Les enfants et le Pape qui explique la foi

Le pape a été la cible d'attaques des medias italiens, et l'Osservatore Romano réplique. Editorial et photos d'archives. (21/12/2008)


Après les attaques (Tous les 'non' du Pape ) et les premiers plaidoyers - un mot qui ne convient pas, mais je n'en trouve pas d'autres - (Les 'oui' de l'Eglise plus grands que ses 'non' ), il y a eu le discours du Saint Père à une délégation d'enfants de l'Action Catholique Italienne, que je me réjouis d'avoir traduit à chaud (Un discours informel du Saint-Père (II) ), tellement il était beau et touchant, et allait à l'encontre de tous les clichés.

L'Osservatore Romano de ce dimanche 21 décembre présente sur sa première page un article que je suis heureuse de traduire en français.

L'article cite un épisode datant du 27 janvier 2008, de la dernière rencontre du Saint-Père avec les enfants de l'Action Catholique.
J'ai recherché les images sur la page photos du Vatican, à visiter ici: https://www.photo.va/?f=1




Les enfants et le Pape qui explique la foi
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La capacité d'écoute de Benoît XVI apparaît spécialement dans ses rencontres avec les jeunes et les enfants. Il sait aussi écouter les adultes, dialoguer avec les savants. Avec les évêques, au terme des audiences générales, il parle en restant debout. Il ne se donne pas des airs de maître professeur, mais plutôt il raconte magnifiquement les découvertes mûries dans sa recherche culturelle, et il sait communiquer la doctrine de la foi en l'enracinant dans la vie quotidienne.


L'année dernière, le photographe de notre journal a bien illustré l'aptitude de Benoît XVI à l'écoute et au respect, en le cueillant dans une attitude d'attente au pied du petit escalier qui mène à la fenêtre de son appartement dominant la place Saint-Pierre. La célèbre fenêtre où le Pape se montre et qu'il cède aux enfants de l'Action Catholique une fois par an. L'image capte avec une extraordinaire adresse l'instant où dans la pénombre Papa Ratzinger attend que la fillette finisse de parler depuis la fenêtre. Il attend son tour et est heureux dans son attente.


Benoît XVI est défini comme le Pape théologien, mais à cause de sa clarté et de la capacité d'énoncer sous une forme simple des concepts difficiles, c'est un grand pédagogue de la foi. C'est pourquoi il est compris des enfants. Les enfants n'ont pas la sensation qu'il est un mauvais maître. Et ils ne le perçoivent non plus comme un professeur ennuyeux qui mortifie leur envie de joie et d'allégresse. Les enfants savent reconnaître les adultes antipathiques, autoritaires, vaniteux, les ennuyeux, inutilement exigeants. Ils en éprouvent du malaise, ils ne les écoutent pas volontiers. Il suffit de penser à l'école pour s'en convaincre.
Papa Benedetto
, malgré sa nature réservée jusqu'à la timidité, réussit avec les jeunes le chef-d'oeuvre éducatif que don Bosco demandait aux éducateurs : non seulement les aimer mais faire en sorte que les jeunes s'aperçoivent qu'ils sont aimés. Il est assez improbable qu'une personne au trait exquis et d'une intelligence ouverte ne soit ensuite capable que de dire des non ou qu'il voie une Église sur la défensive comme la meilleure Église possible.
En réalité, Benoît XVI est vraiment différent du portrait expéditif qu'on en dresse habituellement. On peut même le présenter comme le bouc émissaire de chaque type de revendication vis-à-vis de l'Église, mais on ne peut pas soutenir d'un coeur léger qu'il ait, dans un passé récent, élevé des barrières avec les cultures, les religions, les attentes de justice et à solidarité.
Par rapport à ses prédécesseurs immédiats liés à la réalisation des orientations conciliaires, Benoît XVI ne se considère pas moins lié, mais il demande encore plus de responsabilité à chacun de ses interlocuteurs, de chaque foi et chaque culture.

L'approfondissement comporte en effet un engagement de plus grande responsabilité pour apporter une solution aux problèmes. Benoît XVI, par culture et tempérament, va au-delà du maniérisme de façade et cherche à consolider le parcours conciliaire. Les réformes pour rester au service de la foi de l'Église doivent devenir une forme mentale du peuple de Dieu.

Je suis resté frappé par un exemple qui touche un des points les plus chauds et les plus débattus au cours des décennies passées dans le domaine de l'Église catholique.
Ratzinger, qu'une littérature désinvolte range parmi les adversaires de la théologie de la libération, est le même qui comme Pape, à Aparecida au coeur de l'Amérique Latine, certifie que "l'option préférentielle pour les pauvres est implicite dans la foi christologique dans ce Dieu qui s'est fait pauvre pour nous, pour nous enrichir avec sa pauvreté".
Sans emphase, le Pape met ainsi fin, en termes ouverts et libérateurs, à un long et douloureux contentieux.
On peut enregistrer des exemples analogues sur les grandes thématiques de l'être chrétien aujourd'hui, ce que doit être le dialogue avec les juifs et avec les autres religions. Un front certes délicat, sur lequel Benoît XVI a inauguré une saison de la consolidation, nécessaire après la reconnaissance de responsabilités passées de la part de membres de l'Église.
Dans l'histoire, à l'instant émouvant des "tournants", succèdent des temps plus difficiles, où il faut donner des contenus à ces tournants pour faire du changement un patrimoine commun et partagé. En fondant la rencontre avec le judaïsme sur la tradition biblique, Pape Benoît a raffermi de manière définitive la nouvelle saison de dialogue avec le peuple juif sanctionnée par le concile.
La présence d'un rabbin pour prendre la parole au synode des évêques, expression maximum de collégialité dans la vie ordinaire de l'Église, peut sans doute ne pas susciter d'émotions, mais elle marque une étape historique. Comme aussi le dialogue approfondi avec l'islam. La récente rencontre au Vatican montre qu'il y a une substance au-delà de l'image fascinante de la visite à la mosquée d'Istanbul. Le dialogue entre les religions à l'intérieur du dialogue interculturel est renforcé et non pas affaibli.

Dans le domaine civil Benoît a mis au centre des rapports internationaux le respect vrai des droits humains comme oeuvre de justice. Il a proposé le désarmement nucléaire, l'utilisation des crédits d'armements pour vaincre la faim dans le monde, le droit de citoyenneté et d'accueil au delà de l'origine et de la provenance géographique. Il a demandé à l'Église et à ses ministres de respecter les compétences et les responsabilités de la politique, qui dans chaque Pays doit garantir le bien commun et la justice.
Même sur les thèmes de la bioéthique, ceux plus immédiatement sensibles dans l'opinion publique occidentale, Benoît XVI a traité des questions et a ouvert des interrogations pressantes pour faire mûrir une conscience partagée commune de fidélité à Dieu et à l'homme de notre temps.
La modernité du Pape, c'est de savoir poser des questions de sens sur la science et la conscience.
Elles peuvent parfois apparaître inconfortables, mais elles ne sont jamais banales. Et elles montrent que ses yeux scrutent le futur.



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