Messe pour Pie XII

Benoît XVI monte vigoureusement en ligne pour défendre son prédécesseur. Le récit et l'analyse de John Allen. Des commentaires personnels sur l'homélie. Un article assez comminatoire sur un site français. (9/10/2008)



Aujourd'hui, Benoît XVI célébrait la messe pour le cinquantième anniversaire de la mort de Pie XII.
John Allen réagit immédiatement, son compte-rendu ne peut donc souffrir d'aucun brouillage polémique.
Sur le sujet de Pie XII, il s'est déjà exprimé: http://beatriceweb.eu/Blog/actualites/...
Sur la polémique avec le rabbin, voir ici: Un rabbin au Synode et Un rabbin au Synode (2)

Sur les soi-disant silences de Pie XII: Non, Pie XII ne fut pas le "Pape d' Hitler"!
Article original de John Allen sur le site de NCR: http://ncrcafe.org/node/2167
(Le titre en américain est "A full-court press from Benedict XVI in defense of Pius XII", full-court press est un terme technique de basket-ball, source:wikipedia)
Ma traduction


Vigoureuse offensive de Benoît XVI pour la défense de Pie XII
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Le Pape Benoît XVI a prononcé aujourd'hui une vibrante défense de son prédécesseur controversé, le pape Pie XII, pape du temps de guerre dont le silence allégué pendant l'holocauste a longtemps été un point de désaccord dans les relations entre juifs et catholiques.

Entre autres choses, Benoît a prié à haute voix afin que la cause de béatification de Pie XII « puisse progresser heureusement. »

Les commentaires de Benoît XVI sont intervenus dans une homélie lors de la messe dans la basilique Saint-Pierre commémorant le cinquantième anniversaire de la mort de Pie XII en octobre 1958. Un rappel de la polémique entourant Pie XII était survenu un peu plus tôt dans la semaine, quand le premier rabbin jamais invité à s'adresser au synode des évêques, Shear-Yashuv Cohen, avait dit en présence de Benoît que les juifs ne peuvent « ni pardonner ni oublier » ce qu'ils considèrent comme le silence public de Pie XII au sujet du génocide nazi.

En effet, aujourd'hui, Benoît XVI a riposté, affirmant que déjà lorsque Mgr Eugenio Pacelli, le futur Pie XII, servait comme ambassadeur du pape en Allemagne dans les années 20, il a vu clairement « le danger constitué par l'idéologie monstrueuse du nazisme, avec ses dangereuses racines anti-sémites et anti-Catholiques. »

Durant la guerre elle-même, a dit Benoît, Pie XII s'engagea dans « une intense campagne de charité en faveur des persécutés, sans aucune distinction en termes de religion, appartenance ethnique, nationalité, ou affiliation politique. »

Benoît a également rappelé le célèbre message radio de Pie XII en décembre 1942, dans lequel le pape s'est référé aux « centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part ou raison sinon leur nationalité ou leur race ont été condamnés à la mort ou à l'extinction progressive. » Benoît l'a qualifié de « référence claire à la déportation et à l'extermination commises contre les juifs. »

Benoît a également rappelé que juste après la mort de Pie XII, il y avait eu des expressions de gratitude de beaucoup de dirigeants juifs, y compris le premier ministre israélien Golda Meir, qui avait dit : « Nous pleurons la perte d'un grand serviteur de la paix. »

Pie XII, a déclaré Benoît, a « souvent agi d'une manière secrète et silencieuse, parce que, à la lumière des situations concrètes en ce moment historique complexe, il a compris que ce n'est que de cette façon qu'il pourrait éviter le pire et sauver le plus grand nombre possible de juifs. (cf Non, Pie XII ne fut pas le "Pape d' Hitler"! ) »

Plus tard au cours de la messe, Benoît a lu une prière selon laquelle Pie XII pourrait « entrer avec tous les saints en pleine possession de la vérité, dans laquelle, avec un courage apostolique, il a confirmé ses frères. »

Associées à un long article en défense de Pie XII écrit par le secrétaire d'état Tarcisio cardinal Bertone, et publié plus tôt cette semaine par L'Osservatore Romano, le journal officiel du Vatican, les remarques de Benoît, ce matin, semblent l'indication la plus claire possible que la cause pour déclarer la sainteté de Pie XII est en bonne voie.

Le Père jésuite Federico Lombardi, le porte-parole du Vatican, a ce matin publié une déclaration aux journalistes sur ce point : « Avec les mots qu'il a prononcés dans sa homélie sur la cause de béatification du serviteur de Dieu le pape Pie XII, actuellement en cours, le pape voulait exprimer explicitement son union spirituelle avec un désir répandu dans le peuple de Dieu, » a dit Lombardi.

« Toutefois, le pape ne s'est pas exprimé sur les étapes suivantes du processus ni sur leur calendrier, comme la signature du décret identifiant une vertu héroïque, ou le processus suivant, pour l'identification d'un miracle, » a indiqué Lombardi.

L'année dernière, la Congrégation du Vatican pour la Cause des saints a voté pour approuver un décret « sur la vertu héroïque » de Pie XII, première étape formelle dans le processus. Ce document attend maintenant une signature de Benoît XVI. La phase suivante serait la reconnaissance d'un miracle dû à l'intervention de Pie XII afin de le déclarer « bienheureux, » et un autre miracle avant de le déclarer un saint.

Le Père Peter Gumpel, un jésuite allemand qui a été longtemps impliqué dans la cause de sainteté de Pie XII, a déclaré au cours d'une conférence de presse, à la mi-septembre, qu'il y avait plusieurs «arguments convaincants » en faveur de miracles possibles attribués à Pie XII, qui attendaient une reconnaissance formelle.

Signe qu'il est improbable que la controverse s'estompe de sitôt, un peu plus tôt cette semaine, l'Anti-Defamation League a saisi l'occasion de l'anniversaire de la mort de Pie XII pour réitérer son appel afin que Vatican ouvre complètement ses archives de la seconde guerre mondiale. Jusqu'à maintenant, le Vatican n'a publié que des matériaux sélectionnés (??) de cette période, arguant du délai normal pour l'ouverture des dossiers historiques, et les difficultés à cataloguer les matériaux sensibles dans des langues multiples.

« Jusqu'à ce que les archives secrètes de Vatican soient déclassées, le comportement de Pie XII vis-à-vis des juifs continuera à être une source de polémique et de controverse, » a dit Abraham Foxman, directeur national de l'Anti-Defamation League. « Nous invitons fortement le Vatican à faire de l'accès complet aux archives de cette période sa priorité la plus élevée et à faire appel à tous les ayants droit pour l'aider. »

Ce dimanche, la Communauté de Sant'Egidio, un des « nouveaux mouvements » dans l'église nés dans le sillage du Concile Vatican II, organisera sa marche annuelle en commémoration des mille juifs de Rome qui ont été raflés sous l'occupation allemande en octobre 1943 et expulsés vers les camps de concentration, dont seulement seize ont survécu. Le Rabbin Riccardo Di Segni, grand Rabbin de Rome, nous a annoncé qu'il participerait à la marche.

Comme beaucoup d'autres chapitres de l'histoire pendant la guerre, la rafle des juifs romains a également fait partie des discussions sur Pie XII. Ses adversaires lui reprochent de ne pas avoir fait plus pour l'empêcher, alors que ses défenseurs notent que les déportations se sont arrêtées moins de 24 heures après, à la suite des plaintes de Pie XII, et que, des quelques 7000 juifs romains en octobre 1943, la plupart ont été sauvés.


Les vrais mérites de Pie XII

Il y a un parfum de scandale autour du nom du pape Pie XII: un scandale croustillant pour les medias, mais qui risque malheureusement d'occulter le reste, tout aussi essentiel, ce qui justifierait sinon qu'il soit vénéré sur les autels.
Dans son homélie - voir ici - Benoît XVI nous met en garde (à ce qu'il me semble) contre la lecture uniquement "judéocentrique" de son pontificat:
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Malheureusement, le débat historique, qui n’a pas toujours été serein, sur la figure du Serviteur de Dieu, Pie XII, a oublié de mettre en lumière tous les aspects de son polyédrique pontificat.
Très nombreux ont été les discours, les allocutions et les messages qu’il a adressés aux scientifiques, aux médecins, aux responsables des plus diverses catégories de travailleurs, dont certains ont, encore aujourd’hui, d’une extraordinaire actualité et qui continuent d’être un point ferme de référence
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Car la mission du pape quel qu'il soit - et sa sainteté ici en débat - englobe évidemment de multiples aspects.
Benoît XVI, qui le sait de première main, rend donc hommage à son intérêt pour les sciences, en érudit "ouvert aux voies modernes de la recherche et de la culture (on en revient au thème récurrent foi et raison), restant fermement, et avec cohérence, fidèle tant aux principes de la rationalité humaine, qu’à l’intangible dépôt des vérités de la foi"; au précurseur de Vatican II, dont l'encyclique Mystici Corporis (parue en 1943) annonce la constitution dogmatique Lumen gentium; à l'intérêt pour l'étude des textes sacrés (un sujet qui tient forcément à coeur de Benoît XVI) ; à l'impulsion donnée au renouveau liturgique (encyclique Mediator Dei), à l'activité missionnaire (il avait voulu consacrer personnellement douze Évêques provenant de pays de mission, dont un indien, un chinois, un japonais, le premier Évêque africain et le premier Évêque de Madagascar), et à la promotion du monde des laïcs.
Un pape visionnaire, en somme, à la fois pasteur et théoricien de la foi, que le grossier portrait dû à la manipulation de la pièce "Le Vicaire" a totalement occulté.


Un étonnant article sur le site de RFI

Source: http://www.rfi.fr/actufr/articles/106/article_73296.asp

Une messe, sujet de tension???




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