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Les rabbins d'Italie contre le Pape

Dur dur, le dialogue, quand il est à ce point déséquilibré... Les rabbins d'Italie devraient s'inspirer du rabbin Neusner (14/1/2009)

D'un côté on peut tout se permettre... et de l'autre, rien!
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Où l'on voir resurgir - est-ce bien opportun? - le marronnier de la prière du Vendredi Saint.
La mauvaise foi est au-delà des commentaires.

Sur ce sujet, voir aussi:
> La voix du pape:
Les rapports entre chrétiens et juifs.

Résumé en images

La presse italienne titre massivement depuis hier:
Les rabbins contre le Pape
On peut s'en faire une idée en jetant un coup d'oeil sur la page d'actualités de Google en langue italienne, dont voici un petit extrait...

Google Italie, 14 janvier


etc..


Voici par exemple la traduction du début d'un article paru sur le sujet dans Il Giornale:
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Le rabbin de Venise contre le Pape : « Cinquante ans de dialogue rayés »
La remise en cause du dialogue avec le judaïsme vient de la plus haute autorité du catholicisme, le Pape.
C'est le grand rabbin de Venise, Elia Enrico Richetti, qui le prétend, avec des mots lourds comme des pierres, écrits noir sur blanc dans
une interview accordée à la revue des jésuites, "Popoli".
Dans l'entretien, où il est fait état, au nom du Rabbinat d'Italie, de la crise actuelle dans les relations juifs-catholiques en Italie, Richetti explique que selon Benoît XVI « le dialogue est inutile parce que dans tous les cas, la supériorité de la foi chrétienne doit être témoignée » et de cette manière on va vers « l'effacement des cinquante dernières années de l'histoire de l'Église ».
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Sous le titre "La dure attaque des rabbins", l'article se poursuit en citant de larges extraits du texte du rabbin Ricchetti.

Il m'a paru plus simple de me rendre sur le site de la revue Popoli, et de traduire moi-même le texte: http://www.popoli.info/ .

Il suffit d'examiner le graphisme, les illustrations de la page d'accueil, et les sujets annoncés, pour voir d'où vient l'attaque contre le Pape.
Nous sommes apparemment en plein oecuménisme, et catholicisme de progrès...
Rien de bien étonnant, à la réflexion:


Le texte original en italien de l'éditorial du rabbin de Venise est ici:
http://www.popoli.info/anno2009/01/0901art7.htm

Ma traduction:

Journée du judaïsme : « Les raisons de notre non »
Rav Elia Enrico Richetti, Grand Rabbin de Venise
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(Commentaire de la rédaction de la revue: Le premier pas pour un dialogue authentique est de se mettre à l'écoute des raisons de l'autre. Avec cette conviction, qui anime la ligne éditoriale de notre revue, nous recevons volontiers le commentaire du rabbin Richetti.)

L'Assemblée des rabbins d'Italie a communiqué que, au moins pour cet année, il n'y aura pas de collaboration entre les Comunnautés juives d'Italie et les institutions catholiques pour la célébration de la Journée du judaïsme (17 janvier). C'est la conséquence logique d'un moment particulier que vit le dialogue interconfessionel aujourd'hui, instant dont les signes ont commencé à se manifester lorsque le Pape, en libéralisant la messe en latin, a indiqué dans le Missel tridentin la modalité à suivre. Dans cette formulation, les prières du Vendredi Saint contiennent une prière qui souhaite la conversion des juifs à la vérité de l'Église et à la foi dans le rôle salvifique de Jésus.
A l'honneur de la vérité, cette prière qui dans la première formulation définissait les juifs « perfides », c'est-à-dire « hors de la foi » et aveugles, avait déjà été « sautée » (mais jamais abolie) par Jean XXIII. Benoît XVI l'a expurgée des termes les plus offensants et et l'a réintroduite
Dés le début, l'Assemblée des rabbins d'Italie a pris une pause de réflexion, en suspendant temporairement les rencontres interreligieuses. Les mois suivants ont été caractérisés par une succession de contacts, rencontres et médiations avec différents représentants du monde ecclésiastique, y compris au plus haut niveau, dont quelques-uns se sont montrés sincèrement préoccupés pour l'avenir du dialogue qui se poursuivait de manière fructueuse et qui enregistrait un élargissement du sentiment de respect et de dignité équivalentes des fois.

Malheureusement, les résultats se sont montrés décevants. On a pu enregistrer des réactions « offensées » de la part de la hiérarchie vaticane: « Comment les juifs se permettent-ils de juger de quelle manière un chrétien doit prier ? L'Église se permettrait-elle d'expurger les prières juives rituelles de quelques expressions qui peuvent être interprétées comme antichrétiennes ? ».
D'autres prélats ont considéré que l'attitude des rabbins italiens était dictée par une « hypersensibilité » juive à des tentatives de prosélytisme, hypersensibilité non justifiée par les faits. Au contraire, et cela a été la réponse plus ou moins officielle (la réponse de la Conférence episcopale, bien que sollicitée, n'a pas eu lieu), les juifs n'ont rien à craindre : l'espoir exprimé par la prière « Pro Judaeis » est « purement eschatologique », c'est un espoir relatif à la 'fin des temps', et elle n'invite pas à faire du prosélytisme actif (d'autre part déjà interdit par Paul VI) ».
Ces réponses n'ont pas du tout contenté le Rabbinat italien. Si je considére, même dans une "clé" eschatologique, que mon voisin doit devenir comme moi pour être digne du salut, je ne respecte pas son identité.

Il ne s'agit donc pas d'hypersensibilité : il s'agit dans le sens le plus banal du respect dû à l'autre comme créature de Dieu.
Si à cela nous ajoutons des prises de position plus récentes du Pape au sujet du dialogue, considéré comme inutile parce que dans tous les cas, la supériorité de la foi chrétienne doit être témoignée, il est évident que nous allons vers l'effacement des cinquante derniçres années de l'histoire de l'Église. Dans cette optique, l'interruption de la collaboration entre le judaïsme italien et l'Église est la conséquence logique de la pensée ecclésiastique exprimée par sa plus haute autorité.
C'est vrai, l'Église ne permet pas de corriger les prières juives (même si autrefois la censure ecclésiastique a été pas mal active). Mais il faut dire de que les prières que certains veulent interpréter comme antichrétiennes sont en réalité contre « ceux qui s'inclinent devant les idoles » et contre « les calomniateurs et hérétiques ». Pourquoi les chrétiens devraient-ils se sentir visés ? Que pensent-ils d'eux-mêmes ?
Il est vrai que ce n'est pas aux juifs à enseigner aux chrétiens comme ils doivent prier ou ce qu'ils doivent penser, et personne parmi les juifs ou les rabbins italiens ne prétend le faire.
Mais il est clair que dialoguer signifie, de la part de chacun, respecter le droit de l'autre à être lui- même, cueillir la possibilité d'apprendre quelque chose de la sensibilité de l'autre, quelque chose qui peut m'enrichir. Lorsque l'idée du dialogue comme respect (non comme syncrétisme ou comme prévarication) sera rétablie, les rabbins italiens seront toujours prêts à accomplir le rôle qu'ils ont accompli dans les cinquante dernières années .

A propos de la fameuse prière...

Une précision nécessaire de Raffaella, à propos de la prière Pro Judaeis

La prière "Pro Judaeis" n'a JAMAIS été abolie, ni par Jean XXIII ni par Paul VI ni par Jean Paul II qui promulga l'indult permettant aux évêques diocésains d'autoriser la célébration de la Messe tridentine là où des conditions particulières étaient réunies. Paul VI promulga même un indult spécial pour permettre personnellement à San Pio (ndt: Padre Pio di Petralcina) de célébrer la Messe selon l'ancien rite de Saint-Pie V.
À noter que le Missel de Saint-Pie Pie V n'a jamais été abrogé.
Benoît XVI, pour venir à la rencontre des juifs et sans aucune obligation, a modifié le texte de la prière. Cela n'a servi à rien : aucun de ses prédécesseurs n'a senti le besoin d'en modifier le sens, mais c'est seulement Benoît XVI, le Pape qui a ramené les aiguilles du dialogue 50 ans en arrière.
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Et le rabbin Neusner

Toujours à propos de cette prière, Sandro Magister lui avait consacré un article en mars 2008, sous le titre:
Un évêque et un rabbin défendent la prière pour le salut des juifs
Le rabbin est Jacob Neusner - qu'on peut qualifier d'ami du pape, ayant été cité par lui dans son Jésus de Nazareth - et ce qu'il écrit prouve à quel point le rabbin de Venise a mal compris les intentions du Saint-Père... ou connaît mal sa propre religion, ou est de mauvaise foi.
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Israël prie pour les gentils. C’est pourquoi les autres religions monothéistes, y compris l’Eglise catholique, ont le droit de faire la même chose et personne ne devrait se sentir offensé.

...
Le texte qui me sert de référence est l’Authorised Daily Prayer Book des United Hebrew Congregations of the British Empire (Londres, 1953). Il contient la traduction en anglais d’une prière pour la conversion des gentils qui clôt le rite public accompli trois fois par jour et 365 jours par an.
Dans ce texte, Israël, en tant que peuple sacré (
à ne pas confondre avec l’état d’Israël), remercie Dieu de l’avoir rendu différent des autres nations et demande que le monde soit conduit jusqu’à la perfection, quand l’humanité toute entière invoquera le nom de Dieu en s’agenouillant devant Lui.

Le texte de la prière commence par ces mots: “Il est de notre devoir de louer le Seigneur pour toutes les choses“, puis remercie Dieu d’avoir fait d’Israël différent de toutes les autres nations du monde. Israël a son propre “destin“, qui consiste justement à être différent de toutes les autres nations. La prière demande à Dieu “d’éliminer les abominations de la terre“, quand le monde atteindra la perfection sous le règne du Tout-Puissant.
...
Ces prières juives correspondent à celle qu’a voulue Benoît XVI, demandant le salut de tout Israël quand sera arrivée la fin des temps et que l’humanité toute entière entrera dans l’Eglise.
Les prières de prosélytisme juives et chrétiennes ont en commun le même esprit eschatologique et ouvrent la porte du salut à tous les hommes.
La prière “Il est de notre devoir“ comme la prière catholique “Prions aussi pour les juifs“ sont l’expression concrète de la logique du monothéisme et de son espérance eschatologique.

Pour finir... provisoirement

la réaction du Grand Rabbin de Rome:
(Traduction)
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Riccardo Di Segni, grand Rabbin de Rome, a publié le communiqué suivant, au sujet des polémiques soulevées par l'éditorial publié dans le mensuel des jésuites "Popoli" sous la signature d'Elia Enrico Richetti, grand rabbin de Venise :
"Le dialogue judéo-chrétien est un processus difficile et nécessaire, qui doit se poursuivre malgré les difficultés.
Je crois que le rabbinat italien a jusqu'à présent participé au dialogue, mettant en évidence les problèmes, sans violences polémiques excessives. Je considère que le pape Benoît XVI a donné et continue à donner une contribution personnelle originale et détérminante à cette rencontre, même si ses positions ne sont pas toujours partageables de notre point de vue" .
© Copyright Agi et Adnkronos
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Une réaction mesurée, dans tous les sens du terme...

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Pénibles... La "politique" du Saint-Siège, au Moyen-Orient