale de Dignitas Personae et de sa défense du zygote comme personne…




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