Synode: le Pape parle
Un article de John Allen, et, 10 jours après le début, une première synthèse (15/10/2008)
Le Saint-Père suit de très près les débats, et fait des suggestions sur les thèmes qui le préoccupent, en particulier celui du rapport entre exgétes et théologiens (le travail "transversal" c'est-à-dire pluridisciplinaire entre spécialistes n'est pas évident du tout) beaucoup moins technique qu'il n'y paraît si on lit l'article de John Allen.
Et il n'est pas indifférent de souligner, comme le fait Zenit, que c'est grâce à lui, et au sujet qu'il a choisi, que les débats se déroulent dans un climat de sérénité sans précédent.
Article original de John Allen sur le site de NCR: Synod: For the first time, the pope speaks
http://ncrcafe.org/node/2191
Ma traduction
L'article de John Allen
Synode : Pour la première fois, le pape parle
Le 14 octobre 2008
http://ncrcafe.org/node/2191
A ceux qui auraient un dollar à dépenser pour parier sur le synode des évêques, voici le pari le plus sûr au monde, après la session de ce matin : il y aura une proposition sur le rapport entre l'exégèse et la théologie parmi les recommandations finales présentées au pape Benoît XVI.
A vrai dire, le rapport entre l'interprétation biblique et les autres domaines de la théologie catholique avait déjà émergé comme une préoccupation importante.
Ce matin, cependant, le pape Benoît en personne a pris l'initiative inhabituelle - en fait, probablement sans précédent - de recommander explicitement aux évêques d'adopter une proposition sur la façon dont les exégètes et les théologiens pourraient améliorer leur information mutuelle sur leurs travaux respectifs.
La recommandation a été faite viva voce , alors que Benoît XVI prenait pour la première fois le micro dans ce synode. Il a parlé juste après que la pause-café usuelle de 10h30; Mgr Nikola Eterovich, secrétaire du synode, a informé le groupe qu'ils devraient interrompre leur programme normal « parce que notre président souhaite s'adresser à nous. »
Techniquement, le pape est également président du synode des évêques.
Une transcription des remarques du pape devrait être publiée par le Vatican plus tard dans la journée, ou demain.
Pour l'heure, le bulletin officiel du Vatican s'est contenté de rapporter : « À partir de son travail pour son livre Jésus de Nazareth, le Saint-Père a insisté sur les critères fondamentaux de l'exégèse biblique, sur les dangers d'une approche sécularisée et positiviste des écritures saintes et sur la nécessité d'un rapport plus étroit entre l'exégèse et la théologie. »
Des sources du synode ont indiqué qu'il a parlé pendant un peu moins de dix minutes, utilisant les notes qu'il avait apparemment prises dans un petit carnet.
En gros, selon ces sources, le thème développé par lui était la nécessité pour l'interprétation historico-critique de la bible de prendre la foi chrétienne comme point de départ, faute de quoi la bible risquait d'être considérée comme un simple « livre du passé. » À cet égard, le pape a apparemment proposé que l'exégèse soit mieux intégrée dans la théologie, de sorte qu'on la voie moins comme une entreprise autonome, et plus comme élément d'un effort plus large pour combiner la raison et la foi.
Dans le cadre de sa réflexion, Benoît aurait suggéré aux évêques qu'une proposition sur le rapport entre l'exégèse et la théologie serait utile - d'où la conclusion prévisible qu'au moins une telle proposition sera présentée.
Puisque les propositions sont de toutes façons adressées au pape, de même que les suggestions pour tous les documents qui pourraient être par la suite publiés sur le synode, on peut également parier sans risque que Benoît XVI discutera dans ce texte de la nécessité de traiter l'écriture sainte comme « âme de la théologie ».
Les sources ont indiqué que le pape a été salué par une série d'applaudissements chaleureux à l'issue de ses remarques.
C'est le deuxième synode des évêques sous Benoît XVI, et la deuxième fois que le pape choisit de s'adresser aux évêques vers la fin de la phase initiale d'élaboration des discours, car l'ordre du jour pour les documents finaux du synode commence à se dessiner.
Dans chaque cas, Benoît a brièvement réfléchi sur ce qui avait émergé comme préoccupation centrale pendant ces discours d'ouverture. Pendant le synode sur l'eucharistie en 2005, Benoît avait parlé du rapport entre les dimensions horizontales et verticales de la messe, autrement dit les images jumelles de la messe comme repas et comme sacrifice - suggérant qu'elles devaient être liées plutôt que mises en opposition.
Le pape semble cette fois avoir "frappé une note semblable" autour du rapport entre exégèse et théologie - suggérant en cela que l'offre de solutions inclusives (both/and solutions) à ce qui apparaît comme des problèmes exclusifs (either/or problems) peut apparaître comme ce qu'on pourrait appeler la « spécialité synodale » de Benoît XVI.
Benoît a été présent à la plupart des discussions du synode jusqu'ici, y compris l'heure réservée aux « discussions libres » à l'issue de chaque journée. Cette heure avait été réservée à la demande de Benoît lors du synode 2005, et elle fait désormais partie de la structure formelle de l'événement.
Frère Bryan Massingale de l'université Marquette, président désigné de la société théologique catholique d'Amérique, a reconnu que parfois les exégètes et les théologiens luttent pour rester sur la même longueur d'onde (on the same page) -- non pas, la plupart du temps, en raison de mauvaise volonté ou de désaccords intellectuels, mais plutôt à cause de la nature compartimentée des disciplines académiques, de nos jours.
« Comme la théologie devient de plus en plus spécialisée, nous devons créer les occasions au cours desquelles les théologiens et les exégètes peuvent poursuivre des projets de collaboration, » nous a dit Massingale cet après-midi dans un entretien téléphonique.
Massingale a indiqué qu'une telle initiative est déjà en cours à Marquette : une nouvelle conférence interdisciplinaire intitulée « l'interprétation théologique de l'écriture sainte. »
« Nous pouvons encore avoir des désaccords sur ce qui constitue l'interprétation théologique de la bible, » dit Massingale, « mais au moins il y a un début de conversation. »
La synthèse de Zenit
Zenit a dressé un premier bilan du synode, en six points dont on lira le détail ici: http://www.zenit.org/article-19072?l=french
Le thème de l'exégèse, dans l'esprit soulevé par le Pape, est bien évoqué (n°5), ainsi qu'un autre, la qualité des homélies, dont je crois qu'il nous concerne tous.
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2. Prêcher par l'exemple: la préoccupation concernant la qualité des homélies en général a été constante pendant la première semaine du synode. Certains y voient même une raison de l'abandon de l'Eglise par de nombreux fidèles....
Les évêques ont ... cité l'expression de Benoît XVI qui dit que la Parole n'est pas seulement « informative » mais « performative », c'est-à-dire qu'elle doit accomplir ce qu'elle énonce, elle doit conformer la vie de la personne.
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5. L'exégèse
Plusieurs évêques ont par ailleurs expliqué que l'exégèse académique de la Bible conduit parfois à douter de l'historicité du Christ ou du fait que l'Ecriture soit un texte révélé.
Cette lecture sans la foi du texte révélé aurait conduit certains catholiques à chercher une interprétation de foi dans des groupes protestants. Même si ce phénomène préoccupe profondément le synode, l'assemblée des pères synodaux a toutefois souligné l'importance de l'apport de l'exégèse à la compréhension de la Parole.
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L'auteur de l'article, Jesùs Colina, constate par ailleurs l'ambiance sereine qui a présidé jusqu'à présent aux débats:
"Depuis le rétablissement de la pratique de convoquer le synode des évêques, après le Concile Vatican II, cette assemblée est peut-être la plus sereine, signe d'une nouvelle unité retrouvée dans l'Eglise après les divisions des décennies passées...
Le thème choisi par Benoît XVI « La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Eglise », qui touche personnellement chacun des participants, a sans aucun doute également contribué à ce climat d'unité entre les pères du synode."
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