Pie XII: la polémique progresse (?)
Nouvelles pièces au dossier (19/10/2008)
La presse d'ici et d'Italie
Voici ce qu'on peut lire aujourd'hui (dimanche 19 octobre) sur le site de l'UPJF, sous une plume certes très talentueuse, mais aussi très agressive:
Cherche Juifs 'post-holocaustistes' pour témoigner de la 'judéophilie cachée' de Pie XII.
On me dira sans doute que ce mien morceau de bravoure est désormais sans objet, puisque, à en croire des dépêches de presse peut-être un peu trop optimistes, le pape Benoît XVI aurait renoncé à signer le décret de béatification de Pie XII pour ne pas endommager les liens de l'Eglise avec les Juifs. On verra, .... que les choses ne sont pas aussi tranchées, et que tout n'est pas joué dans cette affaire aux rebondissements multiples. En attendant d'y voir plus clair, je réagis ici au surgissement d'un ami juif de Pie XII, qui vient à point nommé ajouter au dossier de la béatification de Pie XII le label d'"ami des juifs" et bientôt, comme le souhaite un zélateur juif de Pacelli... celui de "Juste des nations"... Qui l'eût cru?
(voir à ce sujet Patrice de Plunkett: Pie XII et Guido Mendès)
Puis encore:
Conformément aux nuances que je croyais devoir apporter précédemment à la nouvelle, assortie de titres sensationnalistes - tel, entre autres, celui-ci: "Benoît XVI ne béatifie finalement pas Pie XII" -, il semble qu'il y ait lieu de ne pas trop vite sonner la fin de l'alerte. Pour permettre à nos lecteurs de se faire leur opinion, j'ai choisi de traduire l'interview du jésuite Peter Gumpel, zélé "watchdog" de tout ce qui s'écrit à propos de Pie XII. On peut lui faire confiance pour entretenir le feu du philopacellisme...
etc.
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Luigi Accattoli de son côté, relance sur le Corriere son idée de différer la béatification, au prétexte que la nationalité du pape serait un obstacle. J'ai déjà dit ce que j'en pensais. Ses arguments ne me font pas changer d'avis.
Tout cela est propre à inspirer beaucoup de tristesse, et surtout beaucoup d'inquiètude, devant la difficulté de la tâche que le Saint-Père Benoît XVI doit assumer, et de la décision qui lui revient.
Nul doute qu'il a besoin de nos prières.
Quoiqu'il fasse, ce sera bien.
Ma traduction: (Source)
La prudence du Pape allemand
© Copyright Corriere della Sera, 19 ottobre 2008
Luigi Accattoli
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Ce ne sera peut-être pas le pape allemand qui fera de Pie XII un saint, et nous pouvons comprendre les raisons de ce passage de main : la diatribe sur son prédecesseur part justement de son présumé penchant en faveur du peuple allemand, sinon du sort de l'Allemagne pendant le second conflit mondial.
Les plus prévenus parmi les accusateurs en sont arrivés à le peindre comme « le pape de Hitler ».
Cette diatribe montre des signes d'essoufflement (ndt: ??) et un avis plus serein s'impose parmi les historiens, même ceux d'origine juive, mais Benoît XVI doit avoir calculé que la révision historiographique mettra du temps pour peser efficacement sur les sentiments de l'ensemble du monde juif, qui lui tiennent aussi à coeur.
Peut-être a-t'il décidé qu'il faut laisser de l'espace à cette réévaluation avant de mettre le pape Pacelli sur les autels.
Et voilà qu'avec générosité, il défend son prédécesseur, comme l'avaient déjà fait constamment Paul VI et Jean-Pauk II. Il le défend et « il prie » pour que la cause de béatification parvienne à un dénouement heureux, mais il fait annoncer (ndt: doit-on vraiment interpréter ainsi les propos du Père Lombardi? c'est ce qui reste à prouver) au moins deux fois - la deuxième hier - qu' « il considère comme opportun un temps d'approfondissement et de réflexion ».
Hier il a même fait dire que « dans cette situation il n'est pas opportun de chercher à exercer sur lui des pressions » : et ceci est un avertissement adressé à son troupeau (ndt: cette interprétation est très contestable!), au père Gumpel et à ceux qui le poussent à aller de l'avant. Le temps d'« approfondissement » concerne aussi la documentation historique : les archives du Vatican n'ont pas encore achevé la mise à disposition des fonds concernants la période de la guerre. Il convient donc d'attendre, certainement quelques années. Entre temps la polémique se calmera et alors on pourra poursuivre, ou alors un autre pape viendra et c'est à lui que Benoît XVI remet la décision finale.
John Allen aussi
Par honnêteté professionnelle, John Allen dément en partie son collègue italien, il me semble:
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Cela ne sert à rien d'exercer une pression sur le pape, dans un sens ou un autre.
"Don't pressure the pope on Pius XII, Vatican warns"
http://ncrcafe.org/node/2212
“The pope has not yet signed a decree on the heroic virtue of the Servant of God Pius XII, a signature which is required for the cause to go forward,” said Jesuit Fr. Federico Lombardi, the Vatican spokesperson. “It’s currently the subject of reflection and study on his part.”
“In this situation,” Lombardi added, “it’s not helpful to try to exercise pressure on him in one sense or the other.”
Et pour finir...
Cela commence à ressembler à une partie de poker (dimanche soir), avec des infos qui, détournant et même tordant les faits, ne peuvent que jeter le trouble, à dessein. Car celles-là vont être reprises, contrairement aux faits eux-mêmes:
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