Diplomatie "sacrée"

Le 'wait and see' de Ratzinger sur Obama, selon Paolo Rodari (8/11/2008)




L'élection d'Obama est vue non plus à travers l'oeil américain de John Allen (Lettre ouverte au Président-élu ), mais à travers l'oeil italien de Paolo Rodari, qui tente de décrypter les réaction du Saint-Siège.

Article original en italien sur le site Palazzo apostolico, extrait du journal Il Reformista.
Sacra diplomazia: Il “wait and see” di Ratzinger su Obama
Ma traduction




6 nov 2008
Il Riformista
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Ils sont une vingtaine de prélats et de cardinaux de la Curie romaine, que Benoît XVI et les chargés des questions diplomatiques du secrétariat d'État Vatican peuvent consulter pour comprendre qui est et vers quels rivages se dirige Barack Obama.
Avec eux, il y a aussi quelques cardinaux qui vivent aux Etats Unis.
Et même si, dans le présent immédiat, la politique vaticane vis-à-vis d'Obama ne peut être que celle-la même exprimée à propos de l'Irak par Mgr Jean Sleiman, évêque de Baghdad de rite latin - « Wait and see, attendons et voyons », a dit Sleiman -, on peut déjà dire quelques mots sur ce que le Vatican attend d'Obama, et sur l'idée qu'on a d'Obama au Vatican.

Hors des murs du Vatican, un qui en sait beaucoup sur Obama, c’est le cardinal Francis George qui, en plus d’être président de la conférence épiscopale des Etats-Unis, est aussi archevêque de Chicago, la ville du nouveau président. Par la conférence épiscopale, il s’est félicité pour l'« élection historique » et, dans un instant de « fortes incertitudes », il a demandé à Obama « de défendre les plus vulnérables », « de guérir les blessures dans le pays et dans le monde » et surtout de travailler pour la « défense et le soutien de la vie et de la dignité de chaque personne humaine ».
En somme, un petit programme de gouvernement où les questions relatives à la vie sont volontairement bien mises en évidence. George connaît les perplexités que plusieurs de ses « collègues » ont exprimées récemment vis-à-vis de la position « pro-choice » d'Obama sur l'avortement, de même que leurs interrogations autour des sorties, toujours sur ce même thème, de la porte-parole Nancy Pilosi et surtout du nouveau vice président des Etats-Unis, le catholique Joe Biden.

George connaît bien les interventions « vent debout (a gamba tesa) » de l'évêque de Madison Robert C. Morlino et de l'archevêque de Denver Charles J. Caput sur Biden. Pour tous les deux, Biden a mal fait, très mal fait, en se disant catholique. Parce que se dire tel et ensuite combattre en faveur de l’avortement, c’est une contradiction à souligner et « à punir ». Et, dans son cas, la punition s’appelle interdiction de s’approcher de l'eucharistie.

Significativement, en outre, en août dernier, l'Osservatore Romano a publié une recension du dernier livre de Mgr Caput intitulé "Render Unto Caesar. Serving the Nation by Living Our Catholic Beliefs in Political Life": il y défend la nécessité de manifester, y compris dans l'action politique, sa foi catholique.
Pour le Vatican, d’autres interlocuteurs précieux sont aussi trois cardinaux occupant aujourd'hui des positions importantes aux Etats Unis. L'archevêque franciscain de Boston, le cardinal Sean O'Malley (aucun commentaire au sujet d'Obama sur son blog), l'archevêque de Philadelphie, Justin Francis Rigali et, évidemment, le cardinal archevêque de New York Edward Michael Egan.
Au-delà du Tibre , les noms de ceux qui savent beaucoup de choses sur Obama ont été détaillés par la presse. Ce sont des évêques et des cardinaux américains qui, même en vivant à Rome, maintiennent un lien avec la patrie.

Parmi les hommes de la Curie, outre le cardinal William Levada à la tête de la doctrine de la foi, l'ex archevêque de Saint Louis, Mgr Raymond Burke, depuis peu appelé à diriger le tribunal vatican de la Signature Apostolique, peut donner son avis au Pape.

Ce fut lui qui, en août dernier, dans une interviewe accordée à Radici Cristiane, expliqua que les politiciens favorables à l'avortement devraient être exclus de l'eucharistie : « Le politicien ou le responsable public, s'il est catholique – a-t’il dit -, est tenu à suivre la loi divine même dans la sphère publique. S'il ne le fait pas, il doit être mis en garde par ses pasteurs ».

Outre Burke, au Vatican, on peut aussi compter sur le Grand Pénitencier James Stafford ; John Patrick Foley, grand maître de l’Ordre Equestre du Saint Sépulcre de Jérusalem ; le dominicain Joseph di Noia, le sous-secrétaire à la doctrine de la foi, et Reginald Foster, « ufficiale » au secrétariat d'État et latiniste apprécié.
Enfin Mary Ann Glendon. Hier, Benoît XVI, l’a « utilisée » pour envoyer un message - « que Dieu vous éclaire », « c’est une occasion historique » a écrit le Pape à Obama-.

Cette dernière a été voulue fortement à la tête de la diplomatie américaine au Vatican par George W. Bush, à cause de ses positions « orthodoxes » sur la vie et les questions éthiques. Elle représentera dans les mois à venir un précieux pont entre Rome et Washington.
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Rodari est personnellement très sévère sur Obama. Voir ici: Il ne fallait pas voter Obama


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